Nicolas
Three Billboards Outside Ebbing, Missouri
Révélé par « Bons baisers de Bruges » en 2008, le réalisateur anglo-irlandais Martin McDonagh atteint les sommets avec un film qui prodigue un humour noir ravageur aux dépens de l’Amérique dite profonde.
Après neuf mois d’attente, Mildred Hayes (Frances McDormand) décide de louer trois panneaux publicitaires pour y inscrire un texte vengeur sur l’incapacité de la police à retrouver l’assassin de sa fille, « violée pendant qu’elle agonisait ».
Dicté par une rage froide, son acte déclenche une réaction en chaîne, qui va la mettre aux prises avec les forces de l’ordre bornées, racistes et corrompues de sa petite ville… Abrasif, féministe et révélateur !
Adeline Stern
Wonder Wheel
Woody Allen sait tout l’art de la cruauté mouchetée dont il innerve maintes de ses comédies. Son quarante-septième long-métrage en témoigne admirablement…
En 1958, dans l’effervescence du parc d’attractions de Coney Island, se morfond Ginny, ex-actrice reconvertie en serveuse. Marié à Humpty, propriétaire d’un manège désuet, elle se régénère dans les bras du jeune Mickey, séduisant maître-nageur aspirant à devenir écrivain.
Jusqu’au jour où débarque Carolina, la fille séduisante de Humpty, née d’un premier mariage, en butte à des mafiosi qui veulent sa peau… Tous les éléments de la « dramédie » sont en place !
Vincent Adatte
Futur d'espoir
Le 23 février le film sera suivi d’une discussion avec le réalisateur et du verre de l’amitié.
Le documentaire « Futur d’espoir » s’attache aux pas d’un adolescent de dix-sept ans qui cherche à se faire sa propre opinion sur l’état actuel de l’agriculture. Même s’il découvre un monde parfois peu joyeux, il reste optimiste.
Maraîchers bios, gardiennes de semences, permaculteurs, créateurs de jardins partagés, les personnes qu’il croise et interroge durant son périple lui redonnent foi en l’avenir. Il existe bel et bien des alternatives à l’exploitation intensive et mortifère de nos ressources agricoles…
Reste à savoir si ces alternatives suffiront à sauvegarder une humanité déjà bien malade.
Adeline Stern
Cinquante nuances plus claires
Comme son titre l’indique, l’adaptation du troisième et dernier volet du best-seller érotique de la romancière britannique E. L. James prend un tour moins tourmenté, encore que…
Désormais mariés, Anastasia (Dakota Johnson) et Christian (Jamie Dornan) forment désormais un couple uni. De temps à autre, ils pimentent leur quotidien en se livrant à leurs petits jeux sadomasochistes parfumés à l’eau de rose…
Hélas, le retour d’une figure honnie du passé d’Anastasia va mettre en péril toute cette belle harmonie… Laissez-vous troubler une dernière fois !
Vincent Adatte
Brillantissime
Niçoise oisive pleine aux as, Angela (Michèle Laroque) vit le bonheur parfait dans un appartement luxueux, auprès d’un beau mari et de sa fille, une charmante adolescente.
Patatras, le charme se rompt le soir de Noël : son mari la quitte sans crier gare, sa fille l’abandonne pour rejoindre son petit copain et sa soi-disant meilleure amie préfère avaler un somnifère plutôt que d’écouter ses jérémiades…
Traumatisée, Angela va devoir faire face, aidée en cela par un psy aux méthodes très expérimentales (Kad Merad)… Une comédie à la fois tendre et vacharde où « La Laroque » fait merveille !
Adeline Stern
Belle et Sébastien 3
Empruntant ses personnages à une série télévisée française qui a ému dans les années 1960 toute une génération de téléspectateurs, la saga de Belle et Sébastien, magnifiée par le grand écran, va connaître son dénouement !
Deux ans ont passé. Sébastien entre dans l’adolescence, alors que Belle a mis bas une portée de trois chiots adorables. C’est le moment que choisit Joseph, l’ancien maître de Belle, pour réapparaître, déterminé à récupérer sa chienne…
Tout en jouant le rôle du sinistre Joseph, Clovis Cornillac assure avec beaucoup de talent la réalisation de l’épisode final d’une trilogie qui aura ému bien des personnes.
Adeline Stern
Le printemps du journalisme
Le 18 février, le film sera suivi d’une discussion avec le réalisateur et du verre de l’amitié.
Après avoir restitué les grandes heures de « La Bataille du Gripen », le cinéaste documentaire Frédéric Gonseth s’interroge sur l’avenir de la presse, alors que prend fin l’ère du papier et advient toujours plus le règne de l’information digitale.
Après avoir égrené les titres des journaux et magazines portés disparus au gré d’un traveling grinçant parmi des pierres tombales, le cinéaste pointe avec acuité les causes d’un déclin qui pourrait être aussi celui de la démocratie…
Gonseth ne cède pas pour autant au pessimisme, discernant dans la création du site « Bon pour la tête », sur les cendres de l’Hebdo, la possibilité d’un renouvellement… Un constat aussi éclairant que passionnant !
Vincent Adatte
Le retour du héros
Hussard hâbleur de l’Empire, le capitaine Neuville (Jean Dujardin) tombe sous le charme ingénu de Pauline (Noémie Merlant). Partant guerroyer, le soldat promet à la jeune fille de lui écrire, promesse qu’il ne tient évidemment pas…
Craignant que le cœur de sa sœur cadette ne se brise, Elisabeth (Mélanie Laurent) se met à rédiger des lettres qu’elle signe Neuville. Bien qu’elle le déteste, elle fait de cet homme sans scrupules un véritable héros, créant une imposture qui va vite la dépasser…
Un vaudeville en costumes rocambolesque à souhait, mené tambour battant par le réalisateur du « Petit Nicolas » !
Adeline Stern
Fauves
Premier long-métrage de fiction du cinéaste romand Robin Erard, « Fauves » constitue une comédie noire bien ancrée dans le réel et tournée en partie à La Chaux-de-Fonds, ville dont le réalisateur révèle la dimension très cinématographique.
Oscar, dix-sept ans, bientôt dix-huit, rêve de s’en aller en Afrique, au Zimbabwe, pour protéger les lions. Depuis la mort de ses parents, il a pour tuteur Elvis, prof de gym dans l’école d’horlogerie où il étudie, qui n’a de cesse de vouloir lui mettre des bâtons dans les roues…
Dès les premières séquences, Robin Erard ose un mélange détonnant des genres, une audace plutôt rare au sein du cinéma suisse… À découvrir !
Vincent Adatte
Les heures sombres
7 mai 1940, la Chambre des communes exige la démission du premier ministre Neville Chamberlain, auquel va succéder un Winston Churchill déjà vieillissant (stupéfiant Gary Oldman).
Il revient alors à Churchill de trouver en ces « heures sombres » les mots pour entretenir la flamme de l’espoir. Sur une période d’un mois, le réalisateur britannique Joe Wright montre comment il a su forger le mythe ô combien efficace du « nous ne nous rendrons jamais »…
Un biopic de la meilleure veine, qui saisit ce moment-clef où un seul homme réussit à incarner le destin de tout un peuple, sans pour autant trahir l’idéal démocratique… Exemplaire !
Vincent Adatte