Nicolas
VACHES SUR LE TOIT (VOst)
Primé à Visions du réel, ce long-métrage documentaire du cinéaste suisse Aldo Gugolz traite sur fond d’alpes tessinoises les thèmes de la culpabilité, de la filiation et de la paternité.
Dans un alpage situé dans un écrin de verdure, Fabiano devient père à trente-huit ans, tout en s’efforçant de fabriquer du fromage, comme le faisaient déjà ses parents, des marginaux venus s’installer à la montagne dans les années 1970.
En apparence idyllique, cette image est trompeuse… Outre qu’il est criblé de dettes, Fabiano a perdu dans des circonstances non élucidées l’un de ses collaborateurs, un Macédonien qu’il employait au noir… Le revers du Heimatfilm cher au cinéma suisse !
UN ESPION ORDINAIRE (VOst)
En 1960, en pleine guerre froide, un représentant de commerce est missionné par la CIA et les services secrets britanniques pour servir d’intermédiaire avec un haut fonctionnaire soviétique en veine de confidences.
Interprété tout en finesse par Benedict Cumberbatch, l’espion malgré lui se lie d’amitié sincère avec le colonel soviétique (Merab Ninidze) qui ne tarde pas à dévoiler de brûlants secrets nucléaires.
Mis en en scène dans la plus pure tradition du genre, ce jeu du chat et de la souris s’inspire d’une histoire vraie qui voit un (presque) monsieur Tout-le monde jouer les James Bond, sans les gadgets mais avec tous les risques… Haletant !
MYSTÈRE À SAINT-TROPEZ (première suisse)
Écrite par deux experts en la matière (Christian Clavier et le regretté Jean-Marie Poiré, auxquels on doit déjà l’inoubliable «Les Visiteurs»), cette comédie policière estivale situe son intrigue à Saint-Tropez, dans la touffeur du mois d’août 1970.
Comme chaque été, le milliardaire Christian Tranchant (Benoît Poelvoorde) a invité le gratin du show-business dans sa villa tropézienne très sélect. Las, un trouble-fête vient gâcher l’ambiance en sabotant fort anonymement la sublime décapotable de son épouse…
Craignant pour sa vie, Tranchant exige que le meilleur flic de Paris vienne démasquer l’indélicat. Vacances obligent, on lui dépêche un commissaire sur le point de prendre sa retraite (Ch. Clavier), dont les méthodes se révèlent assez particulières.
ANNETTE (VOst)
Cinéaste culte révélé par «Boys Meets Girls» (1984) et «Mauvais Sang» (1986), Léos Carax est un génie du septième art qui sait se faire rare. Après un silence de presque dix ans (le sublime «Holy Motors» remonte déjà à 2012), il nous revient avec «Annette», œuvre à nulle autre comparable, comme il se doit !
Présenté en ouverture du festival de Cannes, le cinquième long-métrage de Carax constitue le premier film «américain» de son auteur. Film musical pétri d’amour fou pour le septième art, il se déroule à Los Angeles, de nos jours.
Comédien de stand-up à l’humour acéré, Henry (Adam Driver) forme avec Ann (Marion Cotillard), une cantatrice de renommée internationale, un couple épanoui et glamour. La naissance de leur fille Annette, un être mystérieux et promis à un destin exceptionnel, va complètement bouleverser leur existence…
THERE IS NO EVIL (VOst) (à découvrir !)
Condamné à une peine de prison dont l’exécution le menace telle une épée de Damoclès, l’Iranien Mohammad Rasoulof, réalisateur des «Manuscrits ne brûlent pas» et d’«Un Homme intègre», persiste à tourner dans la clandestinité (à l’instar de son confrère Jafar Panahi).
Constitué de quatre histoires distinctes, mais qui se rejoignent, son nouveau film décrit de façon bouleversante les dilemmes moraux de personnages pris au piège d’un système totalitaire devenu banal.
Plaidoyer bouleversant contre la peine de mort, «There Is No Evil» a remporté l’Ours d’or au Festival du film de Berlin 2020… Voilà qui ne devrait guère aider à amadouer les autorités iraniennes qui ont depuis plusieurs années le cinéaste dissident dans le collimateur.
THE UNITED STATES VERSUS BILLIE HOLIDAY (VOst)
Nous sommes en 1939. La chanteuse Billie Holyday chante pour la première fois la chanson «Strange Fruit» devant le public majoritairement blanc du Café Society, à New York.
En entonnant ce réquisitoire inoubliable contre le racisme et les lynchages, «Lady Day», comme on la surnommait, devient la cible du FBI qui profite de son addiction à l’héroïne pour lui chercher noise, jusque sur son lit de mort.
Très loin des biopics inspirés de la vie de célébrités, ce film de fiction très documenté se concentre sur ce moment clef de la carrière de Billie Holyday. Il se démarque par sa dimension politique radicale, décrivant à juste titre «Lady Day» comme une femme de caractère qui ne s’est jamais résignée.
PIERRE LAPIN 2
Bea, Thomas et les lapins forment désormais une famille joliment recomposée. Las, Pierre malgré toutes ses promesses, ne parvient pas à se défaire de sa réputation de lagomorphe chapardeur (tant mieux pour nous).
Fuguant hors du jardin protecteur, notre lapin espiègle se retrouve en ville où ses facéties rencontrent un grand succès. Inquiets de son sort, les siens partent alors à sa recherche, au mépris de tous les dangers (de la circulation).
Seconde adaptation des merveilleux livres illustrés de Beatrix Potter, cette séquelle légumière à grandes oreilles mêlant prises de vue réelles et animation numérique vaut son pesant de carottes bio !
SANS UN BRUIT 2
En 2018, l’acteur et réalisateur américain John Krasinski avait sauvé à lui seul ou presque les studios Paramount de la faillite en renouvelant de façon subtile la formule du film à frousse ! Krasinski en reprend aujourd’hui le principe dans cette séquelle très réussie.
L’on renoue donc avec la famille Abbott, seule survivante dans un monde post-apocalyptique. Comme dans le premier épisode, les Abbott sont contraints de vivre en permanence dans le silence le plus complet histoire de ne pas attirer l’attention de méchantes créatures extraterrestres un brin bigleuses, mais à l’ouïe surdéveloppée.
Sachez encore que la présence d’un nourrisson va corser l’affaire, avec, à la clef, une expérience sensorielle comme seul le cinéma sait en créer !
LE DISCOURS
Ambassadeur du film populaire haut de gamme, le cinéaste français Laurent Tirard adapte de façon très réussie un roman que l’on aurait juré inadaptable.
Signé Fabrice Caro (connu pour ses bandes dessinées absurdes), ce roman raconte le monologue intérieur d’Adrien, un trentenaire obsessionnel qui attend désespérément un SMS de la femme qu’il aime, alors qu’il dîne chez ses parents, avec sa sœur et son futur beau-frère…
Avec le concours de Benjamin Lavernhe, étincelant dans le rôle d’Adrien, le réalisateur d’«Astérix et Obélix : Au service de sa majesté» respecte la règle de l’unité, de temps et d’intrigue, tout en l’explosant littéralement… Avec, au final, l’une des comédies les plus originales du moment !
LE NOUVEL ÉVANGILE (VOst)
Que prêcherait Jésus aujourd’hui ? Qui seraient ses apôtres ? Ces deux interrogations sont au cœur du «Nouvel Evangile», film hanté par la figure de Pasolini, où l’activiste camerounais Yvan Sagnet devient le Christ, et ses disciples, des migrant·es, des paysan·nes ou des travailleur·euses du sexe…
Milo Rau met en miroir des scènes clefs de l’Evangile selon Saint Matthieu, l’un des plus engagé qui soit, et la lutte bien réelle menée par Sagnet en faveur des «sans-parts». Ce faisant, il réactualise de façon bouleversante le message biblique, ici-bas et au-delà de toute argutie religieuse.
Quand l’injustice fait force de loi, la résistance devient un devoir… Un chef-d’œuvre à voir ou revoir sur le grand écran qui lui donne toute sa mesure !