Nicolas
Fuocoammare
A Lampedusa, un petit garçon insouciant vit son quotidien de fils de pêcheurs, alors que des hommes munis de masques de protection convoient des migrants exsangues, quand ils ne repêchent pas leurs cadavres…
À la faveur d’une caméra très observatrice, sans aucun commentaire, le grand cinéaste documentariste italien Gianfranco Rosi nous fait découvrir les natifs de l’île de Lampedusa et ses résidents parqués dans des camps, révélant ainsi toute la distance qui nous sépare de la détresse des migrants.
Pour son réalisateur, « Fuocoammare » (littéralement « la mer en feu ») raconte « les migrants à travers l’île et l’île à travers les migrants », deux mondes qui, comme il l’a découvert au cours du tournage, ne se rencontrent jamais… Indispensable !
Vincent Adatte
Le cœur en braille
Adolescente passionnée de violoncelle, Marie se révèle aussi très douée à l’école, mais elle est en train de perdre la vue. Sympa, mais très peu scolaire, Victor tombe amoureux d’elle, ignorant tout de la maladie dont elle est atteinte.
Petit à petit, à la grande surprise de Victor, Marie se met à l’aider, jusqu’au jour où elle lui révèle son secret. Les deux ados scellent alors un pacte : Victor l’aidera à cacher son état afin qu’elle puisse passer le concours d’entrée au conservatoire…
Avec « Le Cœur en Braille », Michel Boujenah signe un film qui lui ressemble, à lui comme à son cinéma. Une comédie dramatique joyeuse et bienveillante, à la fois amusante et émouvante…
Adeline Stern
Dalida
Pour son sixième long-métrage, la réalisatrice de « LOL » nous livre un portrait biographique de Dalida, l’une des plus grandes icônes de la chanson populaire française, de sa naissance au Caire en 1933 à son suicide en 1987.
Prenant les traits de Sveva Alviti, une quasi inconnue venue du mannequinat, l’interprète de « Gigi l’Amoroso » revit devant la caméra de Lisa Azuelos les grandes heures d’une existence qui semble vouée au malheur, malgré le succès et les sunlights.
Avec brio, la cinéaste restitue ce parcours émotionnellement dévastateur, où les chansons n’effacent pas les déceptions, où l’affirmation de soi contraste avec une fragilité intime bouleversante, entre courage et soumission aux nombreux diktats qui ont porté atteinte aux rêves de la diva. Poignant !
Adeline Stern
Miséricorde
Un camionneur renverse un adolescent amérindien, avant de prendre la fuite, le laissant pour mort au bord de la route, à proximité d’une réserve. Au même moment, après avoir passé trois mois à pêcher au Québec, un inspecteur de la police genevoise s’apprête à rentrer en Suisse.
Passant par hasard sur les lieux de l’accident, cet inspecteur commence à se mêler d’une affaire qui, de prime abord, ne le concerne pas, jusqu’à reporter son départ, mû par une étrange obstination…
Écrit par le scénariste Antoine Jaccoud, d’après une idée du regretté Pierre-Pascal Rossi, le troisième long-métrage de l’excellent cinéaste suisse Fulvio Bernasconi emprunte les voies du thriller pour déboucher sur une puissante méditation sur la culpabilité et la possibilité du pardon.
Vincent Adatte
Après la tempête
Le cinéaste japonais Hirokazu Kore-eda est l’un des maîtres incontestés du portrait de famille. Comme personne, il sait tout l’art de dénouer les filiations problématiques engendrées par notre époque.
« Après la tempête » constitue son onzième long-métrage, Kore-eda le porte en lui depuis la disparition de ses propres parents… Écrivain raté, Ryota tente de joindre les deux bouts et de payer la pension alimentaire de son fils en travaillant comme détective privé. Las, comme son défunt père, il est possédé par le démon du jeu…
Par petites touches subtiles, le cinéaste parvient à restituer les aspirations manquées de ses personnages… Une nouvelle réussite à la hauteur de « Still Walking » et de « Tel père, tel fils ».
Vincent Adatte
L’histoire de l’amour
Formé au théâtre yiddish de Bucarest, Radu Mihaileanu s’est fait connaître grâce à des films très interpellant comme « Train de vie », « Va, vis et deviens » ou encore « Le concert ». Après nous avoir enchanté avec « La source des femmes », un conte féministe, le voilà qui nous livre une romance vibrante de lyrisme.
Dans « L’Histoire de l’amour », Mihaileanu nous raconte en effet l’histoire de Léo, un jeune polonais qui aime Alma, une fille de son village. Lorsque la guerre les sépare, ils se promettent de se retrouver à New York…
Multipliant les allers et retours entre la Pologne de 1940 et le Central Park d’aujourd’hui, Mihaileanu atteint à une belle densité existentielle, tout en suscitant de grandes émotions.
Adeline Stern
Premier contact
Après les éprouvants « Incendies », « Prisoners » ou « Sicario », le réalisateur québécois Denis Villeneuve passe à tout autre chose avec « Premier contact », tiré d’une nouvelle de l’écrivain américain de science-fiction Ted Chiang.
Son huitième long-métrage commence là où finissait « Rencontres du troisième type » (1977) de Spielberg, soit juste avant que le dialogue ne s’engage… Douze vaisseaux extraterrestres (d’immenses monolithes noirs de forme ovoïde) stationnent aux quatre coins du monde.
Les aliens gardant le silence sur leur projet, une linguiste (Amy Adams) est dépêchée pour tenter de traduire leur écriture, composée d’étranges hiéroglyphes dessinés au jet d’encre… Loin de toute hystérie, Villeneuve fait de cette première rencontre une épreuve d’abord redoutée puis enchantée avec, à la clef, une ouverture émerveillée à la connaissance.
Adeline Stern
Jura : Enracinés à leur terre
Mercredi 18 janvier à 20h, le film sera suivi d’une discussion avec le réalisateur puis du verre de l’amitié.
Réalisateur de documentaires engagés, en activité depuis 1995, le cinéaste genevois Daniel Künzi s’est fait connaître avec des films comme « Un Suisse à part », « Anarchisme, mode d’emploi » ou encore « La Boillat vivra » sur l’occupation par ses ouvriers de la fonderie de Reconvilier.
Cette fois, le cinéaste s’est attaché, durant une année, aux pas obstinés de paysans des montagnes du Jura qui ont adopté une manière différente de produire et de consommer. Refusant les engrais et les pesticides, qui constituent la règle ailleurs, ils ont opté pour une agriculture biologique.
Malheureusement, l’avenir de ces travailleurs inlassables est loin d’être assuré, menacé par la concurrence internationale, la baisse constante des prix et la politique menée par le parlement fédéral… Le film leur rend hommage !
Adeline Stern
Captain Fantastic
Dimanche 15 janvier à 20h, soirée spéciale « L’école en question », le film sera précédé d’un repas et du film « Primaire ».
En haine de la société consumériste, Ben et sa femme ont tout quitté pour aller vivre dans les bois. Alors que son épouse est à l’hôpital, Ben continue à enseigner à ses six enfants une vie en symbiose avec la nature.
Ainsi, Ben les entraîne à chasser et les incite sans cesse à dépasser leurs limites physiques, tout en leur faisant l’école à sa manière. Malheureusement, leur monde s’écroule quand leur mère décède…
Après une première partie euphorisante qui décrit les joies, mais aussi les limites d’un système éducatif en vase clos, le film et ses néo-Robinsons entament une révolution à l’issue incertaine… Incarné de façon magistrale par Viggo Mortensen, Ben est-il vraiment le « super héros » que le titre suppose ?
Adeline Stern
La fille inconnue
Un soir, en dehors des heures d’ouverture, on sonne à la porte du cabinet médical où pratique Jenny Davin (Adèle Haenel). Celle-ci interdit à son stagiaire d’ouvrir. « Tu ne dois pas laisser les patients te causer une fatigue qui t’empêcherait de bien les soigner », lui explique-t-elle.
Le lendemain, on retrouve non loin de là une jeune femme morte. Elle n’a pu être identifiée par la police, mais la vidéo de surveillance de l’entrée du cabinet montre qu’il s’agit de la personne qui a sonné.
Comprenant les conséquences dramatiques causées par sa décision, Jenny se met à enquêter pour tirer la défunte de son anonymat… Avec « La Fille inconnue », les frères Dardenne persistent et signent dans leur pratique d’un cinéma profondément éthique, antidote souverain à notre découragement.
Adeline Stern