Deux fois lauréat du César du meilleur film d’animation, avec «Ernest et Célestine» et «Le grand méchant renard et autres contes», le Français Benjamin Renner est l’un des cinéastes d’animation parmi les plus doués de sa génération. «Migration», son troisième long-métrage, le confirme, irrésistible de malice et d’intelligence, qui ravira toute la famille…

La famille Colvert est en proie à un dilemme d’ordre domestique. Alors que Mack se montre très satisfait de patauger à l’année avec sa petite famille, dans leur mare de la Nouvelle Angleterre, sa femme Pam serait plutôt du genre à bousculer un brin cette existence un peu trop routinière à son goût.

Le passage d’une famille de canards migrateurs va donner l’occasion à Pam de passer à l’action… Ciao les frimas de l’hiver, en route vers la Jamaïque et son soleil régénérateur!

Séance offerte le dimanche 24 décembre 2023 !

Chez les Barand, Noël, c’est sacré! Enfin, surtout pour Vincent (Franck Dubosc), le père, qui se fait une joie de voir toute sa famille réunie pour le réveillon…

Malheur, ses chers enfants annulent leur venue au dernier moment. Ne pouvant se faire à l’idée, sinistre, de passer les fêtes en tête à tête avec sa femme Béatrice (Emmanuelle Devos), il se rend dare-dare dans un home, dans l’idée d’inviter une «vieille» esseulée à venir faire la fête.

Ravie, Monique (jouée par la formidable Danielle Lebrun) se pointe chez les Barand, flanquée de sa vieille copine Jeanne (Danielle Fichaud, à laquelle Valérie Lemercier confia le rôle de la mère de Céline Dion).

Formant un duo particulièrement inflammable, ces deux charmantes dames vont faire de ce 24 décembre un jour inoubliable!

Séance offerte le dimanche 24 décembre 2023 !

Après «Twist à Bamako», Robert Guédiguian retrouve son territoire marseillais et sa troupe d’acteur·trices. En guise d’antidote à la désillusion et à la mélancolie qui parfois l’assaillent, le réalisateur de «Marius et Jeannette» tisse un nouvel écheveau de destins en s’inspirant librement de l’histoire vraie de Michèle Rubirola, élue maire de Marseille, avant de démissionner cinq mois plus tard…

Infirmière militante et proche de la retraite, Rosa (Ariane Ascaride) est fortement incitée à se présenter aux élections municipales. Dans le même temps, elle tombe amoureuse d’Henri (Jean-Pierre Darroussin).

La voilà tentée par le lâcher-prise… Tiraillé entre l’intime et le politique, Guédiguian expose son dilemme avec une honnêteté admirable, à mille lieues du cynisme qui préside à notre époque. Salvateur!

Séance offerte le dimanche 24 décembre 2023 !

En 1923, un certain Walt fonde avec son frère Roy une société de production appelée à devenir très florissante. Cent ans plus tard, les studios Disney nous gratifient d’un film d’animation spécial «centenaire», incarnant la quintessence de l’art disneyen…

Dotée d’un esprit vif, très dévouée à ses proches, Asha, jeune fille de dix-sept ans, vit à Rosas, un royaume où tous les souhaits semblent pouvoir littéralement s’exaucer et ce, par la grâce d’un roi se disant très magnanime…

Mais la réalité est tout autre. Découragée, notre héroïne fait quand bien même un vœu qui, à sa grande surprise, se matérialise sous la forme d’une petite boule d’énergie infinie prénommée Star… N’en disons pas plus, sinon que cet énième long-métrage produit par les studios du créateur de Mickey est un enchantement!

Après s’être fait l’auteur d’une immersion fascinante dans les fastes torturés de l’œuvre de l’artiste Anselm Kiefer, Wim Wenders est revenu au Japon où il avait tourné en 1985 un documentaire sur le cinéaste Yasujirō Ozu («Tokyo-Ga»).

Wenders emprunte cette fois la voie de la fiction pour décrire les jours et les heures d’un employé municipal commis au nettoyage des toilettes du quartier tokyoïte de Shibuya… Ainsi résumé, le vingt-cinquième long-métrage du réalisateur de «Paris, Texas» semble suinter l’ennui!

Détrompez-vous, car il sourd de cet humble quotidien une poésie qui émeut au plus profond. Primée à juste titre à Cannes, la performance de l’acteur Kôji Yakusho dans un rôle quasi muet n’aurait pas déplu à Ozu, grand maître de l’ordinaire ineffable.

Né en 1986 à Genève, le Valaisan Maxime Rappaz a travaillé dans le monde de la mode avant de se tourner vers le cinéma. Présenté en mai dernier en ouverture de l'ACID, une très prestigieuse section parallèle du Festival de Cannes, son premier long-métrage est un portrait de femme subtil et magnifié par l’interprétation de Jeanne Balibar.

Chaque mardi, Claudine se rend dans un hôtel de montagne situé à proximité du barrage de la Grande Dixence pour y fréquenter des touristes de passage. Le reste du temps, elle vit seule en plaine avec son fils handicapé psychomoteur, fan de Lady Di.

Lorsque l'un de ses amants temporaires décide de prolonger son séjour pour elle, Claudine en voit son quotidien bouleversé et se surprend à rêver d'une autre vie…

Nous sommes en 1985, au beau milieu d’un dîner mondain où sont attablées la jeune Vanessa (Kim Higelin) et sa mère (Laetitia Casta). Assis à l’autre bout de la table, Gabriel (Jean-Paul Rouve), écrivain et pédophile revendiqué, repère déjà sa proie…

Le deuxième film de Vanessa Filho («Gueule d’ange») est l’adaptation du récit de Vanessa Springora, dont le retentissement médiatique a enfin mis un terme à l’immunité dont jouissait Matzneff dans le milieu littéraire (pour mémoire, Bernard Pivot l’invita plusieurs fois dans son émission Apostrophes, sans jamais vraiment l’apostropher)…

Scénarisé par l’écrivaine, le film glace autant par sa fidélité aux événements que par l’interprétation de Rouve qui endosse le rôle du prédateur avec une aisance inquiétante…

En trois longs-métrages («Corpo celeste», «Les Merveilles», «Heureux comme Lazzaro»), l’Italienne Alice Rohrwacher s’est imposée comme une auteure essentielle, de celles dont on guette avec impatience le moindre pas.

Avec cette prodigieuse «Chimère», elle franchit encore un cap. Mi-bandit, mi-ethnologue, Arthur (Josh O’Connor) est un «tombolari», autrement dit un pilleur de tombes. Écumant les sites étrusques avec sa bande, il a le don de détecter le vide sous terre, promesse de découvertes mirifiques. En quête d’un amour perdu, le jeune homme se lance dans une arnaque aux antiquités risquée…

Plus que jamais, Rohrwacher pratique un cinéma de friction poétique incomparable, où le passé insiste merveilleusement dans le présent.

Paru en 1844, l’ouvrage d’Alexandre Dumas a déjà été porté à l’écran à trente-quatre reprises, le pionnier Georges Méliès ouvrant les feux dès 1903… Martin Boubourlon administre aujourd’hui au plus célèbre des romans de cape et d’épée une véritable cure de jouvence avec cette nouvelle adaptation proposée en deux parties…

À la fin de la première, projetée au Royal au printemps, Milady, (Eva Green) se trouvait en bien fâcheuse posture. Pourchassée à bride abattue par D'Artagnan (François Civil) dans les prairies de la perfide Albion, l’espionne à la solde de Richelieu avait dû lui céder les fameux ferrets que l’on sait… 

Pour échapper à la vengeance bretteuse du Gascon, elle n’avait eu d’autre issue que de plonger du haut de la falaise à pic dans les flots déchaînés de la Manche… À voir cette seconde partie, il semble qu’elle fût bonne nageuse!

Mère célibataire en mode survie, Sylvie vit à Brest, où elle travaille au bar d’une boîte de nuit. Un jour, son plus jeune fils resté seul à la maison se blesse. Alertés, les services sociaux le placent dans un foyer. Sylvie va tout faire pour le récupérer…

Réalisatrice issue du documentaire, la Française Delphine Deloget a réussi un premier long-métrage de fiction poignant. Brillamment réalisé à partir de témoignages de parents, d’enfants et d’assistant·es sociaux et sociales, «Rien à perdre» trouve sa force dans l’interprétation de Virginie Efira, qui se fond de manière sidérante dans un personnage complexe, à plusieurs facettes.

Comme passé au papier de verre du réel, ce film bouleversant aborde dans toute sa complexité le sujet des enfants placés et ses aberrations judiciaires.