Nicolas
Phantom Boy
Avec le très haletant «Une vie de chat» (2010), les cinéastes français Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli avaient déjà su donner ses lettres de noblesse au film d’animation policier, tout en restant à hauteur d’enfant.
Les deux compères récidivent avec «Phantom Boy» qui, dans le même registre, s’avère encore plus réussi… Un mystérieux gangster défiguré s’en prend à Alex, un inspecteur de police lancé à ses trousses. Soigné à l’hôpital, Alex se lie d’amitié avec Léo, un garçon de onze ans qui possède la faculté de sortir de son corps et de devenir invisible…
Adeptes d’une ligne claire agrémentée d’audacieux coups de craie, Gagnol et Felicioli allient à nouveau humour, suspense et poésie urbaine dans ce petit bijou qui ravira tous les amateurs de grand cinéma d’animation, les petits (plutôt dès huit ans) comme les grands, d’autant plus que c’est l’inimitable Jean-Pierre Marielle qui prête sa voix au Méchant!
Vincent Adatte
Keeper
Maxime (Kacey Mottet Klein) et Mélanie (Galatea Bellugi) s’aiment. Un jour, Mélanie découvre qu’elle est enceinte. Réticent dans un premier temps, Maxime se fait vite à l’idée de garder l’enfant, ainsi que le souhaite Mélanie.
Du haut de leurs quinze ans, les deux mômes annoncent alors à leur entourage qu’ils vont devenir parents ! Sous influence de leur propre vécu, leurs mères respectives réagiront à cette décision de manière très contrastée…
Premier long-métrage tout en pudeur et frémissant de sensibilité du jeune cinéaste franco-belge Guillaume Senez, « Keeper », par son souci du réel et de l’authenticité, s’inscrit bel et bien dans la lignée des films des frères Dardenne! Présenté en Avant-première à la Fête du Cinéma 2015, une occasion bienvenue de rattrapage pour ceux qui l’auraient raté !
Vincent Adatte
Fatima
Cinéaste injustement méconnu, le Franco-marocain Philippe Faucon poursuit discrètement une œuvre exigeante, pétrie d’humanisme et d’intelligence. Après avoir fait ses débuts en 1995 avec l’un des plus beaux portraits d’adolescente de toute l’histoire du cinéma («Muriel fait le désespoir de ses parents»), il a tourné une poignée de films passionnants qui, hélas, n’ont pas eu l’heur de sortir en Suisse!
Après «La trahison» (2005), sur la guerre d’Algérie, et «La Désintégration» (2011), qui évoquait de façon combien prémonitoire la radicalisation religieuse de jeunes Français musulmans, Faucon s’attache aux pas de Fatima (Soria Zeroual), une femme de ménage marocaine qui élève seule ses deux filles adolescentes…
Rarement un film n’aura décrit avec autant d’acuité la condition de ces femmes de l’ombre, coupées du monde par leur ignorance du français et un travail aux horaires impossibles… Ignorante à l’intelligence plus qu’affûtée, Fatima nous interpelle au plus profond!
Vincent Adatte
Béliers
Primé à Cannes, le second long-métrage du cinéaste islandais Grimur Hákonarson commence comme une comédie pastorale. Dans une vallée perdue au nord de l’Islande, deux frères sexagénaires s’affrontent dans le cadre d’un concours agricole destiné à élire le plus beau bélier de la région.
Dans des paysages sublimes, les deux frangins, qui ne se parlent plus depuis longtemps, vont être contraints de se réconcilier. En examinant l’ovin victorieux, Gummi, le cadet et perdant, soupçonne en effet que le « lauréat » est atteint de la « tremblante » du mouton…
Las, ce diagnostic se confirme et les autorités sanitaires décident de faire abattre leurs troupeaux qui proviennent d’une lignée millénaire… Un adieu émouvant à tout un mode de vie !
Vincent Adatte
Mune, le Gardien de la Lune (3D)
Dévoilé au dernier Festival du film d’animation d’Annecy, «Mune: le gardien de Lune» des réalisateurs français Benoît Philippon et Alexandre Leboyan est une perle rare qui enchantera les plus jeunes et tous les adultes qui sont encore connectés à leur âme d’enfant!
Mêlant le conte et la science-fiction, cette fantaisie astrale raconte l’histoire mouvementée de Mune, un petit faune facétieux qui a été désigné bien malgré lui pour garder la Lune, veillant dès lors sur le monde si précieux des rêves.
Hélas, Mune, voulant bien trop bien faire, enchaîne les catastrophes, jusqu’à causer le vol du soleil. Aidé de la fragile Cire et de Sohone, fier gardien de l’astre solaire, le maladroit va tout faire pour rétablir l’ordre céleste… Bercé par les voix d’Omar Sy et Izia Higelin, un «Avatar» pour les juniors, tout en douceur poétique!
Adeline Stern
Le Fils de Saul
Grand Prix du Festival de Cannes, «Le Fils de Saul» constitue le premier long-métrage de Laslo Nemes, un cinéaste hongrois de trente-huit ans, qui emprunte avec un talent inouï la voie très risquée de la fiction pour évoquer l’extermination des Juifs d’Europe.
A l’automne 1944, le Juif Saul Ausländer est affecté à l’un des commandos spéciaux (Sonderkommandos) du camp de concentration d’Auschwitz. Avec d’autres déportés, il doit faire descendre des convois ferroviaires ses pairs juifs, pour les pousser jusqu’aux chambres à gaz. Saul et ses compagnons sont autorisés à survivre, en attendant que les SS les éliminent pour effacer toute trace du génocide.
Un jour, Saul découvre parmi les cadavres un enfant qu’il dit être son fils… Un film-choc, d’une intensité incroyable qui, en permettant au spectateur de vivre cette expérience de l’intérieur, le confronte à sa propre humanité… « La solution finale » comme elle n’a jamais été montrée !
Adeline Stern
Me and Earl and the Dying Girl
Primé à deux reprises au Festival de Sundance, le second long-métrage d’un ancien (mais encore jeune) assistant de Martin Scorsese exprime la quintessence du très bon cinéma indépendant américain! Projeté sur la Piazza Grande de Locarno, il a ravi tous les amateurs de tragicomédie pince-sans-rire!
Greg pratique à la perfection l’art de passer inaperçu. Pour sa dernière année de lycée, il souhaite ne pas déroger à ses bonnes habitudes et se faire le plus discret possible, en compagnie de Earl, son meilleur pote. Las, sa mère casse ses bonnes résolutions en l’obligeant à aller prendre des nouvelles d’une ancienne camarade de maternelle, atteinte d’une leucémie sans doute incurable…
Sur le fil du rasoir, entre conte un brin grinçant et comédie décalée, le film d’Alfonso Gomez-Rejon trouve son ton, assez unique, faisant honneur au titre sous lequel il devrait sortir en France… «This is not a love story»!
Vincent Adatte
Fête du Cinéma 2015 au Royal
Du jeudi 1 au dimanche 4 octobre prochains
Une Fête du Cinéma vraiment… royale!
La Fête du Cinéma est sans nul doute l’un des événements les plus appréciés du fidèle public du Cinéma Royal de Sainte-Croix. Proposés en avant-première, les neuf films à l’affiche expriment toute la palette des émotions «grand écran». Et comme toujours, il sera possible d’allier plaisirs de la table et découvertes cinématographiques…
Jeudi, en ouverture, tous les amateurs de cinéma indépendant américain se feront une joie de découvrir la comédie décalée «Me And Earl And The Dying Girl». Vendredi, ce sera un changement radical de registre avec «Le Fils de Saul». Primé à Cannes, ce film-choc, d’une intensité incroyable qui, en permettant au spectateur de vivre cette expérience de l’intérieur, le confronte à sa propre humanité…
Samedi, après avoir découvert en famille les ravissements du film d’animation «Mune, le gardien de la lune», les adultes curieux et avides de vastes horizons pourront enchaîner avec «Béliers», comédie pastorale islandaise qui rend hommage à un mode de vie en voie de disparition. Le soir venu, le spectateur épris de cinéma profond et humaniste pourra partager quelques moments de l’existence de «Fatima», une femme de ménage marocaine qui élève seule ses deux filles adolescentes.
Dimanche matin, le jeune acteur Kacey Mottet Klein viendra présenter le très émouvant et fort réussi «Keeper» où il joue le rôle d’un adolescent confronté à une paternité précoce. En fin d’après-midi, jeunes et moins jeunes se délecteront du suspense et de la poésie de «Phantom Boy», le nouveau film d’animation des auteurs du mémorable «Une vie de chat». Documentaire événement de cette édition 2015, «The Wolfpack» racontera comment une jeune fratrie séquestrée par un père trop protecteur a été «sauvée» par le cinéma. Et tout finira en éclats de rire feutrés et subtils, avec le dernier Woody Allen qui s’annonce comme un très grand cru!
Jeudi 1er octobre
20h00 ME & EARL & THE DYING GIRL (VOst)
Vendredi 2 octobre
20h30 LE FILS DE SAUL (VOst) - Avant-première
Samedi 3 octobre
16h00 MUNE, LE GARDIEN DE LA LUNE (3D) - Avant-première
18h00 BELIERS (VOst) - Première suisse
19h30 Repas
20h30 FATIMA - Avant-première
Dimanche 4 octobre
11h00 KEEPER - Avant-première - en présence de Kacey Mottet Klein
12h30 Brunch
16h00 PHANTOM BOY - Avant-première
18h00 THE WOLFPACK (VOst) - Avant-première
19h30 Repas
20h30 IRRATIONAL MAN (VOst) - Avant-première
CinéVenement : (2 films et un repas) 35.-
Ciné-brunch : (un film et le brunch) 25.-
Les réservations aux repas ou au brunch ne sont pas obligatoires mais vivement conseillées.
(079 797 26 15)
Programme complet de la fête du cinéma 2015 au Royal (PDF)
Ciné-Brunch « Transition »
Brunch participatif, chacun amène ce qu’il veut partager.
Avant-première – La vanité
Le film sera suivi d’une discussion avec le cinéaste et du verre de l’amitié.