Ça a fait hop ! 

Qui se souvient de cette phrase d'Orane Demazis dans Regain de Marcel Pagnol ? (1937)

Elle me paraît d'actualité ces jours tant les années font "hop" en passant (vite) de l'une à l'autre… Je reste épatée au quotidien par cette Vie qui défile sans qu'on y prenne toujours garde, et aussi souvent par son incroyable diversité. Un jour blanche, l'autre noire. Du 36ème dessous, un sept janvier, un treize novembre, au 7ème ciel quelques jours (semaines?) plus tard. Avec les années j'en suis venue à évaluer les uns comme les autres à quasi équivalence. Les bons moments parce qu'ils sont rares et les mauvais parce que : "Ah que c'est bon quand ça s'arrête !" Et… "Apprends ma fille !"

Le cinéma, comme la musique, la peinture, l'écriture ainsi que toutes les beautés offertes par la nature, peut être un excellent vecteur de pensées positives et soignantes. Il peut (parfois) aussi nous ouvrir l'esprit, nous élever l'âme, nous tenir lieu de pansements pour toutes ces blessures spirituelles ou physiques que nous recevons sans les avoir jamais demandées… Donner à notre regard de belles choses à voir nous permet (parfois) d'atténuer les laideurs imposées à notre corps défendant… 

Et des pansements, au Royal, nous avons la chance d'en avoir beaucoup, de même que des occasions d'apprendre, d'évoluer, de changer le monde à notre mesure. Ainsi seront Le grand partage, Les suffragettes et la Passion d'Augustine, des exemples différents de ces occasions. Pour ceux qui n'ont pas eu l'occasion de le voir en avant-première, Keeper sera rediffusé ce week-end, à ne surtout pas laisser passer ! Le bouton de nacre, magnifique documentaire, nous scotchera une fois de plus sur les jolis fauteuils bleus… Avant de nous envoler avec The walk, de surfer dans la Nuit de la glisse, de grincer avec Lolo, de rire avec 21 Nuits avec Pattie, de nous émouvoir avec Bélier et de passer un super bon moment avec A vif !

N'oubliez pas surtout que toute la population de Sainte-Croix est invitée le mardi 15 décembre pour fêter le prix culturel régional attribué au Royal… Le Grand partage sera projeté dès 20h en Avant-première et le verre de l'amitié, qui suivra, offert par la Commune ! Dites-le autour de vous ! Et en attendant… 

Bons films !

Christina

Cinéaste d’origine suisse émigrée au Québec, Léa Pool (Le Papillon bleu, Maman est chez le coiffeur) n’a pas son pareil pour mettre en scène des personnages féminins à la fois forts et fragiles dans des fictions intimistes.

Au tournant des années 1960, Simone Beaulieu, alias Mère Augustine, s’occupe d’un pensionnat religieux. Aussi passionnée que généreuse, elle s’investit chaque jour davantage pour ses jeunes protégées en les incitant à développer leur talent pour la musique, ce qui n’est pas toujours du goût de sa supérieure.

Tandis qu’on lui confie la garde de sa nièce Alice, une jeune pianiste virtuose, l’établissement est menacé de fermeture en raison de la laïcisation du système scolaire… Un film sans parti pris qui fait du bien !

Vincent Adatte

Ouvrière dans une blanchisserie londonienne Maud Watts se tue au travail pour gagner de quoi nourrir son fils. Un jour de 1912, elle aperçoit dans la rue des femmes qui manifestent pour l’égalité, avant de se faire embarquer par la police.

Maud sait que son existence sera brève, les vapeurs toxiques de la blanchisserie provoquant ulcères, maux de tête et maladies respiratoires. Elle décide alors de rejoindre la lutte contre le patriarcat, quitte à passer dans la clandestinité.

Le rejet du droit de vote féminin par les parlementaires et les violences policières vont avoir pour effet de radicaliser le mouvement… Portée par Carey Mulligan, une reconstitution historique fascinante pour une cause qui, hélas, n’a rien perdu de son actualité !

Vincent Adatte 

Auréolé de deux étoiles au prestigieux guide Michelin, Adam Jones (Bradley Cooper) est un grand chef, une véritable star de la « haute » cuisine parisienne. Hélas, grisé par la gloire et le succès, le cuisinier finit par sombrer dans la drogue et l’alcool.

Quelques années plus tard, désireux de remonter la pente, le maître-queue se décide à relancer son restaurant à Londres, se mettant au défi de gagner une troisième étoile, avec l’aide de ses collaborateurs dont une fort séduisante saucière (Sienna Miller).

Avec ses stars et ses plats qui mettent l’eau à la bouche, cette comédie gastro-dramatique fera saliver tous les gourmets « cinéphages », tout en comblant les amateurs de rédemption accommodée façon Hollywood !

Adeline Stern

Après trois films déjà très réussis, où elle tournait en dérision des conflits familiaux plus qu’acerbes (Les Sœurs fâchées, Le Prix à payer et Maman), Alexandra Leclère persiste et signe avec « Le Grand partage », une comédie sociale acide et très grinçante, qui n’épargne personne, mais sans jamais faire la leçon…

De nos jours, en France, au cœur du plus rude des hivers ! Devant l’afflux croissant de personnes qui dorment dans la rue, le gouvernement socialiste tranche dans le vif en publiant un décret « altruiste » qui oblige les citoyens français les mieux logés à accueillir chez eux leurs semblables défavorisés, le temps que la vague de froid prenne fin.

À l’heure du « grand partage », un vent de panique s’installe à tous les étages d’un immeuble très chic de la capitale… Des rires jaunes et révélateurs en veux-tu en voilà qui pointent à raison notre capacité d’empathie toute relative !

Adeline Stern

Nés à Lourdes, Arnaud et Jean-Marie Larrieu ont accompli des miracles de cinéma comme « Peindre ou faire l’amour » ou « Les Derniers Jours du monde ». En dignes héritiers de leur grand-père, qui était cinéaste animalier, ils sont à l’affût de l’être humain, le plus étrange des animaux…

Déprimée, Caroline (Isabelle Carré) rallie le sud de la France, plus précisément la maison de famille où sa mère vient de mourir. Peu après son arrivée, le cadavre de cette dernière disparaît mystérieusement !

Outre une galerie d’hommes épanouis, elle rencontre la très picaresque Pattie (Karin Viard), qui s’empresse de lui relater dans le détail ses aventures sexuelles…  Avec le concours de deux merveilleuses actrices, les frères Larrieu rouvrent la boîte aux fantasmes. Totalement jubilatoire !

Vincent Adatte

Vous l’ignoriez, mais l’astéroïde tenu pour responsable de l’extinction des dinosaures a raté sa cible. Partant, ces charmantes bestioles ont survécu, jusqu’à partager leur territoire avec les premiers êtres humains…

Rachetés par l’empire Disney dès 2006, les Studios Pixar (« Toy Story », « Ratatouille », « Vice-versa » et tant d’autres) ont souscrit avec leur génie coutumier à cette uchronie « massive » (réécriture de l’histoire à partir de la modification d’un événement du passé)!

En résulte ce merveilleux « Voyage d’Arlo » qui voit un jeune apatosaure un brin peureux découvrir le vaste monde, en compagnie d’un adolescent aussi astucieux qu’intrépide… Un condensé de drôlerie et d’intelligence pour toute la famille !

Adeline Stern

Prometteuse, cette nouvelle édition de « La Nuit de la Glisse » permettra à tous les amateurs de découvrir de nouveaux exploits accomplis dans des paysages de rêve, des faces enneigées des Alpes aux fjords norvégiens, en passant par les vagues mythiques de l’atoll polynésien de Fakarava !

Skieurs, snowboardeurs, pilotes de wingsuit, surfeurs ou kite-surfeurs, les « glisseurs » filmés par Thierry Donard aux quatre coins de la planète poursuivent un même idéal : la quête de ce qu’ils nomment le « moment parfait », qui les verra entrer en osmose avec la neige, le vent ou l’eau, intégrant l’environnement dans leurs gestes…

Il y a là qui bascule toute une conception de notre rapport à la nature et à ses éléments. Spectaculaire !

Adeline Stern

Le 17e long-métrage de fiction du réalisateur de « Forrest Gump » raconte l’histoire du Français Philippe Petit, un funambule qui s’est rendu célèbre en 1974 pour avoir marché sans autorisation sur un fil tendu entre les deux gratte-ciels du World Trade Center.

Après avoir évoqué les années d’apprentissage de l’équilibriste, Robert Zemeckis entreprend de reconstituer son exploit « new-yorkais », en déployant sa maîtrise inégalable de l’espace et de la 3D dont il est sans doute l’un des meilleurs expérimentateurs.

Par le biais de la reconstitution, le cinéaste réussit aussi à rendre un hommage émouvant aux deux tours, 14 ans après leur effondrement, en filmant avec grâce un homme qui, lui, ne tomba pas, contrairement à des centaines d’autres…

Adeline Stern 

Second volet d’un diptyque documentaire entamé en 2010 avec le sublime « Nostalgie de la lumière », le cinéaste Patricio Guzmán quitte le désert d’Atacama pour gagner l’extrême sud du Chili, la Patagonie, immense archipel porteur d’une histoire tourmentée.

À travers l’histoire révélatrice d’un simple bouton de nacre, le cinéaste réussit à relier d’une façon bouleversante deux épisodes de l’histoire de son pays, le génocide des Patagons par les colons chiliens et l’élimination des opposants de Pinochet, jetés par avion dans l’océan.

Dans ce nouveau chef-d’œuvre, l’eau constitue le fil conducteur d’une réflexion à la fois politique et poétique, qui nous rappelle à notre devoir de mémoire, tout en nous faisant méditer sur la place que nous occupons dans l’univers.

Vincent Adatte