Star Trek : Into Darkness (3D)
Adoubé par Steven Spielberg en personne, producteur en 2011 de son film le plus personnel («Super 8»), J.J. Abrams est aujourd’hui considéré par les décideurs hollywoodiens comme le messie qui va redonner à l’Usine à rêves sa splendeur d’antan.
Avant de s’attaquer à la perpétuation de l’épopée «Star Wars», le créateur de séries télé innovantes comme «Lost» ou «Fringe», a donné un sacré coup de jeune à la saga «Star Trek». Entre nous, il avait déjà réussi pareil exploit en 2009 en décrassant de façon réjouissante les turbines du vaisseau de Kirk, Spock et Cie.
Reprenant l’idée d’un récit de jeunesse du Commander James T. Kirk, Abrams commence le douzième long-métrage de la franchise par un prologue éruptif qui lorgne du côté d’Indiana Jones, avant de choisir l’option terroriste en faisant exploser une bombe à Londres, dont les ondes de choc dramaturgiques vont faire dangereusement tanguer l’«USS Enterprise». Spectaculaire et d’une étonnante noirceur!
Adeline Stern
Only God Forgives
Nicolas Winding Refn est revenu bredouille de Cannes où concourait son huitième long-métrage. Le contraire eut étonné, tant «Only God Forgive» («Seul Dieu pardonne») dérange, sidère et choque. Après «Drive» (2011) déjà très violent, Refn atteint au paroxysme avec «Seul Dieu pardonne», une plongée hallucinante dans les bas-fonds de Bangkok!
Julian (Ryan Gosling) est le propriétaire d’un club de boxe thaï, lequel sert de couverture au trafic de drogue géré par son frère aîné Billy (Tom Burke) qui prend ses ordres auprès de leur mère Crystal (Kristin Scott-Thomas) restée aux Etats-Unis.
Une nuit, Billy assassine une prostituée. La police locale et les autochtones en colère règlent son compte au meurtrier. Débarque peu après Crystal qui veut rapatrier le corps de son fils… Un venin fascinant exsude de ce film à nul autre pareil qui constitue un condensé de pure mise en scène, mixant de façon admirable Lynch, Kubrick et Cronenberg, trois grands formalistes un brin torturés.
Vincent Adatte
I, Anna
Tourné par le fils de Charlotte Rampling, «I, Anna» est un film noir qui la met en scène dans le rôle d’une sexagénaire en quête d’aventures, en pratiquant le «speed dating» sous le nom d’emprunt d’Allegra. Mêlée à une mystérieuse histoire de meurtre, elle a affaire à un enquêteur (Gabriel Byrne) qui ne tarde pas à tomber sous son charme… Un personnage de femme fantôme, en souveraine détresse, qui sied merveille à son magnétisme inégalable!
Vincent Adatte
The Look
«Les Damnés» de Luchino Visconti, «Portier de Nuit» de Liliana Cavani, «Stardust Memories» de Woody Allen, «Max mon amour» de Nagisa Oshima, «Sous le sable» de François Ozon… Film après film, Charlotte Rampling a su conserver cette aura particulière qui fait d’elle l’une des actrices les plus singulière de l’histoire récente du cinéma. Constitué en neuf chapitres (dont le sublime «Vieillir»), un documentaire révélateur qui laisse sa part au mystère…
Vincent Adatte
Oh Boy
Encensé par la critique qui n’hésite pas à comparer son auteur à Jim Jarmusch ou John Cassavetes, distingué à moult reprises, le premier long-métrage du jeune réalisateur allemand Jan Ole Gerster est une balade douce-amère dans le Berlin d’aujourd’hui, dont l’humour tragicomique ne saurait laisser indifférent!
Jeune homme un peu paumé, Nikos (Tom Schilling) se fait soudain couper les vivres par son père, un grand-bourgeois cynique. Sommé de donner une nouvelle impulsion à sa vie, cet être a priori peu sympathique va vivre une journée très délicate…
Du psychiatre sadique, qui lui refuse de lui rendre son permis de conduire en le traitant d’individu instable, à la jolie inconnue croisée par hasard qui lui rappelle à quel point il l’avait humiliée au lycée, le pauvre Nikos voit s’accumuler toutes sortes de contrariétés… Filmée en noir et blanc façon Nouvelle Vague, une comédie d’apprentissage toute en finesse!
Vincent Adatte
Monstres Academy (3D)
Réalisé en 2001, «Monstres et Cie» reste l’un des sommets des fameux Studios Pixar. On salive donc d’en découvrir la suite. De fait, il s’agit de ce que les spécialistes appellent une préquelle. Autrement dit, Pixar a décidé de nous raconter comment Bob Razowski et James P. Sullivan, dit Sulli, en sont venus à former le duo anxiogène que l’on sait!
D’entrée, le film nous montre Bob alors qu’il n’est encore qu’un petit monstre qui a hâte de grandir. Le pauvre est la risée de sa classe, la faute à son appareil dentaire et à son côté geek intello! Lors d’une visite à l’usine de traitement des cris d’enfants dont la ville de Monstropolis tire son énergie, le malaimé découvre sa vocation: il sera «terreur d’élite»!
Quelques années plus tard, Bob entre à l’Académie des Monstres, dans le dessein de se former à l’art de faire peur… L’appât de la préquelle joue à plein. L’on brûle de connaître les circonstances de la rencontre entre deux héros marquants de l’Histoire du cinéma d’animation.
Adeline Stern
La Grande Bellezza
Journaliste romain se donnant des airs de dandy cynique et désabusé, Jep Gambardella (sublime Toni Servilio) donne des grandes fêtes mondaines d’une vacuité et d’une fatuité abyssales… La caméra acérée du cinéaste Paolo Sorrentino épingle les travers de ses protagonistes avec l’ironie corrosive qui caractérisait déjà «Il Divo» (2008). Dans la lignée vertigineuse de «La dolce vita» de Fellini, pas moins!
Adeline Stern
Il Comandante e la Cicogna
Avec son quatorzième long-métrage, le réalisateur italo-suisse Silvio Soldini renoue avec sa veine légère qui lui avait si bien réussi sur «Pane e Tulipani». Tout en faisant parler la statue de Garibaldi, qui désespère de l’Italie actuelle, le cinéaste croise et décroise les destins de personnages attachants qui s’efforcent de ne pas sombrer dans la sinistrose, dont celui d’Elia, jeune garçon rêveur qui tente en secret d’apprivoiser une cigogne…
Adeline Stern
Fill the Void
Premier long-métrage de la réalisatrice Rama Burshtein, qui appartient elle-même à une communauté juive hassidique, «Fill The Void» (sorti en France sous le titre «Le cœur a ses raisons») ouvre le carcan traditionnaliste tout en douceur, au gré d’une immersion fascinante dans une famille ultra-orthodoxe.
A dix-huit ans, Shira (Hadas Yaron, Prix d’interprétation à Venise) est secrètement amoureuse de Yochay, le mari de sa grande sœur. Quand celle-ci vient à décéder en donnant naissance à son premier enfant, Shira doit faire face à la demande de sa mère qui lui propose d’épouser le jeune veuf, espérant pouvoir garder ainsi auprès d’elle le nouveau-né…
Gênée à l’idée de prendre la place de sa sœur, Shira hésite à donner suite à ce mariage de convenance, avec un homme qui pourtant la trouble au plus profond… Dans une atmosphère feutrée, où la parole est rare, la réalisatrice atteint à une profonde humanité, qui fait échec à toute réduction idéologique ou religieuse.
Vincent Adatte
Very Bad Trip 3
Troisième et savoureuse variation sur le thème «petits et gros dérapages entre amis», cette comédie à nouveau très incorrecte nous fait renouer avec un quatuor de trublions que tous les initiés désignent désormais sous le nom évocateur de «la Meute»!
Deux ans ont passé depuis leurs derniers exploits. Alors que Phil (Bradley Cooper), Stu (Ed Helms) et Doug (Justin Bartha) mènent désormais des existences tranquilles et bien rangées, Alan (Zach Galifianakis) est resté violemment égal à lui-même. De plus en plus instable, il inquiète fort ses chers parents qui appellent au secours…
Solidaires, Phil, Stu et Doug répondent à leur appel désespéré. En guise de thérapie de choc, ils décident d’escorter leur camarade dépressif dans un centre spécialisé où l’infortuné sera pris en charge… Joyeusement nihiliste et toujours aussi déjanté, ce nouveau «Very Bad Trip» plaira sans nul doute à ses nombreux fans.
Adeline Stern