Grand Central
Après le déjà très réussi «Belle Epine» en 2010, la jeune cinéaste Rebecca Zlotowski signe un second long-métrage qui en fait l’un des grands espoirs du cinéma français, car il s’agit bel et bien de l’un des plus beaux films d’amour vu depuis longtemps!
Au bout du rouleau, Gary (Tahar Rahim) suit une formation pour intégrer une équipe de contractuels chargés de la maintenance des centrales nucléaires. Vite embauché, équipé en permanence d’un dosimètre, le jeune homme commence à arpenter le réacteur, devenant une sorte de paria, un intouchable bien moins payé que les autres, alors qu’il s’expose beaucoup plus…
C’est dans ces circonstances particulières qu’il tombe éperdument amoureux de Karole (Léa Seydoux), la fiancée sensuelle de l’un de ses collègues de travail… Entre l’enfer nucléaire et l’irradiation des sentiments, il n’y a qu’un pas! Rebecca Zlotowski fait le lien avec une audace et un lyrisme complètement sincères, filmant la fission des atomes crochus de façon remarquable.
Vincent Adatte
Jobs
Adapté de la biographie autorisée de Walter Isaacson, le quatrième long-métrage du cinéaste américain Joshua Michael Stern retrace l’existence de Steve Jobs (1955-2011), génial et charismatique cofondateur de la firme Apple, personnage complexe, fascinant jusque dans ses contradictions.
Le film couvre avec une vivacité digne de son protagoniste les années 1971 à 2000… On le découvre sous les traits de l’acteur Ashton Kutcher, œuvrant dans le garage où, avec son ami informaticien Steve Wozniak (Josh Gadd), il va ourdir une véritable révolution dans le domaine de l’informatique, à l’origine d’un véritable empire technologique!
Trahi et expulsé de sa propre entreprise en 1985, qu’il réintégrera triomphalement douze ans plus tard, après avoir fait des Studios Pixar la société de production à la pointe du cinéma numérique que l’on sait, cet enfant adoptif va développer «une pensée délinquante» unique en son genre, faisant preuve d’un sens de l’intuition phénoménal…
Adeline Stern
Kick-Ass 2
Sorti en 2010, le premier et très provocateur «Kick Ass» voyait un lycéen boutonneux passer tout son temps à dévorer des bandes dessinées truffées de super héros. Sous influence, Dave Lizeswski enfilait tout à coup un costume de justicier masqué cousu main et, bien qu’il fût dénué de tout super pouvoir, s’employait à botter le train des méchants!
Trois ans plus tard, Dave, toujours interprété par Aaron Johnson n’est plus le seul de son espèce. Les justiciers masqués pullulent dans la grande ville, au grand dam de la police qui n’apprécie guère leur sens de la justice expéditive! Mais, ces amateurs vont avoir fort à faire car l’affreux Red Mist (Chris Mintz-Plasse) est de retour. Réincarné en «Motherfucker», il s’en prend sans ménagement à nos amateurs…
Apologie ironique de l’autodéfense, «Kick Ass 2» force à dessein le trait vengeur, pour le plus grand plaisir du spectateur à qui on ne la fait pas… Avec, en sus, un Jim Carrey irrésistible en vieille ganache baroudeuse débile!
Vincent Adatte
Lore
Deuxième long-métrage de la cinéaste australienne Cate Shortland, «Lore» a pour protagoniste une adolescente de quatorze ans qui voit son monde basculer le soir où son père, officier nazi, lui annonce la défaite d’Hitler.
Obéissant à sa mère, qui va se rendre aux autorités, Lore (diminutif de Hannelore) entraîne ses petits frères dans une marche longue et incertaine à travers bois, vers une maison que sa grand-mère occupe peut-être encore, au bord de la mer du Nord. En chemin, elle croise Thomas, un adolescent juif, rescapé des camps, qui la tire d’un très mauvais pas…
Emue par le garçon, Lore le désire autant qu’elle le hait, conditionnée par son éducation raciste… Porté par une musique admirable de Max Richter, Prix du Public à Locarno l’année passée, «Lore» engendre un trouble durable, à la manière d’un conte des fées aux éclats cruellement réalistes, raconté au cœur d’une nature sublime d’indifférence!
Adeline Stern
Elysium
D’origine sud-africaine, émigré aux Etats-Unis à l’âge de dix-huit ans, Neill Blomkamp a connu un premier succès critique et public avec «District 9» en 2009. Produit par Peter Jackson, cette œuvre de science-fiction narrait avec ironie la difficile cohabitation entre nous autres êtres humains et des extraterrestres traités comme des réfugiés.
Aujourd’hui, il nous revient aux commandes d’un nouveau film d’anticipation prometteur dont l’action se déroule en 2159. A cette époque, l’humanité se partage en deux classes. Les nantis vivent sur Elysium, une station orbitale luxueuse, alors que le reste du monde reste parqué sur une Terre dévastée et surpeuplée.
Les déclassés s’efforcent de rejoindre par tous les moyens Elysium, objet de tous leurs fantasmes, à l’instar de Max (Matt Damon), un ouvrier atteint d’une maladie dont il ne peut espérer guérir, s’il reste «ici-bas»… Une dystopie (anti-utopie) aux accents très contemporains, sans nul doute le plus intelligent de nos blockbusters estivaux!
Vincent Adatte
Drôles d’oiseaux (3D)
Jeune faucon pèlerin rêvant de découvrir le monde, Kai se morfond avec son père dans la brousse africaine. Mais, un beau jour, deux volatiles facétieux de passage l’entraînent jusqu’à Zambezia, une étonnante cité des oiseaux perchée sur un baobab géant, au bord des mythiques chutes Victoria.
Enchanté, Kai ne tarde pas en découvrir tous les attraits. Il serait le plus heureux des rapaces, s’il n’y avait cet affreux Buzdo, un varan amateur d’omelettes, flanqué de sa garde rapprochée de marabouts peu amènes! Prenant son courage à deux serres, le petit faucon décide d’affronter le gros reptile indélicat, ce qui ne manquera pas d’impressionner la belle Zoé…
Premier long-métrage d’animation très coloré d’une jeune société de production sud-africaine, «Drôles d’oiseaux» accorde un très beau plumage à un vrai désir d’enfant, celui de transgresser interdits et frontières, pour tenter de grandir encore plus vite… A découvrir à tire d’aile et en famille!
Vincent Adatte
Michael Kohlhaas
Méconnu, le cinéaste français Arnaud des Pallières, auteur des remarquables «Drancy avenir» (1997) et «Disneyland, mon vieux pays natal» (2002) a signé avec «Michael Kohlhaas» un film costumes au souffle épique à nul autre pareil, doublé d’une subtile réflexion sur le pouvoir.
Adapté d’une nouvelle d’Heinrich von Kleist publiée en 1808, qui était l’une des préférées de Franz Kafka, son septième long-métrage nous ramène au XIVe, dans les Cévennes. Michael Kohlhaas (Mads Mikkelsen) y est marchand de chevaux, un homme honnête et rigoureux, mais profondément insoumis…
S’estimant victime d’une injustice, Kohlhaas lève une armée pour rétablir son droit. Ce qu’il veut, c’est être jugé de façon équitable, quitte à mettre sa vie en jeu… D’une belle âpreté, ce film très radical s’attache à un héros de jadis, mais dont on pressent qu’il pourrait tout à fait appartenir à notre époque: individualiste, obsédé par l’idée d’être réhabilité, au point de n’avoir aucun projet d’avenir… Du grand cinéma d’auteur!
Vincent Adatte
Lone Ranger
A l’origine, «The Lone Ranger» est le héros d’un feuilleton radiophonique diffusé aux Etats-Unis en 1933. Entre 1949 et 1957, ce personnage de vengeur solitaire assied définitivement sa réputation grâce à une série télévisée qui va le rendre immensément populaire!
Portées pour la quatrième fois au cinéma, les aventures de cette icône de la culture cathodique américaine prennent avec l’impétueux Gore Verbinski derrière la caméra («Le Cercle», «Pirates des Caraïbes», «Rango») un tour complètement déjanté, mais aussi très engagé dans la manière qu’il a de prendre parti pour la cause amérindienne…
Faire-valoir picaresque du célèbre justicier, son fidèle acolyte, le Comanche Tonto (Johnny Depp), raconte son histoire qui est émaillée de scènes on ne peut plus spectaculaires… L’on apprendra donc comment John Reid (Armie Hammer), revenu d’entre les morts, troqua sa redingote d’homme de loi contre le masque et le chapeau blanc du «lone ranger»…
Vincent Adatte
Diaz - Un crime d'Etat
Le 21 juillet 2001, alors que se tient une réunion du G8 à Gênes, a lieu dans la même ville un contre-sommet rassemblant près de trois cent mille personnes. La police est en alerte et va même méchamment anticiper en donnant l’assaut à l’établissement scolaire Diaz, où dorment paisiblement des manifestants et des journalistes.
Le cinéaste italien Daniele Vicari reconstitue cette attaque d’une violence terrifiante qui, de l’avis de nombre d’historiens, sonna le glas de l’utopie altermondialiste, véritable épouvantail pour tous les politiciens de l’époque. Selon Amnesty International, ces agissements inacceptables ont constitué «la plus grave atteinte aux droits démocratiques dans un pays occidental depuis la seconde guerre mondiale»!
De façon impressionnante (spectateurs sensibles s’abstenir), le film reconstitue cette tache indélébile sur notre démocratie, redonnant un visage et une identité aux jeunes martyrisés, les faisant entrer de plain-pied dans notre mémoire collective.
Adeline Stern
Les Schtroumpfs 2 (3D)
Créés par le légendaire Peyo en 1958, les Schtroumpfs ont fait leurs grands débuts cinématographiques en 2011 sous la houlette du réalisateur Raja Gosnell. Engouement planétaire oblige, Hollywood a réclamé une suite au sieur Gosnell à la clef de ce succès.
Petits et grands vont donc retrouver avec un plaisir non dissimulé l’affreux Gargamel (Hank Azaria) qui rêve toujours de s’emparer des pouvoirs que confère l’essence magique des Schtroumpfs. Dans ce but odieux, il crée de minuscules créatures, les bien-nommées Canailles. Lui manque encore la formule secrète détenue par la Schtroumpfette.
Ni une ni deux, l’alchimiste kidnappe l’innocente et l’emmène à Paris pour mettre à exécution son plan diabolique. Par chance, les Schtroumpfs schtroumpfent rapidement le coup fourré. N’écoutant que leur courage, ils se lancent à la poursuite de Gargamel, ignorant que la Schtroumpfette tant aimée leur réserve une drôle de surprise…
Vincent Adatte