Des films au féminin à voir ou à revoir, un court-métrage ronfleur et une énigme cinématographique
Alors que les cantons de Suisse romande se concertent pour une ouverture des salles harmonisée qui ne devrait pas (trop) tarder, le Royal vous fait part de ses bons plans «cinéma». Au programme de ce week-end semi-confiné, trois films de femmes remarquables à rattraper, un court-métrage d’animation cocasse des frères Guillaume, sans oublier la bande dessinée de Noyau, l’illustrateur de La Lanterne Magique.
Le soi-disant sexe faible en force
Toujours aussi soigneusement sélectionnés par Adeline Stern et le soussigné, trois films de femmes qui comptent sont (re)découvrir sur www.cinemaroyal.cinefile.ch, la plate-forme de rattrapage VOD de notre irremplaçable cinéma. Avec «Toni Erdmann» (2016), la cinéaste allemande Maren Ade a réussi une comédie prodigieuse, aussi loufoque que vitale, dont les deux heures quarante-cinq passent comme en un éclair de génie! Adepte de blagues souvent fumeuses, Winfried croit sa fille Inès très malheureuse. Celle-ci travaille à Bucarest comme consultante pour une entreprise allemande dont elle doit faciliter les licenciements. Inquiet pour elle, son père s’invite chez elle dans l’idée, saugrenue, de lui faire retrouver sa joie de vivre.
En toute pudeur et sensibilité, «Les Dames» (2018) nous fait entrer dans l’intimité de cinq sexagénaires luttant chacune à leur manière contre la solitude. Avec le talent qu’on leur connaît, Stéphanie Chuat et Véronique Reymond (La Petite chambre», «Petite sœur») relaient les témoignages de ces femmes qui se livrent devant la caméra avec humour et tendresse, histoire de donner à autrui la force et le courage de se réinventer… Un feel-good-movie du réel à apprécier à tout âge!
Il y a quelques jours, Agnès Jaoui a prononcé un discours bouleversant, à la fois intime et engagé, sur le déshonneur du cinéma français en matière de parité et de respect envers les femmes. Dans «Place publique» (2018), comédie grinçante qu’elle a concoctée avec Jean-Pierre Bacri, son complice en écriture depuis toujours, la réalisatrice du «Goût des autres» pointe la manière insidieuse dont le corps et les idées évoluent, sinon vieillissent. Avec, à la clef, une satire sociale pleine de mordant, dont les hommes ne sortent pas tous grandis, loin s’en faut!
Et du côté de La Lanterne Magique…
Continuant de briller en ligne pour les enfants sevrés de grand écran, La Lanterne Magique propose comme court-métrage de la semaine «Bonne journée Monsieur M.», une comédie de poche désopilante réalisée en stop-motion par les cinéastes d’animation suisses Frédéric et Samuel Guillaume. Monsieur M. a un gros défaut: il ronfle très fort, ce qui est peut-être normal pour un cochon. L’ennui, c’est qu’il empêche de dormir une famille de pigeons qui a fait son nid en face de chez lui! Jusqu’au moment où Maman pigeon va trouver le moyen de réduire le ronfleur au silence… Toujours sur le site de La Lanterne Magique (www.lanterne-magique.org), sont proposées une nouvelle énigme cinématographique à résoudre, ainsi qu’un épisode flambant neuf de la bande dessinée, «Sweet Home cinéma».
Vincent Adatte