Mandela: Un long chemin vers la liberté
Avec la mort de Nelson Rolihlahla Mandela le 5 décembre dernier, le film du cinéaste anglais Justin Chadwick prend bien évidemment une autre tonalité… Adapté de l’autobiographie de l’homme qui réussit à prouver au monde que l’Afrique du Sud n’était pas voué à être une terre de haine, ce «Long chemin vers la liberté» nous remet en mémoire son parcours hors du commun.
Avocat à Johannesburg, militant de l’ANC (le Congrès National Africain), prisonnier politique, arbitre de la paix, et enfin président, Mandela a en effet connu un destin sans pareil. De sa naissance à la campagne, dans la famille royale des Thembu, jusqu’à ce jour, inconcevable, qui vit un Noir accéder démocratiquement à la présidence sud-africaine, le spectateur est invité à suivre les étapes cruciales de cette épopée civique.
Dans le rôle de Mandela, l’acteur britannique d’origine sierra-léonaise et ghanéenne Idris Elba se révèle tout simplement prodigieux: démarche, gestuelle, voix… Tout y est, à s’y méprendre!
Vincent Adatte
Loulou, l’incroyable secret
Loulou, le loup qui se croyait orphelin, apprend grâce à une étrange voyante que sa mère est bien vivante. Il part alors à sa recherche avec Tom le lapin, son meilleur ami, dans le royaume de Wolfenberg où le festival de carne bat son plein. L’amitié «contre-nature» qui lie nos deux compères va alors être mise à bien rude épreuve…
Par le passé, le dessinateur Grégoire Solotareff avait déjà tiré de savoureux courts-métrages des albums illustrés de son duo de prédilection. Aujourd’hui, il leur fait passer l’épreuve du long-métrage avec tout autant de succès, en ne dérogeant pas au principe élevé qui innerve toute son œuvre, à savoir que l’on peut parfaitement traiter à hauteur d’enfants des thèmes a priori plutôt réservés aux adultes, tel celui des soi-disant liens du sang…
En résulte un «dessin animé» souvent très drôle, d’une rare beauté et aux voix particulièrement soignées, ce qui ne gâche rien. Bref, le film «famille» à ne pas manquer, histoire de grandir encore un peu!
Vincent Adatte
La Marche
En 1983, alors que «Gandhi» de Richard Attenborough sort sur les écrans de cinéma, trois jeunes d’origine maghrébine et un prêtre très engagé lancent en réaction à une agression policière une marche pacifique pour l’égalité des droits. Partis de Marseille, ils montent à Paris, parcourant plus de mille kilomètres à pied. D’autres les rejoignent, toujours plus nombreux… Tiré de faits authentiques, «La Marche» est un grand film humaniste et positif, porté par des acteurs généreux, Olivier Gourmet et Jamel Debbouze en tête!
Adeline Stern
Le Cinquième pouvoir
Dimanche 19 janvier « Soirée résistance ! » Le Cinquième pouvoir sera suivi d’un buffet et du film La Marche.
Entre 2007 et 2010, Julian Assange et Daniel Domscheit-Berg débarquent sur la scène internationale. Par le biais de Wikileaks, dont ils sont les porte-paroles, des documents confidentiels controversés concernant les interventions militaires américaines en Irak et en Afghanistan sont publiés. Les vérités éclatent, les gouvernements chancellent… Bill Condon retrace l’épopée de ces deux «cyber-défenseurs» de la libre information dans un film brûlant d’actualité!
Adeline Stern
Snowpiercer
Cinéaste sud-coréen majeur, Bong Joon-ho a réalisé plusieurs films qui brillent au firmament de l’histoire récente du cinéma, tels «Memories of Murder» (2003), «The Host» (2006) ou l’extraordinaire «Mother» (2009), autant d’allégories sociales qui proposent divers niveaux de lecture.
Coproduction internationale, son cinquième long-métrage adapte de façon sidérante une bande dessinée futuriste de Jean-Marc Rochette et Jacques Lob parue en 1984. Bong Joon-ho en a gardé l’argument général: notre planète est entrée dans une phase de glaciation, provoquant la fin de la civilisation.
Pour survivre, ce qui reste de l’humanité est montée à bord du «Transperceneige», un train gigantesque qui roule sans s’arrêter autour du globe. Réduite à ses passagers, l’espèce humaine est divisée en classes. En queue du train, s’entassent les plus pauvres, alors que les nantis vivent dans les wagons de tête, jusqu’au jour où une poignée de révoltés va s’obstiner à remonter jusqu’à la locomotive…
Adeline Stern
Mary, Queen of Scots
Samedi 11 janvier à 20h, le film sera suivi d’une discussion en présence du réalisateur et de la scénariste.
Depuis vingt ans, le cinéaste suisse Thomas Imbach élabore une œuvre toujours passionnante, parfois à la frange du cinéma expérimental. Avec «Mary Queen of Scot», qu’il a tourné en partie à Romainmôtier et au Château de Chillon, le réalisateur de «Lenz» (2006) a réussi un modèle de film à costumes, accessible au grand public, mais sans trahir ses exigences d’auteur.
Adapté du livre de Stefan Zweig, son septième long-métrage raconte les infortunes de Marie Stuart (1542-1587), reine d’Ecosse. Avec une belle virtuosité d’écriture, Imbach mène son récit au rythme des lettres, souvent poignantes, que Marie Stuart a adressées à sa cousine Elizabeth, Reine d’Angleterre, qui allait s’avérer son ennemie la plus mortelle…
Attirée par l’aspect étonnamment moderne de son héroïne, une femme entourée d’hommes, mais qui ne renonça jamais à s’émanciper, Imbach réussit en permanence à nous faire oublier des moyens forcément limités grâce à l’intelligence d’une mise en scène subtilement allusive.
Vincent Adatte
Rêves d’or
Lauréat du prix «Un certain talent» au dernier festival de Cannes, Diego Quemada-Diez, jeune cinéaste d’origine espagnole établi au Mexique, a signé un premier long-métrage bouleversant, semé d’embûches mortelles…
Quittant leur Guatemala natal, trois adolescents, Juan, Sara et Samuel, grimpent sur les toits des trains avec les flots des migrants qui montent jusqu’au Mexique pour tenter de passer illégalement la frontière les séparant des Etats-Unis et de leurs «rêves d’or». Brimés par une police corrompue, attaqués par des criminels se livrant à d’horribles trafics, pris pour cibles par des milices américaines, ils luttent à la vie à la mort pour rejoindre la «terre promise»…
Durant des années, Diego Quemada-Diez a collecté des centaines de témoignages, avant de tourner ce film inouï qui ne cède jamais à la violence gratuite, lui préférant la puissance autrement efficace de la suggestion, avec le concours de jeunes comédiens formidables de naturel.
Vincent Adatte
All Is Lost
Le second long-métrage du réalisateur américain J.C. Chandor, dont on avait déjà beaucoup apprécié «Margin Call» (2011), thriller économique très révélateur, commence par un message de détresse : «Ici tout est perdu (all is lost), sauf le corps et l’âme.»…
Il n’y aura pas d’autres dialogues dans ce film taiseux, sinon une volée de jurons que laisse échapper l’auteur du message, un navigateur solitaire (Robert Redford) en perdition au large du détroit de Sumatra, dont le voilier a été littéralement éperonné par un container tombé d’un cargo.
Avec une ténacité incroyable, cet homme déjà âgé va tenter de faire face à une adversité particulièrement déchaînée, faisant preuve d’une ingéniosité à toute épreuve pour maintenir à flots son bateau avarié… Version océanique de «Gravity», ce film de survie aux accents parfois métaphysiques permet à Redford d’affirmer qu’il peut encore en découdre avec le cinéma, et comment!
Adeline Stern
Bouge !
Jeudi 9 janvier à 20h, le film sera projeté en présence du cinéaste.
Réalisé par un ancien journaliste devenu enseignant, «Bouge» est un documentaire qui retrace de façon passionnante les circonstances de la création de lieux de cultures autogérés dans une ville qui en manquait alors cruellement!
Dénommé «Lôzane bouge», ce mouvement animé par une jeunesse refusant la quiétude mortifère qui régnait en 1980 dans le chef-lieu vaudois suscita moult manifestations parfois durement réprimées par la police. Après quelques charges et des palabres avec un ou deux politiciens plus ouverts que les autres (pas forcément de gauche), les manifestants obtinrent gain de cause sous la forme du Centre autonome puis de la mythique Dolce Vita…
Alternant images d’archives et entretiens avec les acteurs et témoins de cette époque libertaire sans nul doute révolue, le réalisateur Fred Hausammann, qui avait douze ans au moment des événements, en cerne la faillite programmée, la culture se devant hélas de faire du profit…
Adeline Stern
The Lunchbox
Ovationné par les papilles gustatives de la critique cannoise, le premier long-métrage du cinéaste indien Ritesh Batra est un véritable régal pour tous nos sens réunis… Chaque matin, Ila cuisine pour son mari un délicieux repas qu’elle fait livrer à son bureau. Chaque soir, elle attend de sa part des compliments qui ne viennent jamais…
Son comportement est compréhensible: à cause d’une erreur de livraison, son mari reçoit, en lieu et place des mets exquis de son épouse, une nourriture fade à base de chou-fleur qui lui donne des gaz. Et c’est un employé ronchon d’une autre entreprise qui se repait des merveilles culinaires d’Ila. Conscient de la méprise, cet homme célibataire et proche de la retraite trouve un jour un mot dans le panier-repas…
Entre ces deux âmes délaissées, commence alors une liaison épistolaire qui va devenir de plus en plus épicée … Une comédie romantique lumineuse, intelligente et colorée, agrémentée d’une pincée d’ingrédients made in «Bollywood».
Adeline Stern