lundi, 05 mars 2012 13:36

The Iron Lady

Après la comédie musicale «Mamma mia», la réalisatrice anglaise Phyllida Lloyd s’attaque au «biopic» de Margaret Thatcher, alias la Dame de fer, un sobriquet dont l’a affublé le journal officiel de l’Armée Soviétique, impressionné par son anticommunisme viscéral, et qui est depuis passé à la postérité!

Nommée premier ministre dès 1979, cette fille d’épicier va régner durant onze ans sur l’Angleterre, à la fois admirée et haïe… Procédant par retours en arrière, le film commence en 2003. Peu après la mort de son mari Denis, Margaret trie des vêtements du défunt. Contrainte à une retraite forcée et amère dès 1990, affaiblie par des attaques cérébrales, elle se remémore son passé…

La cinéaste s’abstient de juger son action politique, privilégiant le portrait en demi-teinte, bien plus révélateur des contradictions de cette féministe malgré elle. Dans le rôle de la Dame de Fer, Meryl Streep fait montre de son immense talent, en jouant une femme de pouvoir sur près de quarante ans!

Vincent Adatte

lundi, 05 mars 2012 13:32

Sport de filles

Méconnue, Patricia Mazuy est une cinéaste française surdouée, mais qui se fait bien trop rare à notre goût, avec, à son actif en plus de vingt ans de carrière, seulement trois longs-métrages, mais tous remarquables («Peaux de vaches», «Saint-Cyr» et «Basse-Normandie»).

«Sport de filles» commence au triple galop! En hurlant, Gracieuse (Marina Hands) claque la porte de son employeur, un éleveur qui vient de vendre son cheval d’obstacles préféré. Fille d’un petit paysan, cette cavalière émérite repart alors de zéro, en s’engageant comme palefrenière chez l’autoritaire Joséphine de Silène (Josiane Balasko), qui tient aussi sous sa coupe un entraîneur allemand convoité (Bruno Ganz).

Ignorante des règles qui régissent les cercles hippiques et huppés, la jeune femme est prête à tout pour continuer à monter. Superbement butée, elle va ranimer la guerre des classes… Sur le mode de la tragicomédie, la réalisatrice persiste à résister à la norme, réussissant l’un des films français les plus intéressants du moment!

Vincent Adatte

lundi, 05 mars 2012 13:28

50/50

Malgré les apparences, le troisième long-métrage de Jonathan Levine est ce que les  Anglo-saxons appellent un «feelgood-movie». S’inspirant de faits réels arrivés à son scénariste, ce jeune cinéaste américain a décidé d’en rire, certes un peu jaune!

Adam Lerner (Joseph Gordon-Levitt) mène une vie tranquille et saine. Travaillant dans une radio de Seattle, il ne fume pas, ne boit pas, ne conduit pas. Tout bascule le jour où il ressent de violentes douleurs. Consultant son médecin, Adam apprend qu’il souffre d’un cancer qui ne lui laisse que 50% de chances de survie…

Son entourage réagit à la nouvelle de manière particulière! Kyle (Seth Rogen), son meilleur pote, en profite pour apitoyer les filles et s’attirer leurs faveurs, sa petite amie se hâte de le tromper, sa mère est trop angoissée pour lui venir en aide, sans oublier sa jeune thérapeute dont l’action ne fait que décupler son anxiété… Très osée, cette comédie grinçante produit, au final, un effet très bénéfique sur le spectateur!

Adeline Stern

lundi, 20 février 2012 14:55

The Woman with a Brocken Nose

Depuis 2003, de jeunes cinéastes serbes s’efforcent d’exorciser les traumatismes du passé par le biais des films d’auteur souvent passionnants. Avec Radivoje Andric, Stefan Arsenijevic et autre Vladimir Perisic (dont on a pu voir «Ordinary People» au Royal), Srdjan Koljevic est l’un hérauts de cette nouvelle génération.

Scénariste de formation, Koljevic signe avec son deuxième long-métrage, une comédie dramatique remarquable, dont les trois récits croisés sont déclenchés par une tentative de suicide poignante, qui ne peut laisser personne indifférent.

Montée dans le taxi de Gavrilo avec son bébé, une jeune femme au nez cassé en ressort aussitôt pour se jeter du haut d’un pont de Belgrade. La malheureuse réchappe à sa chute et est conduite à l’hôpital. Outre le très misanthrope Gavrilo, qui reste avec l’enfant sur les bras, une enseignante et une jeune pharmacienne ont assisté, bouleversées, à cet acte désespéré… Une œuvre à découvrir !

Vincent Adatte

lundi, 20 février 2012 14:52

La Taupe

Réalisateur en 2009 d’un film de vampires très remarqué («The Morse»), le Suédois Tomas Alfredson change radicalement de registre avec «La taupe», tiré d’un roman d’espionnage de John le Carré, l’un des plus grands spécialistes en la matière!

En 1973, en pleine guerre froide, le très discret George Smiley (Gary Oldman), lieutenant affecté au Service de renseignement britannique (le célèbre MI6), doit absolument démasquer une taupe qui a infiltré son réseau pour le compte des Soviétiques. Lui-même est soupçonné…

Avec une acuité exceptionnelle, le cinéaste dépeint des êtres humains figés dans leurs certitudes idéologiques, à la fois manipulateurs et manipulés. Entre soupçons, chasses à l’homme et trahisons, son film s’avère passionnant de la première à la dernière image, malgré son ton volontairement anti-spectaculaire. Jamais l’univers ambigu de John le Carré n’aura été si bien restitué à l’écran!

Adeline Stern

lundi, 20 février 2012 14:45

La vérité si je mens 3

En 1997, le réalisateur français Thomas Gilou nous plongeait avec brio dans le Sentier, le célèbre quartier juif de Paris. Rusant avec un monde sans pitié, Eddie (Richard Anconina) s’y faisait alors une place au soleil. Multipliant les quiproquos, alignant les répliques hilarantes, le cinéaste nous gratifiait d’un film devenu culte.

Après un second volet sorti en 2001, où la bande de copains finissait par venir à bout des lobbies du textile, voici le troisième opus. Cette fois, la fine équipe a migré en banlieue parisienne, à Aubervilliers, où ils subissent la concurrence de jeunes Chinois très dynamiques.

De plus, la faillite menace Serge (José Garcia) et Patrick (Gilbert Melki) subit un contrôle du fisc! Pour s’en tirer, il n’y a guère qu’une solution: monter une nouvelle arnaque qui va entraîner la bande de potes jusqu’en Chine, mondialisation oblige… Une comédie débridée qui surfe de façon drolatique sur la crise économique!

Adeline Stern

lundi, 20 février 2012 13:44

Zarafa

Premier long-métrage d’animation (en 2D) de Remi Bezançon, cinéaste jusque-là commis aux prises de vue réelles, «Zafara» s’inspire de faits  authentiques. En 1826, le pacha d’Egypte Méhémet-Ali décida de faire don d’une girafe au roi de France Charles X, pour gagner la protection du souverain.

Capturé au Soudan, le pauvre animal fut présenté en grande pompe au Château de Saint-Cloud. Cet événement exceptionnel pour l’époque déclencha dans toute l’Europe une véritable «girafomania»!

Avec la complicité du cinéaste d’animation Jean-Christophe Lie, le réalisateur du «Premier jour du reste de ta vie» rend accessible aux plus jeunes cette page d’histoire coloniale méconnue grâce à moult péripéties spectaculaires, mais qui n’entament en rien sa valeur exemplaire. C’est ainsi qu’il invente le personnage de Maki, un esclave de dix ans, qui veut à tout prix ramener la girafe Zafara dans son pays natal… Un beau dessin animé qui ne craint pas d’afficher son humanisme!

Adeline Stern

lundi, 20 février 2012 13:37

Bruegel, le moulin et la croix

Cinéaste, peintre et metteur en scène de théâtre très réputé, le Polonais Lech Majewski nous invite à partager une expérience perceptive fascinante, en nous faisant littéralement entrer dans le tableau intitulé «Le Portement de croix», peint en 1564 par Pieter Bruegel l’Ancien.

Dès la première séquence, le spectateur est immergé dans le tableau qu’il faut qualifier de vivant et suit les trajectoires d’une douzaine de ses personnages, sans oublier Bruegel qui vient parfois toiser le motif de sa toile à venir.

Au-delà de l’éblouissement cinématographique produit par cette reconstitution d’une fidélité sans précédent (prodige du numérique!), Majewski fait progressivement surgir le sens caché qui imprègne ce chef-d’œuvre, récemment révélé par une étude du critique d’art Michael Gibson. Derrière le motif religieux se dissimule en effet un drame se rapportant à l’Inquisition espagnole qui, à l’époque, dévastait les Flandres…

Vincent Adatte

vendredi, 03 février 2012 12:14

Monsieur Lazhar

Le 11 février, ce film sera précédé d’une dictée proposée par le Musée des arts et des Sciences de Sainte-Croix, du film « Quand nous étions petits enfants » et d’un souper à l’ancienne. Forfait soirée 25.-

Le quatrième long-métrage du réalisateur québécois Philippe Falardeau a touché au cœur le public de la Piazza Grande, cet été à Locarno, avant d’être sacré meilleur film canadien au Festival de Toronto!

Cette œuvre bouleversante situe son action bénéfique dans une école de Montréal, de nos jours. Après le décès soudain d’une institutrice, un réfugié algérien est engagé pour la remplacer. Se prétendant enseignant, Bachir Lazhar réussit à gagner la confiance des enfants traumatisés par la disparition de leur maîtresse et ce, malgré le fossé culturel.

Adaptant une pièce de théâtre, le cinéaste montre avec sensibilité que la résilience  et l’acceptation passent surtout par l’acte fondamental de communiquer, et non pas seulement par la religion ou la morale… En résulte un film indispensable, interprété avec une justesse de ton stupéfiante par Mohamed Saïd «Fellag», humoriste et écrivain algérien critique, contraint à l’exil par ses compatriotes fanatiques.

Adeline Stern

vendredi, 03 février 2012 12:04

Quand nous étions petits enfants

Le film sera précédé d’une dictée proposée par le Musée des arts et des Sciences de Sainte-Croix puis suivi par un souper à l’ancienne et le film «Monsieur Lazhar». Forfait soirée 25.-

Cinéaste neuchâtelois par trop méconnu, Henry Brandt (1921-1998) est pourtant l’un des pionniers du cinéma suisse moderne. Né à La Chaux-de-Fonds, Brandt a abordé la réalisation de films par le biais de l’ethnographie.

Parti filmer en 1953 au Niger le quotidien des Peuls Bororo, Brandt en tire un premier long-métrage remarqué, «Les nomades du soleil». De retour chez lui, il applique sa méthode immersive à son propre pays et tourne dans la vallée de la Brévine «Quand nous étions petits enfants» (1961), qui constitue une étape libératrice dans l’histoire du documentaire suisse.

Pour la première fois, un cinéaste helvétique ose décrire une campagne authentique, purgée de tout son fatras folklorique, sans pour autant s’interdire les éclats de poésie! S’attachant aux pas sereins de l’instituteur Charly Guyot, Brandt montre comment cet «homme remarquable», qui applique les préceptes de la pédagogie Freinet, s’efforce d’éveiller ses élèves au monde qui les entoure…

Vincent Adatte

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