Avec Leonardo DI CAPRIO, Cate BLANCHETT
Age légal 10 ans / suggéré dès 12 ans

Sans conteste, Martin Scorsese est l’un des géants du cinéma américain. Nombre de ses chefs-d’œuvre plongent au cœur de l’histoire des Etats-Unis d’Amérique, passant souvent au vitriol ses mythes fondateurs («Gangs of New-York», «Casino», «Le Temps de l’innocence», etc.).
Superproduction fastueuse, à la mesure de l’immense fortune de son protagoniste, «Aviator» appartient à cette veine démystificatrice. Cette nouvelle fresque retrace le destin contrarié du milliardaire Howard Hughes (1905-1976), aviateur intrépide et entrepreneur passionné (au sens le plus large du terme). Farouchement indépendant, affligé de multiples phobies (dont celle du contact, comme Michael Jackson), Hugues a construit les avions parmi les plus performants de son époque et aussi produit plusieurs films légendaires. L’irrésistible ascension de ce grand amateur de femmes, qu’il glânait dans le Tout-Hollywood, n’a pas fait que des heureux, surtout dans les milieux économiques et politiques.
Avec sa maestria habituelle, Scorsese retrace les vingts années les plus emblématiques (1927 à 1947) de la vie tumultueuse de cet héros ambigu comme il les aime. De son côté, Leonardo DiCaprio incarne de façon étonnante le «Citizen» Hugues, confirmation vivante que les Etats-Unis n’est de loin pas ce pays de cocagne où chacun est censé pouvoir réaliser ses rêves…

Pascal Maeder

Avec Aurélien Recoing, Marie Matheron, Gabriela Muskala, Blerim Gjoci
Age légal 12 ans / suggéré dès 14 ans

Agriculteur, Jean a perdu sa fille, Marie, dans l’incendie de son étable. Depuis le drame, la neige a recouvert les poutres calcinées du bâtiment. Laure, sa femme, s’est réfugiée dans un mutisme qui avoisine la folie. Jean se décide à la faire soigner dans un hôpital psychiatrique. Il vend ses dernières vaches et part travailler comme ouvrier dans une fonderie appartenant à un ami d’enfance. Au milieu de cette fournaise quotidienne, il fait la connaissance de Labinota, une réfugiée kosovare qui a vécu, elle aussi, bien des drames. Flanquée de son frère Kastriot, celle-ci garde envers et contre tout le sens de la fête. En leur compagnie, Jean apprend peu à peu à accepter la peur et la douleur. Il retrouve lentement le goût de vivre, alors que s’annonce le dégel du printemps… Tiré du premier scénario écrit par Pierre-Pascal Rossi, ex-journaliste et producteur de l’émission «Passe-moi les jumelles» (TSR), «Tout un hiver sans feu» saisit ses personnages juste après le drame, quand les mots manquent, alors que la parole serait essentielle. Dans les paysages très expressifs des montagnes neuchâteloises, le cinéaste d’origine polonaise Greg Zglinski remplace les mots absents par les images, usant à merveille des décors glacés et des visages butés de ses acteurs, dont celui d’Aurélien Recoing qui restitue à la perfection la souffrance muette de Jean.

Frédéric Maire

Avec Emmanuelle DEVOS, Mathieu AMALRIC, Catherine DENEUVE
Age légal 16 ans / suggéré dès 16 ans

Peu connu sous nos latitudes, par la faute de distributeurs impardonnables, le cinéaste français Arnaud Depleschin gagne vraiment à être connu. Salué à juste titre par la critique française, «Rois et reine» constitue le couronnement provisoire de sa carrière commencée en 1991 avec «La vie des morts». Dans son sixième long-métrage, l’auteur de «La sentinelle» (1992) joue de façon magistrale avec les ruptures de ton (une illustration parfaite de l’expression «rire aux larmes») en racontant deux histoires en une, qu’il croise à deux reprises, provoquant à chaque fois un choc chez le spectateur. En joignant et disjoignant les destins contrariés de Nora Cotterelle (Emmanuelle Devos) et Ismaël Vuillard (Mathieu Almaric), Depleschin nous entretient de thèmes dont l’importance n’échappera à personne: la filiation, l’appartenance, la norme, l’héritage (subit ou choisi)… Au début du film, Nora paraît comme une reine, éclatante de beauté et de bonheur. Directrice d’une galerie d’art parisienne, Nora va se marier avec un homme qui, enfin, lui convient. Mais cela ne saurait durer, car les rois déchus attendent leur heure… Porté par des acteurs et des actrices en état de grâce, ce chef-d’œuvre parfois déconcertant ne peut laisser indifférent !

Vincent Adatte

Age légal 7 ans / suggéré dès 7 ans


Dans des conditions à la limite du supportable pour l’homme, le cinéaste Luc Jaquet retrace le cycle de vie étonnant du manchot Empereur qui règne en Antarctique, l’une des régions les plus inhospitalières du globe. Des températures extrêmes, des tempêtes de neige et de vent d’une violence inouïe ont fait de cet oiseau un modèle d’adaptation, de résistance, d’ingéniosité et de survie. Biologiste de formation, le cinéaste est revenu de son périple glacial avec des images extraordinaires qui témoignent de l’implacable loi de la nature. En résulte un documentaire animalier d’une qualité exceptionnelle, bref un modèle du genre! Pour le rendre accessible aux plus jeunes, Jaquet a décidé de doter ces étranges volatiles de voix humaines. Ce procédé anthropomorphique nous sensibilise à des principes essentiels, presque humains, comme la solidarité, l’importance du groupe, l’amour… Très recommandés, avec ou sans doudoune.

Francine Pickel

Avec Maggie CHEUNG, Nick NOLTE, Béatrice DALLE
Age légal 14 ans / suggéré dès 16 ans

Mère d’un enfant, Emily Wang n’est pas ce que l’on appelle une femme chanceuse. Son mari, un chanteur de rock sur le déclin, décède des suites d’une overdose. Toxicomane avérée, Emily est accusée d’avoir fourni au malheureux la dose mortelle. Jugée et emprisonnée, elle est séparée de son fils dont la garde a été confiée aux parents de son défunt mari. A sa libération, Emily revient à Paris, bien décidée à devenir «clean», seul moyen de récupérer son enfant… Ce récit mouvementé d’une rédemption très peu canonisable frappe au cœur par sa profonde authenticité. Il est signé par l’un des meilleurs cinéastes français de la nouvelle génération, Olivier Assayas, qui a réalisé plusieurs films majeurs de l’histoire récente du cinéma français – «L’enfant de l’hiver» (1988), «Les destinées sentimentales» (2000), «Demonlover» (2002), etc. Dans le rôle de la mère soi-disant indigne, l’actrice chinoise Maggie Cheung (la sublime Li-Zhen de «In the Mood for Love») atteint à des sommets de fragilité autodestructrice et n’usurpe en aucune manière le Prix d’interprétation féminine décerné par le jury du dernier Festival de Cannes.

Vincent Adatte

Avec Colin FARRELL, Angelina JOLIE, Val KILMER
Age légal 14 ans / suggéré dès 14 ans

Peut-être moins spectaculaire mais bien plus profond que «Troie», le nouveau film du réalisateur de «Tueurs-nés» retrace la brève et flamboyante existence d’Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.). Parti à la conquête de la Perse à l’âge de vingt-et-un ans, cet admirateur juvénile du grand Achille illustra à merveille l’épitaphe que le poète Homère réserva au demi-dieu achéen: «Une vie brève mais glorieuse». Nommé roi du petit royaume de Macédoine à l’âge de vingt ans, Alexandre mourut treize ans plus tard dans sa capitale de Babylone, à la tête du plus vaste empire jamais conquis, lequel s’étendait jusqu’à l’Indus! Tout en se pliant de bonne grâce aux contraintes fastueuses de la superproduction, Stone nous balance quelques piques bien senties qui nous renvoient à l’actualité la plus récente. Entre autres exemples, son Alexandre n’a de cesse de vouloir mettre sur un pied d’égalité ses soldats conquérants et ses nouveaux sujets orientaux. Statistiques à l’appui, le public étasunien a boudé cette version «humaniste» de l’impérialisme… Voilà qui est de bon augure!

Vincent Adatte

Avec Catherine FROT, Isabelle HUPPERT
Age légal 12 ans / suggéré dès 14 ans

Martine (Isabelle Huppert) vit très bourgeoisement à Paris, entre son mari, son fils de sept ans, son amie galeriste et un épouvantable mal de dos. Réglé comme du papier à musique, son quotidien va être chamboulé par l’arrivée de sa sœur, Louise (Catherine Frot). Esthéticienne au Mans, cette dernière vient passer le week-end chez elle, dans l’attente d’un rendez-vous capital avec un éditeur parisien. Louise élève un fils du même âge et fait preuve en tout temps d’un enthousiasme exaspérant. On l’aura compris, les deux sœurs sont comme l’eau et le feu! Une rentrée tardive et bruyante, une soirée interminable à l’Opéra et un repas très disert avec des amis de Martine, vont mettre le feu aux poudres… Premier long-métrage d’une jeune réalisatrice française prometteuse, cette comédie grinçante ne sombre jamais dans la caricature, comme on aurait pu le craindre. En donnant sa chance à chaque personnage, Alexandra Leclère a réussi un film très touchant par son humanité… Un conseil, regardez le générique de fin jusqu’à son terme, cela en vaut la peine!

Francine Pickel

Avec Jim CARREY, Meryl STREEP
Age légal 10 ans / suggéré dès 12 ans

Un incendie, une maison détruite, des parents morts dans les flammes… Brr, le récit des tristes aventures de Violette, Klaus et Prunille Baudelaire n’a rien du beau conte de fées. Sans foyer, orphelins, les voilà exposés à toute la cruauté du monde! Placés sous la tutelle du comte Olaf, un comédien aussi raté que ruiné, ils vont avoir fort à faire pour empêcher leur affreux tuteur de s’emparer de la fortune que leur a léguée leurs très regrettés parents. Mais, ouf, nous sommes au cinéma… Grâce à des scénaristes très imaginatifs et de somptueux effets spéciaux concoctés par Dreamwork, les orphelins Baudelaire vont triompher de l’adversité qui s’acharne sur eux. Autant vous prévenir, les inventions de Violette, l’érudition de Klaus et les dents de Prunille feront des miracles!
Adaptées du célèbre roman de Daniel Handler, ces désastreuses aventures constituent un mélange détonnant d’humour et de suspense, avec une mention particulière pour des anachronismes d’une délicieuse ironie. Dans le rôle du «méchant très méchant», Jim Carrey fait à nouveau la preuve de son extraordinaire élasticité faciale, mais sans jamais faire de l’ombre aux «pauvres» gosses.

Sylvie Johner

Acteurs : Anthony HOPKINS, Chris ROCK.

Age légal 12 ans / suggéré dès 14 ans

L’histoire se déroule entre Prague et New York. Kevin Pope (Chris Rock) est un agent secret de la CIA, se faisant passer pour l’acheteur potentiel d’une arme nucléaire en possession de la mafia russe.
Quelques jours avant que la transaction ne s’effectue, Kevin trouve malheureusement la mort dans les rues de Prague.
Pour Gaylord Oakes (Anthony Hopkins), l’ancien partenaire de Kevin, il ne reste plus qu’une seule solution. Afin de ne pas compromettre toute l’opération, il doit former Jake Hayes, le frère jumeau de Kevin, pour qu’il puisse terminer cette mission, et ce, en moins de neuf jours.
Le seul problème est que Jake ignore tout de l’existence de son frère, ignorant par la même occasion, tout du monde de l’espionnage.
La formation de se dernier ne s’annonce guère de tout repos…
Une réalisation signée Joel Schumacher : « Batman Forever », « Le droit de tuer », « 8mm » et « Fausses Rumeurs ».
Une comédie un brin hystérique, pur produit américain, qui fera pourtant rire certains.

Nicolas Chevalley

Age légal 7 ans / suggéré dès 14 ans


Un seul genre de vin ? Un seul bon goût ?

Amis de la diversité, amoureux du “ différent ”, défenseur des terroirs et de leurs spécificités, ce film va vous ouvrir les yeux et faire trembler vos papilles gustatives!
Pendant trois ans, sans aucun financement, le réalisateur américain indépendant Nossiter court la planète viticole avec une petite caméra digitale et tente d’établir le constat d’un désastre : l’uniformisation du goût inhérente au processus de globalisation économique initié par les Etats-Unis.

Sans surprise, il en désigne les auteurs et surtout démonte leur stratégie de conquête qui passe, hélas, par l’imposition massive de leur conception du vin. Dans ce complot qui sent le bouchon, le critique américain vedette Robert Parker tient bien évidemment un rôle de premier plan. Son influence est telle que les producteurs n’hésitent pas à modifier leurs techniques de vinification pour s’attirer ses faveurs!

Avec une science très sûre du montage, Nossiter alterne les déclarations bouffies de certitudes des conquérants (qui ont sans doute déjà gagné la partie) et les témoignages des vignerons (Irrésistible Hubert de Montille !) qui persistent à croire que le vin ne doit pas être réduit à une affaire purement commerciale.

Bref, ne manquez sous aucun prétexte cette œuvre essentielle qui sera suivie non seulement d’un débat mais aussi d’une dégustation !

Adeline Stern