Formé par l’indispensable Nanni Moretti, le Transalpin Gianni Zanasi est sans conteste l’un des rares cinéastes à pouvoir prétendre reprendre le flambeau de la mythique comédie à l’italienne. Assurément, Ciao Stefano est digne des meilleurs films de ses illustres prédécesseurs, les Risi, Monicelli et autre Comencini!

Guitariste de rock vieillissant, le «beau» Stefano (Valerio Mastandrea) végète dans un groupe qui ne fait plus guère la une de l’actualité musicale. A trente-six ans, il doute de son avenir, encore plus après avoir surpris sa compagne dans les bras d’un musicien nettement plus branché. Déprimé, Stefano décide de rendre visite à ses parents restés en province, histoire de se ressourcer…

De retour chez les siens, notre «has been» découvre que ses proches ne se portent guère mieux que lui. La mère se pâme pour un gourou qui lui enseigne les techniques chamaniques. Victime d’un infarctus, le père se voue au golf, laissant les rênes de sa petite entreprise entre les mains malhabiles de son fils aîné. Délaissant ses études, la sœur s’occupe des dauphins neurasthéniques du parc aquatique local, etc… Un inventaire à la fois tendre, allègre et un brin méchant du présent désenchanté qui caractérise l’Italie d’aujourd’hui!

Vincent Adatte

Avec Valerio MASTANDREA, Caterina MURINO, Anita CAPRIOLI * Durée : 1h44 - Age légal 10 ans / suggéré dès 16 ans * VO sous-titrée

Vieil anar au cœur parfois tendre, Jean Becker collectionne les succès depuis L’été meurtrier (1983). Pour son douzième long-métrage, le réalisateur des Enfants du marais (1998) et de Dialogue avec mon jardinier (2007) a adopté un ton plus grave, voire tragique… A quarante ans passés, Antoine (Albert Dupontel) semble avoir réussi sa vie. Du jour au lendemain, le voilà qui se met à saccager tous ses acquis avec un cynisme imperturbable. Carrière, femme, enfants, amis, tout y passe! Mais l’homme a ses raisons…

Adeline Stern

Avec Albert DUPONTEL, Marie-Josée CROZE, Pierre VANEK * Age légal 12 ans / suggéré dès 16 ans

Dans le cadre de «Mon Ciné» fête ses 10 ans, sixième «rencontre avec un cinéaste», le film sera suivi d’une discussion avec François Kohler.

Après Le souffle du désert, le réalisateur François Kohler signe un deuxième documentaire qui traite de façon complètement différente le thème de la construction de l’identité masculine déjà présent dans son film précédent. Plus intimiste, Cher Monsieur, cher papa s’attache avec talent aux pas très obstinés de cinq jeunes âgés de 16 à 21 ans.

Qu’ils s’appellent Karim, Adrien, Tristan, Joël ou Matthew, tous partagent un point commun: ils ont dû se construire sans l’aide de leurs pères respectifs qui, pour diverses raisons, ont manqué à leur devoir éducatif. Physiquement ou émotionnellement absents, ces hommes n’ont donc pas joué leur rôle de modèle, créant un vide identitaire que leurs enfants essayent de combler avec une détermination surprenante et plus ou moins de bonheur.

Présenté en compétition aux dernières Visions du Réel de Nyon, Cher Monsieur, cher papa traite de ce sujet délicat avec une pudeur remarquable. Manifestement, Kohler sait «jusqu’à quelle limite il peut filmer», laissant par exemple Tristan aller seul à la rencontre de son père qu’il n’a jamais vu, très conscient de ce que la présence de la caméra peut «fausser». Idem pour Karim, l’enfant terrible de Sainte-Croix dont la rébellion rageuse touche au cœur…

Vincent Adatte

Documentaire

Dans le cadre de «Mon Ciné» fête ses 10 ans, sixième «rencontre avec un cinéaste», le film sera suivi d’une discussion avec François Kohler puis d’un savoureux repas.

Le cinéaste documentaire d’origine neuchâteloise François Kohler est passionné par la problématique de l’identité masculine. Que signifie être un homme aujourd’hui? Et l’idée même de virilité, est-elle encore vivable? A sa manière, Le souffle du désert tente de répondre à cette interrogation toujours plus actuelle, à l’heure où l’identification à un modèle masculin semble devenir de plus en plus malaisée.

S’inspirant des travaux récents du psychanalyste canadien d’obédience jungienne Guy Corneau, Kohler met à nu la psyché mâle un brin déboussolée par les temps féministes qui courent… Venant d’horizons très divers, treize hommes – suisses, français, belges et canadiens – séjournent durant quinze jours dans le désert majestueux du Grand Erg tunisien, sous la houlette du psychothérapeute vaudois Alexis Burger.

Réunis autour d’un feu de camp liminaire, tous commencent par jeter dans les flammes un bout de papier où chacun a tenté de cerner en une phrase la cause de son mal-être. Les jours suivants, dans un espace qui incite naturellement à l’introspection, ils tentent ensemble de redéfinir leur identité malmenée et, plus particulièrement, leur relation aux femmes. Cette cure d’un genre assez inédit n’ira pas sans larmes…

Vincent Adatte

Documentaire

Il ne fait pas bon d’avoir comme voisin le ministre de la défense israélien! Veuve depuis de longues années, Salma (Hiam Abbass) vit chichement du produit de ses citronniers qu’elle a hérités de son père. Située sur la «ligne verte» qui, avant 1967 et la Guerre des six jours, désignait la frontière entre Israël et la Cisjordanie, sa petite plantation va défrayer la chronique.

En charge de la protection de son pays, le ministre Navon (Doron Tavory) emménage avec sa femme Mira (Rona Lipaz-Michael) dans la propriété qui jouxte celle de Salma. Des agents de surveillance sécurisent le paramètre avec un circuit de surveillance vidéo dernier cri. Les services spéciaux poussent le zèle jusqu’à ordonner à Salma de couper ces précieux citronniers, arguant que des terroristes pourraient s’y cacher.

Pour faire respecter ses droits, la veuve prend un jeune avocat et défie la Haute Cour. En guise de représailles, l’armée décrète le verger zone militaire, enfermant littéralement sa propriétaire chez elle. Prenant fait et cause pour la veuve injustement spoliée, l’épouse du ministre mêle alors son grain de sel, via les media… Par le réalisateur de La fiancée syrienne (2004), une nouvelle fable dénonciatrice, plutôt acide mais combien éclairante!

Vincent Adatte

Avec Hiam ABBASS, Ali SULIMAN, Rona LIPAZ MICHAEL * Age légal 7 ans / suggéré dès 12 ans * Festival de Berlin 2007, Prix du public * VO sous-titrée

Comédie romantique, pimentée de dialogues gentiment sarcastiques, le deuxième long-métrage de la réalisatrice Anne Fletcher retrace l’infortune d’une jeune femme trop dévouée à faire le bonheur des autres. Vingt-sept fois demoiselle d’honneur, Jane (Katherine Heigl) a le don d’organiser à la perfection les mariages de ses proches et meilleures amies. Le jour où son patron, dont elle est secrètement amoureuse, demande la main de sa petite sœur, la malheureuse accepte une fois de plus de prendre en main la cérémonie… Une fois de trop?

Adeline Stern

Avec Katherine HEIGL, Edwards BURNS, James MARSDEN * Age légal 7 ans / suggéré dès 10 ans

En partenariat avec le Zonta Club du Balcon du Jura, dimanche, le film sera suivi d’un brunch dès 11h… Excellente façon de partager un moment à deux, tout en attendant… la Finale!

Après Bienvenue en Suisse dont le calembour exercé aux dépens de notre ministre de la culture avait fait scandale, Léa Fazer, Genevoise montée à Paris, réalise avec Notre Univers impitoyable un second long-métrage autrement probant!

Margot (Alice Taglioni) et Victor (Jocelyn Quivrin) forment un jeune couple aimant à qui tout semble réussir. Avocats, ils travaillent en harmonie dans un important cabinet d’affaires parisien, jusqu’au jour où l’un de leurs deux dirigeants décède d’une crise cardiaque. Margot et Victor entrent en concurrence pour le remplacer. La réalisatrice développe alors deux récits en forme d’hypothèse. Dans l’un, Margot décroche le poste suprême; dans l’autre, c’est Joël qui est nommé.

Par le biais d’un montage virtuose, Fazer bascule sans cesse d’un récit à l’autre, un dialogue ou une situation clef faisant office de pivot. Au-delà de sa satire très grinçante, son film pointe le mépris généralisé qui semble être la règle dans ce genre de milieu. Notre jeune couple aura de la peine à y résister, tant dans la première que dans la seconde hypothèse! Sur un rythme trépidant, qui rappelle les comédies de l’âge d’or hollywoodien, le pamphlet amusé de Fazer démontre que les femmes ont sans doute plus à perdre qu’à gagner à se frotter à cet «univers impitoyable»!

Vincent Adatte

Avec Alice TAGLIONI, Jocelyn QUIVRIN, Thierry LHERMITTE * Age légal 12 ans / suggéré dès 16 ans

Nim est le nom d’une petite fille âgée de dix ans. Elle vit avec son père biologiste esseulé sur une île déserte qui constitue un véritable paradis tropical. La fillette a pour compagnons de jeu un pélican, un iguane et une otarie. Les événements se précipitent le jour où son père est retenu en haute mer, suite à une tempête.

Se sentant abandonnée, Nim appelle à la rescousse son héros favori, Alex Rover, dont elle dévore les aventures. A sa place, elle voit débarquer la romancière qui a engendré son personnage de prédilection. Agoraphobe, terrorisée par le moindre imprévu, Alexandra Rover n’a vraiment rien d’héroïque. Pour ne rien arranger, une horde de touristes cornaquée par un promoteur imbécile envahit l’île, au point de menacer son équilibre écologique…

Avec une Jodie Foster en contre-emploi parfait dans le rôle d’une femme de lettres pusillanime, L’île de Nim est un divertissement familial bienvenu qui, en plus de trousser fort habilement un récit d’aventures plein de surprises, initie avec talent et fantaisie le jeune public à une figure de style comme la mise en abîme…Adaptée du roman de l’Américaine Wendy Orr, l’une des bonnes surprises de ce printemps cinématographique!

Adeline Stern

Avec Jodie FOSTER, Gerard BUTLER, Abigail BRESLIN * Age légal 7 ans / suggéré dès 7 ans

A l’occasion de la Journée des Réfugiés, dimanche, le film sera précédé d’une collation offerte dès 19h…

Salué par une critique unanime à Locarno, le second long-métrage du réalisateur algérien Amor Hakkar a le don rare de rendre heureux son spectateur… Au cœur du massif désertique des Aurès, la police vient apprendre à Mouloud Boulem la mort accidentelle de son fils aîné parti au service militaire. Courageux et déterminé, ce paysan berbère se rend en ville récupérer la dépouille de son enfant, n’hésitant pas à braver tous les interdits pour l’enterrer dans sa terre natale.

En paix avec sa conscience, Mouloud peut désormais se consacrer à une tâche bien plus ardue. Confronté au chagrin infini de sa femme, Mouloud va essayer par tous les moyens de lui redonner le sourire, même si le pharmacien du coin lui assure «qu’il n’y a pas de médicament qui soigne la tristesse»…

Parti en France à l’âge de six mois, le cinéaste a puisé dans son propre vécu la matière de cette œuvre puissante et laconique où la musique joue un rôle essentiel. Voilà quelques années, Hakkar a dû lui-même ramener de France le corps de son père dans les Aurès, son lieu d’origine. Au cours de son périple, il a été frappé par des élans de solidarité souvent anonymes.

Adeline Stern

Avec Aya HAMDI, Amor HAKKAR, Tounés AIT-ALI * Age légal 16 ans / suggéré dès 16 ans * Prix Oecuménique et Prix du Jury des Jeunes Festival de Locarno 2007 * Palme d'or Festival du film de Valence 2007 * VO sous titrée

Produite par HBO, la chaîne télé iconoclaste par excellence, Sex And The City a décomplexé son monde entre 1998 et 2004, au gré de 94 épisodes tournés sur les lieux mêmes de l’action, autrement dit Manhattan.

Adaptée des chroniques de la journaliste Candace Bushnell, cette série urbaine a eu le mérite de briser un tabou: la sexualité des femmes, mais abordée de leur point de vue, par le biais de conversations souvent très piquantes, émaillées de termes qui n’avaient encore jamais été entendus sur le petit écran, tels que «sodomie» ou «éjaculation précoce». Dans la version cinématographique concoctée à Hollywood, le spectateur retrouvera nos quatre célibataires, les Miranda, Samantha, Charlotte et autre Carrie, toujours en proie au grand dilemme de leur ère, trouver le grand amour, sans pour autant renoncer à leur indépendance…

Comme dans la série, Carrie Bradshaw (Sarah Jessica Parker) est l’alter ego de Miss Bushnell. Pour écrire sa chronique justement intitulée Sex And The City, elle puise son inspiration dans les aventures et mésaventures de ses trois amies les plus chères. Avis aux amateurs, il y a du mariage dans l’air. Entre nous, le beau Preston (alias Mr Big pour les intimes de la série) est une victime toute désignée!

Vincent Adatte

Avec Sarah Jessica PARKER, Kim CATTRALL, Cynthia NIXON