Autoportraits dans la marge…
La projection sera suivie d’une discussion et d’un apéritif. Entrée libre, chapeau à la sortie.
« Drogué », « camé », « toxico », « junkie ». Ces termes sont autant de filtres qui empêchent un accès nuancé à la personne toxicomane et la figent dans l’uniformité de la stigmatisation sociale. La question est alors de savoir comment réussir à dépasser ces obstacles, à escamoter d’emblée toute la panoplie de connotations associées à la dépendance.
Grace à un dispositif spécial, cette projection se propose de contrecarrer et dépasser l’écran d’idées reçues et de conventions qui s’interpose et empêche toute forme de proximité…
Une expérience puissante à ne pas rater !
Adeline Stern
Geronimo
Dans un paysage de HLM dévastés, une jeune fille en robe de mariée court à en perdre haleine. Surgit celui qu’elle aime d’un amour inconditionnel, qui l’emporte sur sa moto. Adolescente turque promise à un mariage forcé, Nil déclenche par sa fugue une guerre des clans, car Lucky, son «ravisseur», est un gitan. Educatrice de rue au caractère bien trempé, Geronimo (formidable Céline Salette) va tout faire pour éviter le drame…
Mû par une énergie brute, le 17e long-métrage de Toni Gatlif est une tragédie déboussolée qui restitue avec une empathie jamais feinte la vitalité désespérée d’une jeunesse sans repères. Gatlif sait de quoi il parle: au temps de son adolescence à problèmes, il se souvient avoir été aussi sauvé de lui-même par un éducateur.
Rythmé par une musique qui pulse hip-hop, «türk pop» et flamenco, «Geronimo» chorégraphie les antagonismes communautaires à la manière d’un «West Side Story» convulsif et combien actuel.
Vincent Adatte
Gone Girl
En sept long-métrages, David Fincher est devenu l’un des cinéastes américains les plus intéressants du moment, surtout après «Zodiac» (2007). Avec «Gone Girl», tiré du thriller déjà très retors de la romancière Gillian Flynn, qui en signe l’adaptation, le réalisateur de «Seven» et «The Social NetWork» monte encore plus haut dans notre estime de cinéphile…
Le matin de leur cinquième anniversaire de mariage, Amy (Rosamund Pike) disparaît. Son mari, Nick (Ben Affleck) devient vite un suspect idéal, car il n’arrive pas vraiment à se composer l’air affligé voulu par les médias qui se sont emparés de l’affaire…
Avec une aisance diabolique, Fincher transpose sur grand écran tout son art de la série télévisée (dont il avait fait montre sur «House of Cards»). Multipliant les rebondissements et coups de théâtre, il livre en sus une vision très peu amène de la déchéance du rêve américain, cuit et recuit par le voyeurisme médiatique qui nous dicte nos conduites…
Adeline Stern
Z’Alp Transhumance
Dimanche 2 novembre, ce film sera suivi d’une discussion avec le réalisateur puis d’un brunch. Renseignements et réservations au 079 797 26 15.
«Uffahre», «Züglete», «Öberefahre»... Chaque région de Suisse a ses mots pour désigner l’événement le plus exaltant de la vie paysanne: l’inalpe. Le réalisateur accompagne trois familles dans la transhumance de leurs troupeaux, qui les mène en altitude à l’alpage, leur résidence d’été… Dans des paysages sublimes, le cinéaste Thomas Rickenmann fait l’éloge d’une vie en harmonie avec la nature, dans la tradition la plus pure du «Heitmafilm».
Adeline Stern
Annabelle
Samedi 1er novembre Spécial Halloween ! Projeté à 23h59, ce film sera précédé de Dracula Untold puis d’un buffet…
Mari très aimant, John offre à sa femme enceinte une poupée ancienne, habillée d’une robe de mariée immaculée. Tout d’abord ravie par ce cadeau, Mia va vite déchanter. La présence de la poupée va en effet créer de très mauvaises ondes! Par une nuit d’épouvante, les membres d’une secte satanique s’introduisent dans la maison et agressent sauvagement le couple, donnant de surcroît vie à une créature monstrueuse, Annabelle… Le film rêvé pour Halloween!
Adeline Stern
Dracula Untold
Samedi 1er novembre Spécial Halloween ! Projeté à 20h30, ce film sera suivi d’un buffet puis à 23h59 de Annabelle…
Soucieux de sauver son peuple de l’envahisseur ottoman, qui lui réclame mille jeunes garçons pour grossir les rangs de son armée, le Prince Vlad Tepes (Luke Evans) pactise avec les forces du mal, au risque de devenir Dracula, le premier vampire du XVe siècle et développer une appétence irrésistible pour le sang frais… Une relecture à grand spectacle du roman de Bram Stoker, très éloignée des caricatures charriées à longueur d’écrans par le cinéma.
Adeline Stern
Black Coal
En 1999, un employé d’une carrière minière est assassiné et les morceaux de son corps démembré sont retrouvés, dispersés sur des tas de charbons aux quatre coins de la Mandchourie. Chargé de l’enquête, l’inspecteur Zhang échoue à élucider cette bien sombre affaire.
Cinq ans plus tard, le policier a quitté ses fonctions. Devenu agent de sécurité, il essaye de convertir les ouvriers d’une usine à la bonne observance du règlement de sécurité, tout en picolant plus que de raison, jusqu’au jour où il apprend que deux nouveaux meurtres ont été perpétrés, ces derniers semblant impliquer l’épouse de la première victime…
Après «Touch of Sin» de Jia Zhangke, l’extraordinaire «Black Coal» de Diao Yinan, justement récompensé à Berlin, démontre que le cinéma chinois s’est magistralement approprié les codes du film noir, pour en faire le révélateur de la déréliction d’une société malade de sa «croissance à tout prix».
Vincent Adatte
Gemma Bovery
Voilà sept ans, Martin (grandiose Fabrice Lucchini) a quitté Paris pour reprendre la boulangerie paternelle dans son village natal de Normandie. Depuis lors, il y s’ennuie à mourir, exception faite des moments où il peut écouter sur France Culture des émissions à propos de «Madame Bovary», son roman préféré entre tous!
Or voilà qu’un jour, un couple d’Anglais s’installe dans la maison d’à côté. Martin n’en croit pas ses yeux et ses oreilles! L’homme s’appelle Charles Bovery (Jason Flemyng), et la femme, Gemma (Gemma Atterton). Quoique approximative, cette homophonie, est une aubaine pour Martin qui va prêter à Gemma l’insatisfaction tragique de l’héroïne de Flaubert.
Cultivant sa fibre férocement tragicomique, la réalisatrice de «Comment j’ai tué mon père», «Mon pire cauchemar» et «Perfect Mothers» réactualise à plaisir ce chef-d’œuvre de la littérature à travers le fantasme déformant de son protagoniste frustré… Un monument de drôlerie acerbe!
Vincent Adatte
Shell
Agée de dix-sept ans, Shell vit et travaille avec son père dans un garage-station-service isolé dans les Highlands écossaises. Hormis quelques habitués, dont un ouvrier attiré par la jeune fille, et les rares clients de passage, elle ne voit que son père, introverti et épileptique, auquel elle est restée dévouée depuis le jour où sa mère les a quittés.
Au-delà de son prénom, qui la prédestinait à se morfondre devant une pompe à essence, l’adolescente se demande comment elle arrivera un jour à se défaire de ce père fragile qui lui inspire des sentiments confus et contradictoires…
Ce premier long-métrage de Scott Graham, un jeune cinéaste écossais très talentueux, fait le portrait complexe d’une adolescente atypique et esseulée, sans jamais frôler un seul instant le voyeurisme et le manichéisme facile… En résulte une vraie réussite dont l’amertume formatrice n’est pas sans faire penser à «Fish Tank» d’Andrea Arnold.
Adeline Stern
Samba
Après «Intouchables» (2011), Eric Toledano et Olivier Nakache persistent et signent dans leur veine généreuse avec «Samba». Sénégalais en France depuis dix ans, Samba (Omar Sy) s’efforce par tous les moyens de faire régulariser sa situation. Cadre supérieure dévastée par un burnout, Alice (Charlotte Gainsbourg) tente de se réparer en travaillant comme bénévole dans une association de défense des sans-papiers. Auront-ils droit au bonheur ?…
Adeline Stern