Edito - 2 mars 2009
- Que la lumière soit ! tu prendras bien quelque chose ?
- Oui ! Viens, on va en profiter pour regarder ce que nous promettent les prochaines semaines…
- D’accord, tu as pris le programme ? Voyons un peu. Une chose est sûre : on va avoir du blé à moudre.
- Ça menace d’être passionnant ; rien que le premier déjà : « Sept vies » regarde-moi cette affiche, ça ne te rappelle pas quelqu’un ?
- Si ! La Grande Amérique en costard !
- Je lis le synopsis. C’est assez frappant : un noir américain, riche et puissant, qui culpabilise et tente de se racheter une bonne conscience… tu crois que ça aurait un rapport avec la nouvelle administration post Bush ? Sait-on jamais et c’est un italien qui en parle !
- Un européen qui montre un américain qui se rachète… ça aussi ça va faire du blé, mais au box office cette fois ! Vont-ils réussir à rentabiliser un « mea-culpa » ? ça ne m'étonnerait qu'à moitié !
- Oui, je me réjouis de voir ce qu’ils vont en faire, c’est quoi la deuxième proposition ?
- Voyons voir... cette fois c’est quelqu’un de chez nous et qui vient nous rendre visite en plus !
- Chouette ! J’aime bien ces soirées interactives, sans compter qu'on est pas nourris "que" intellectuellement, il y a toujours quelque chose de bon à se mettre sous la dent…
- Tu crois que ce sera de la cuisine chinoise cette fois ? Ils jouent avec des baguettes sur l’affiche !
- Pour la cuisine, je ne peux pas le dire, mais d’après ce que je lis, ce film-là, c’est encore une histoire de chute et de rédemption, de pouvoir… et de tricherie ! C’est décidément un thème d’actualité ; le mensonge ne serait-il bientôt plus une preuve d’intelligence supérieure ? Va falloir trouver autre chose...
- Faire travailler nos neurones peut-être… dis donc, puisque nous sommes si fort pour parler d’intelligence... as-tu pensé à relever les titres pour transmettre nos impressions aux amis d’une manière un peu plus précise ?
- Bien sûr, il leur suffit de cliquer sur « programme » juste en haut à gauche de l’écran. Et toi ? puisqu’on parle de tricherie… c’était pas ton tour de payer les cafés ?
- Ça sonne, on y retourne ?
Edito - 19 janvier 2009
Les moments inoubliables vécus en 2008 lors de notre dixième année d’exploitation, le soutien sans faille de nos partenaires ainsi que le nombre d’entrées en constante et significative progression, nous incitent à poursuivre nos efforts. En conséquence, de grandes surprises nous attendent au Royal tout au long de cette nouvelle année!
En effet, de nombreux cinéastes viendront nous «rencontrer» : Frédéric Gonseth, Frédéric Baillif, Lionel Baier, Dominique de Rivaz et Denis Rabaglia ont déjà rendez-vous… Et tout bientôt, un week-end spécial Bollywood, une soirée Chilienne, sans oublier tous ces films étonnants, touchants, drôles ou bouleversants programmés ces prochains temps…
A rajouter à cela, notre nouveau lieu d’accueil et notre nouveau site Internet… 2009 sera, sans aucun doute, une nouvelle année de plaisir et de découverte! A bientôt, au Royal, et que vive le cinéma!
Adeline Stern
Pascal Couchepin fête les dix ans du cinéma Royal
L'histoire veut que Pascal Couchepin n'ait pas hésité une seconde lorsque l'invitation de la coopérative qui exploite le cinéma Royal de Sainte-Croix lui est parvenue. Le président de la Confédération a aussitôt accepté cette carte blanche cinématographique et choisi Un homme doit mourir, de Jules Dassin (1956), adapté d'un roman de Nicos Kazantzakis. Un film sur l'intolérance dont l'histoire se passe en Grèce au début des années 1920.
24Heures | ISABELLE BIOLLEY
Les films comme outil pédagogique
«Le cinéma ne sert pas seulement à donner du plaisir, mais il fait aussi grandir, évoluer, devenir moins con.» C'est à cette mission pédagogique qu'Adeline Stern se consacre depuis plus d'une décennie. Ainsi, elle a rejoint la Lanterne magique, un ciné-club pour enfants, en 1995, où elle a animé théâtralement les séances, avant de s'investir davantage dans le sujet en rejoignant la section pédagogique dont elle est aujourd'hui la responsable
24Heures | THOMAS VON ALLMEN
A pigeon sat on a branch reflecting on existence
Réalisateur suédois à l’originalité radicale, Roy Andersson cultive une fibre misanthropique paradoxalement très revigorante. Avec « Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence », ce natif de Göteborg qui vient de fêter ses 72 ans conclut provisoirement une trilogie irrésistible dont « Chansons du deuxième étage » (2000) et « Vous, les vivants » (2007) constituaient les deux premiers volets.
Auteur aussi indépendant qu’intransigeant, Andersson est son propre producteur. Installé dans son antre, le mythique Studio 24 au centre de Stockholm, il a élaboré pendant près de sept ans le puzzle absurde et fascinant de son septième long-métrage.
Procédant toujours par plans-séquences à la lenteur hypnotique, le réalisateur fige des scènes du quotidien où s’enlisent des personnages sans gloire provenant de diverses époques, dont un roi roux et inverti, des esclaves noirs et quelques représentants en farces et attrapes. Un condensé exquis d’absurdité existentielle !
Vincent Adatte
Mad Max : Fury Road (3D)
En 1979, le cinéaste australien George Miller faisait naître l’impitoyable « Mad Max », justicier ténébreux et motorisé roulant à tombeau ouvert sur les routes d’une planète terre désertique, confrontée à une pénurie d’essence inéluctable.
En 1981 et 1985, le même Miller rajoutait deux volets supplémentaires à l’une des dystopies (contre utopie) parmi les plus emblématiques du vingtième siècle finissant, toujours avec son compatriote Mel Gibson dans le rôle titre. Quelque trente ans plus tard, à plus de septante balais, le cinéaste « aussie » lui ajoute un codicille des plus impressionnant avec « Mad Max : Fury Road », en 3D qui plus est !
Présenté hors compétition à Cannes, ce quatrième « road-movie » futuriste voit donc Max toujours aussi Mad (joué désormais par Tom Hardy) reprendre du service, embarqué malgré lui dans la bande foldingue de l’Impératrice Furiosa. Entre auto-hommage virtuose et « reboot » implacable, oublieux de toutes les limitations de vitesse !
Vincent Adatte
Un homme idéal
L’insipide Mathieu Vasseur (Pierre Niney) gagne très piètrement sa vie en débarrassant des appartements. Rêvant de devenir écrivain, le jeune homme rédige des essais médiocres que les maisons d’édition se refusent à raison de publier.
Tout change le jour où Mathieu déniche le manuscrit d’un ancien soldat de la guerre d’Algérie. Ni une ni deux, le plumitif plagie le texte à la lettre et en tire un best-seller. Désormais riche, célèbre et fiancé à une jeune femme de bonne famille, le plagiaire se retrouve pris au piège de son propre mensonge tandis que tout le monde attend avec impatience son deuxième roman.
Après « Captifs » (2009), un thriller psychologique impressionnant d’efficacité, le jeune réalisateur français Yann Gozlan réussit à conférer à son deuxième long-métrage des accents « hitchcockiens », qui ne sont pas sans rappeler les romans de Patricia Highsmith, grande spécialiste de l’usurpation… À découvrir !
Adeline Stern
Caprice
Reconnu comme un expert en lapsus amoureux, le réalisateur d’« Un baiser s’il vous plaît », de « Fais-moi plaisir » et de « L’Art d’aimer » nous fait aujourd’hui un petit « Caprice » doux-amer, où il poursuit avec beaucoup de grâce son étude des petits désastres passionnels.
Instituteur divorcé un brin velléitaire, Clément (Emmanuel Mouret tel qu’en lui-même) ne rate pas une présentation de la pièce de théâtre que joue Alicia (Virginie Efira) qu’il admire et désire à distance. À plusieurs reprises, l’amoureux transi se retrouve assis à côté de Caprice (Anaïs Demoustier), une jeune femme qui tente de percer comme comédienne. Peu après, par un heureux coup du sort, Alicia devient sa compagne.
Renouant avec la comédie sophistiquée chère à Ernst Lubitsch, Howard Hawks et Billy Wilder entre autres, Mouret échafaude alors un chassé-croisé sentimental à la légèreté trompeuse, comme en témoignera une conclusion du genre acidulée !
Adeline Stern
Taxi Téhéran
Condamné en 2010 à six ans de prison et à vingt ans d’interdiction de filmer, libéré sous caution en attendant d’être jeté en geôle, Jafar Panahi ne désarme pas ! Après le déjà bouleversant « Ceci n’est pas un film », tourné chez lui, en cachette avec un téléphone portable, cet immense réalisateur récidive avec « Taxi Téhéran ».
Avec trois mini-caméras installées à l’avant d’un taxi collectif qu’il conduit lui-même, le chauffeur-réalisateur met en scène divers clients pris en route. Chacun à leur manière, ils se révèlent emblématiques de la situation sociale et politique qui prévaut aujourd’hui en Iran.
Le symbole est très fort ! Relégué à la condition de simple taximan, Panahi n’en continue pas moins de tourner. Donnant volontairement l’impression d’un documentaire tourné et monté en direct, Panahi réussit à créer, depuis son taxi, un hors-champ vertigineux qui déconstruit avec humour, mais sans colère ni ressentiment, la censure, la corruption, les superstitions et préjugés imbéciles…
Vincent Adatte
La Promesse d’une vie
Acteur starifié à la silhouette massive reconnaissable entre toutes, l’Australien Russel Crowe (« Gladiator », « Robin des Bois », « Noé ») est passé derrière la caméra avec « La promesse d’une vie » dont le contexte historique parle particulièrement à ses compatriotes.
Tenu par une promesse faite à sa femme décédée, Joshua Connor quitte le bush en 1919 et rallie Istanbul au prix d’un très long voyage. Là-bas, il met tout en œuvre pour tenter de retrouver les dépouilles de ses trois fils portés disparus à la tristement célèbre bataille de Gallipoli, au cours laquelle périrent près de huit mille jeunes Australiens engagés sur le front de la Première Guerre mondiale.
Dans le rôle du « vieux type venu d’Australie pour chercher la tombe de ses fils », comme l’a écrit un fonctionnaire de l’époque, Crowe impose le respect. En paysan simple et tenace, pris dans les soubresauts d’un Empire Ottoman à l’agonie, il confère à cette fresque lyrique une dimension humaniste.
Adeline Stern