Shaun le Mouton – Le Film
Mouton à l’esprit très peu grégaire élevé dans l’écurie Aardman, Shaun fait ses débuts cinématographiques en 2007 dans «Rasé de près», une aventure des fameux Wallace et Gromit. Il est ensuite le protagoniste impavide d’une série télévisée où il entraîne ses comparses ovins pas très futes-futes dans des aventures nonsensiques qui, le plus souvent, les dépassent!
Aujourd’hui, c’est son jour de gloire: Shaun est le héros d’un long-métrage. Suite à une blague malencontreuse , le brave éleveur en charge de son troupeau se retrouve en ville. Frappé d’amnésie, il devient un coiffeur à succès, maniant la tondeuse comme personne! Partant à sa recherche, Shaun et les siens vont s’efforcer de le ramener à des préoccupations plus terriennes…
Experts en pâte à modeler poétique, les artistes des studios Aardman ont encore frappé, avec, au final, une vraie réussite dont la succession effrenée de gags évoque Tati, Chaplin ou Buster Keaton, sans oublier une multitude de savoureux clins d’œil!
Adeline Stern
Chappie
Récemment pressenti pour ajouter un cinquième épisode à la saga «Aliens», le cinéaste sud-africain Neill Blomkamp traite dans son troisième long-métrage de la problématique toujours plus aigu de l’intelligence artificielle.
Dans un futur plus trop lointain, alors qu’une brigade de police robotisée fait régner l’ordre dans le monde, deux criminels enlèvent un androïde, avant de le confier à un jeune scientifique idéaliste. Un brin subversif, ce dernier reprogramme entièrement le robot, en le dotant d’une conscience et de sentiments «humains».
Désormais sujet aux émotions, le dénommé Chappie exerce sa faculté de penser et de ressentir plus que de raison. Il devient dès lors une menace pour le régime totalitaire en place, lequel ne tarde pas à lui envoyer ses sbires, histoire de rétablir le règne de «la pensée unique»… Le réalisateur des déjà très réussis «District 9» (2009) et «Elysium» (2013) réussit à nouveau à nous faire humer un air du temps pas si futuriste que cela!
Vincent Adatte
Iranien
Jeudi 2 avril à 20h, ce film sera suivi d’une discussion avec le réalisateur, puis du verre de l’amitié et de la tolérance…
Après le fascinant «Bassidji» (2009), qui tentait de comprendre de l’intérieur les motivations des redoutables milices de la République islamique, le cinéaste documentaire Mehran Tamadon continue d’aller à la rencontre de ses ennemis, comme il le dit lui-même, à propos de son dernier film.
Adepte de la proximité avec l’adversaire, cet athée fils de communiste vivant en France s’est cette fois enfermé avec quatre mollahs dans son chez-lui près de Téhéran, pour parler du «vivre ensemble». Dans le salon du réalisateur, se pratique alors une sorte d’atelier de «tolérance».
Avec patience, Tamadon essaye de lutter avec les mots, seul contre quatre religieux qui pensent triompher facilement de l’impudent. Qui sort vainqueur de cette joute vive et spirituelle, qui suscite parfois le rire, mais aussi la peur, tant elle s’apparente à un jeu de chats et de souris? Il revient au spectateur de le déterminer, mais une chose est sûre, «Iranien» ne sera jamais montré en Iran, ou alors sous le manteau…
Vincent Adatte
108 Rois-Démons
Depuis sa magnifique adaptation de l’album d’Hugo Pratt, «Corto Maltese en Sibérie», en 2002, nous n’avions plus eu de nouvelles du cinéaste d’animation français Pascal Morelli… Il nous revient aujourd’hui avec une œuvre hors-norme, tirée d’un fragment d’«Au bord de l’eau», immense roman d’aventures chinois, issu de la tradition orale et attribué à Shui-hu-zhuan, écrivain du XIVe siècle.
Le cinéaste construit son récit autour de l’assassinat de l’Empereur de Chine et du sort de son héritier, le jeune prince Duan. Petit obèse capricieux en habits de soie, ce dernier manque de se faire tuer. Pour survivre, le Prince fait alors alliance avec des hors-la-loi haut en couleur, les Rois-démons, auprès desquels il va apprendre à devenir un jeune homme vertueux… et mince!
Créateur à part dans l’univers du «dessin animé», Morelli tire de cette matière épique un film d’animation du genre renversant, une véritable explosion visuelle à découvrir séance tenante et en famille.
Vincent Adatte
Phoenix
Après «Barbara» (2012), qui décrivait les aléas de la surveillance des Allemands de l’Est par la Stasi, le réalisateur Christian Petzold poursuit son exploration de l’histoire de son pays… Laissée pour morte après avoir reçu une balle dans la tête, la chanteuse juive Nelly Lenz (Nina Hoss) réchappe miraculeusement de l’horreur de la solution finale en juin 1945.
Défigurée, Nelly apprend alors qu’elle est la seule survivante et donc l’unique héritière de sa famille déportée à Auschwitz. Après avoir subi une opération de reconstruction faciale en Suisse, elle repart à la recherche de son mari, Johnny (Ronald Zehrfeld), dans Berlin en ruines.
Lorsqu’elle le retrouve, Johnny ne la reconnaît pas, mais, frappé par la ressemblance, il lui offre de prendre la place de sa femme, qu’il croit morte, histoire de mettre la main sur sa fortune… Entre drame éloquent et mélodrame assumé, une œuvre de mémoire d’une rare intensité, qui renoue avec le cinéma démystificateur du grand Fassbinder.
Adeline Stern
Inherent Vice
Après les formidables «There Will Be Blood» (2007) et «The Master» (2012), le cinéaste américain Paul Thomas Anderson continue d’élaborer une œuvre cinématographique majeure et sans pareille avec l’adaptation d’un roman-fleuve de son compatriote Thomas Pynchon, écrivain mythique s’il en est!
Dans le Los Angeles des années septante, un détective hippie, «Doc» Sportello (Joaquin Phoenix), gros consommateur de drogues hallucinogènes, est chargé par son ex, Shasta Fay, de retrouver son amant, un promoteur immobilier milliardaire, Mickey Wolfmann, probablement interné par sa femme dans un mystérieux asile…
Avec un plaisir non dissimulé, le réalisateur de «Magnolia» (1999) nous égare dans un polar «vintage» de haut vol, s’employant à éliminer tous les liens de causalité qui font normalement autorité dans le genre… En résulte un véritable film-ovni qui confronte des visions du monde délicieusement incompatibles, entre surfeurs en fuite et dentistes maffieux… A voir pour y croire!
Vincent Adatte
Le Dernier Loup
En 1967, alors qu’ils règnent en maîtres sur les steppes de Mongolie, les loups traquent des troupeaux d’antilopes pour les embourber dans la glace des marécages. Hélas, ce gigantesque réfrigérateur à ciel ouvert, qui garantit leur survie, est menacé par des hommes peu scrupuleux…
Partant de cette image extraordinaire, Jean-Jacques Annaud raconte l’histoire de Chen Zhen, un jeune étudiant originaire de Pékin venu enseigner le chinois aux enfants d’une tribu de nomades. Initié à un mode de vie qui lui est parfaitement étranger, Chen découvre l’importance des valeurs communautaires, mais surtout la puissance du rapport qui lie les bergers aux loups des steppes. Fasciné par cette dévotion mêlée de crainte, il décide d’adopter et d’élever un louveteau…
Avec «Le Dernier Loup», adapté du best-seller de l’écrivain chinois Jiang Rong, le réalisateur de «L’Ours» (1988) réussit un très beau film d’aventures au cœur des grands espaces mongols.
Adeline Stern
Birdman
Riggan Thomson a connu la célébrité en interprétant à trois reprises le rôle de «Birdman», un super héros volant, qui lui a valu une notoriété mondiale. Vingt ans plus tard, il veut faire son come-back, mais sur les planches, histoire de prouver qu’il est un véritable acteur.
Pour arriver à ses fins, Riggan a loué le Saint James Theater, sis sur Times Square, la Mecque du théâtre new-yorkais. Mais à quelques jours de la première, le voilà saisi par le doute. Confiné dans le théâtre, il doit alors composer avec ses partenaires de jeu, son producteur et sa fille, toute fraiche émoulu d’une cure de désintoxication, dont il a fait sa «conseillère personnelle».
Par le biais de plans-séquences virtuoses, le cinéaste mexicain Alejandro González Iñárritu («Amours chiennes», «Babel», «Biutiful») filme ce microcosme perturbé en glissant peu à peu dans le fantastique. L’acteur Michael Keaton (qui a connu pareil destin avec Batman) y est formidable de fragilité!
Vincent Adatte
Souvenir de Marnie
Petite orpheline introvertie aux allures de garçon manqué, Anna est envoyée au bord de la mer pour soigner son asthme. En traînant son mal-être et son carnet à dessin dans les forêts et les marais environnants, elle fait la connaissance de Marnie, mystérieuse fillette qui lui semble étrangement familière...
Réalisateur du déjà très réussi «Arrietty, le petit monde des chapardeurs» (2010), Hiromasa Yonebayashi nous offre une nouvelle rêverie fantastique, produite par les mythiques studios Ghibli, qui fait irrésistiblement songer à l’univers béni des dieux de l’animation de ses deux fondateurs, les géniaux Hayao Miyazaki («Le vent se lève») et Isao Takahata («Le conte de la princesse Kaguya»).
Adapté d’un classique de la littérature anglaise pour enfants, ce film d’animation de toute beauté traite de façon bouleversante de l’amour filial et du deuil de l’enfance. Las, il se murmure qu’il pourrait bien être le dernier long-métrage jamais produit par les studios Ghibli…
Adeline Stern
Divergente 2 : L’insurrection (3D)
Second volet de l’adaptation cinématographique de la trilogie d’anticipation écrite par Veronica Roth pour les adolescents et les jeunes adultes, «Divergente 2 : L’Insurrection» complique encore le jeu, pour le plus grand plaisir du spectateur amateur de dystopies post-apocalyptiques.
Ce qui reste de notre pauvre monde a été réorganisé autour de cinq factions, les Audacieux, les Erudits, les Altruistes, les Sincères et les Fraternels. Esprit très rebelle du premier épisode, Béatrice, alias Tris, a mis à jour un complot ourdi par la faction dominante des Erudits, dirigée par la redoutable Janine.
Abandonnant une ville à feu et à sang, à la recherche très hypothétique d’alliés, Tris est désormais considérée comme une Divergente et est traquée sans merci par les autorités. Pour l’anéantir, Janine décrète ni plus ni moins la loi martiale! Entre amour et amitié, haine et trahison, notre jeune héroïne va devoir surmonter bien des épreuves…
Vincent Adatte