Après «J’ai tué ma mère» (2009), récit d’un matricide fantasmé, «Les Amours imaginaires» (2010), romance pop de jeunesse, et «Laurence Anyways» (2012), récit bouleversant d’un changement de sexe, le très jeune réalisateur québécois Xavier Dolan se frotte à un nouveau registre avec «Tom à la ferme», thriller psychologique impressionnant!

Publicitaire branché, Tom (Xavier Dolan) se rend en rase campagne pour assister aux obsèques de Guillaume, son petit ami mort quelques jours plus tôt dans un accident de la route. Arrivé à la ferme familiale, Tom constate que la mère de son compagnon ignore tout de l’homosexualité de son fils, maintenue qu’elle est dans le mensonge par un aîné brutal et pour le moins menaçant (Pierre-Yves Cardinal).

S’institue alors entre les deux hommes une relation ambiguë, danse de mort et d’amour mêlés… A vingt-quatre ans à peine, Dolan  signe un troisième long-métrage sidérant de tension, en attendant le suivant qui sera présenté à Cannes en compétition!

Vincent Adatte

En VO sous-titrée le 22 mai à 20h00 / En version française le 25 mai à 16h00 ainsi que le 1er juin à 16h00

D’origine flamande, le réalisateur français Philippe Muyl s’est fait connaître avec «Cuisine et Dépendances» (1992), une comédie écrite par Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, avant de remporter un incroyable succès en Chine avec «Le Papillon» (2002), ce qui lui a ouvert toutes grandes les portes de la production au cœur de l’empire du Milieu…

Avant le décès de son épouse, Zhigen, un vieux paysan chinois, lui a promis de regagner leur village natal afin de libérer de sa cage leur oiseau préféré. Alors qu’il prévoyait de faire ce périple en solitaire, on lui confie la garde de Renxing, sa petite-fille, plus habituée au confort de la ville qu’à la vie à la campagne…

Restituant la complexité fascinante de la culture chinoise, «Le Promeneur d’oiseau» est un film poétique et coloré, serti d’une rare délicatesse, qui rappelle l’importance des liens familiaux et thématise habilement les modes de consommation modernes. Un récit initiatique intergénérationnel, à découvrir en famille. Attention, choisissez bien votre version : parlée français ou parlée mandarin sous-titrée français…

Adeline Stern

Dimanche 18 mai, soirée «Au Fil des saisons» le film sera précédé d’un menu thématique proposé par Charly Lanthier puis suivi d’une discussion avec le réalisateur Philippe Grand.

Pendant une année et demi, au fil des saisons, des jours et des nuits, le réalisateur suisse Philippe Grand a filmé un terrain vague d’un hectare à peine, après s’être donné quelques règles: pas de commentaire, pas de lumières additionnelles et encore moins d’effets spéciaux, des plans cadrés à hauteur d’homme et le plus souvent fixes, ne jamais tourner depuis l’extérieur du terrain vague, etc.

Si cette démarche peut paraître anodine au premier abord, le film essai qui en résulte se révèle absolument sidérant, débouchant sur une expérience perceptive sans pareille. Magnifié par la caméra, le microcosme exploré par le cinéaste recèle en effet des richesses inépuisables, que l’on réapprend à «regarder» : les plantes, les animaux, l’action du vent, la neige ou la pluie qui tombe…

Le tout forme alors un véritable poème cinématographique qui fait l’éloge patient de la puissance sans égale de la nature, bref une véritable aventure du regard, à tenter les yeux grand ouverts!

Vincent Adatte

Historienne spécialiste de la condition des femmes au Moyen-Age, Joséphine (Julie Depardieu) est dans les faits une mère de famille dépassée et fauchée. Tandis que son mari la quitte, sa sœur Iris (Emmanuelle Béart), une mondaine aisée et futile, la persuade d’écrire un livre à sa place, contre rétribution.

Joséphine accepte le marché, rédige le bouquin que signe sa sœur, avec, à la clef, un succès inattendu qui va bouleverser leur relation… Très finement adaptée du premier roman de la trilogie à succès de Katherine Pancol («Les yeux jaunes du crocodile», «La valse lente des tortues» et «Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi»), cette comédie aigre-douce réalisée par la Belge Cécile Telerman crépite de répliques aussi lucides que cinglantes!

La cinéaste bénéficie également d’une distribution féminine étincelante, à commencer par Julie Depardieu, troublante de justesse, et Emmanuelle Béart, particulièrement à l’aise dans son rôle de blonde superficielle.

Adeline Stern

Comment donner du sang neuf à une série de films devenue culte ? Le second épisode du reboot (littéralement : redémarrage) de la saga initiée en 2002 par le génial Sam Raimi relève le défit en faisant évoluer son protagoniste dans un nouvel environnement narratif.

Peter Parker alias Spider-Man (Andrew Garfield) n’est plus un adolescent vivant péniblement sa puberté, mais un jeune homme beaucoup plus sûr de lui, qui ne rougit plus devant les filles… Côté narration, le cinéaste Mark Weber opte pour le foisonnement typique de la série, avec non plus un mais deux méchants.

Parker va donc avoir à faire à forte partie. D’une part, il devra mettre fin aux nuisances  d’Electro (Jamie Foxx), condensé monstrueux de ressentiment et de frustration. De l’autre, l’homme-araignée aura à se méfier de l’un de ses meilleurs amis. Atteint d’une maladie dégénérative incurable, le jeune milliardaire Harry Osborn (Dane Dehaan) est en effet persuadé que le sang mutant de Parker peut le guérir…

Adeline Stern

Junior est un garçon de neuf ans qui vit à Caracas dans un immeuble délabré avec sa mère et son petit frère de deux ans. Il a les cheveux frisés, mais les aimerait à tout prix lisses, au grand dam de sa génitrice qui voit dans ses coquetteries les signes d’une possible homosexualité.

Totalement dépassée, elle craint que son fils ne soit pas assez endurci pour survivre dans un quartier aussi machiste que le leur… Suivant ses personnages parmi les HLM surpeuplés de la capitale vénézuélienne, la réalisatrice Mariana Rondón décrit en creux les conflits résultant de la pauvreté et s’interroge de façon passionnante sur l’identité sexuelle et le poids des modèles traditionnels.

Porté par le jeune Samuel Lange, parfait dans son rôle à la fois innocent et ambigu, «Pelo Malo» dépasse alors le simple cadre de son histoire pour déboucher sur une allégorie imparable d’une société aliénée par la propagande, les régimes minceurs et le kitsch des telenovelas… Notre coup de cœur!

Vincent Adatte

Après le sexagénaire atrabilaire de  «Monsieur Schmidt» (2002), les vignobles acidulés de «Sideways» (2004) et le cocu émouvant en chemise à fleurs de «The Descendants» (2011), Alexander Payne confirme avec «Nebraska» tout son talent pour les comédies douces-amères et décalées.

Persuadé qu’il a gagné un million de dollars suite à un hypothétique tirage au sort par correspondance, Woody Grant, un vieillard à la raison vacillante, veut à tout prix se rendre à Lincoln, dans le Nebraska, pour y toucher son lot. Têtu, il multiplie les fugues, au désespoir de sa femme qui souhaiterait le placer dans un home.

Devant son obstination, son fils, un vendeur de hi-fi pas très futé, accepte de le conduire à destination, histoire de lui prouver qu’il a été abusé par une publicité aguichante. Durant le voyage le fiston s’efforce de renouer avec ce père qui n’aura été que déceptions… Dans le rôle du vieillard buté, l’acteur Bruce Dern est tout simplement inoubliable.

Vincent Adatte

Issus de la grande bourgeoisie catholique provinciale, Claude et Marie Verneuil (Christian Clavier et Chantal Lauby) sont des parents plutôt «vieille France».  Au fil du temps, ce couple un brin psychorigide a cependant été obligé de faire preuve d’une certaine ouverture d’esprit, avalant au passage quelques couleuvres de bonne taille!

Incroyable mais vrai, leur première fille a épousé un Musulman, la seconde un Juif, et la troisième, un Chinois… Imaginez leur bonheur quand leur bienaimée cadette leur annonce qu’elle s’est amourachée d’un bon catholique… Alléluia, enfin un mariage ordonné dans la religion «bien de chez nous»!

Réalisateur de «L’Elève Ducobu» (2010), le réalisateur et scénariste français Philippe De Chauveron signe avec «Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu», une comédie férocement communautaire, bien dans l’air du temps… Ce serait en effet en France que se célèbrent le plus de mariages mixtes au monde!

Adeline Stern

Tiré d’une série de dessins animés très populaire aux Etats-Unis, ce film d’animation 3D raconte les aventures d’un chien savant qui adopte un enfant. Prix Nobel, le canidé fait de son mieux pour l’élever. Pour le préparer à entrer à l’école, il lui construit une machine à voyager dans le temps… Instructif et souvent très drôle dans sa manière anachronique de traiter la grande Histoire (on passe sans crier gare de la Guerre de Troie à la Révolution française), un divertissement pour toute la famille!

Adeline Stern

Dimanche 4 mai à 11h, le film sera suivi d’une discussion avec le réalisateur et l’un des protagonistes, puis, pour ceux qui le désirent, d’un brunch.

Les hommes gravissent-ils les montagnes «parce qu’elles sont là», comme l’a déclaré un jour George Mallory, disparu en 1924 sur la crête de l’Everest ? Premier long-métrage du cinéaste suisse Matthias Affolter, «Montagnes-en-tête» essaye de cerner les motivations profondes de ces «conquérants de l’inutile», par le biais d’un portrait croisé de quatre alpinistes.

Fuite ou refuge dont l’immobilité grandiose rassure ou inquiète, que représente la montagne pour Dani Arnold, détenteur du record de vitesse de l’escalade de la paroi de l’Eiger, Stephan Siegrist qui s’efforce de concilier défis insensés et vie de famille, Jacques Grandjean, cristallier prêt à s’engager dans les fissures les plus exposée pour y dénicher les pierres les plus sublimes, ou encore Werner Munter, un vieux sage dont l’expertise est mondialement reconnue en matière de sécurité ?

Serties par des images d’une beauté sidérante, leurs réponses sont étonnantes… Un documentaire passionnant, qu’on ait ou non le vertige.

Vincent Adatte