mardi, 31 août 2010 16:09

L’Italien

Pour faire carrière, Mourad (Kad Merad) se fait passer pour Dino, un Italien bon vivant et plein de faconde. Sous cette fausse identité, il exerce ses talents à l’agence Maserati de Nice, se gardant bien de révéler cette usurpation peu glorieuse à sa famille qui habite la banlieue marseillaise.

Le jeu se complique le jour où son père Mohamed, victime d’une crise cardiaque, l’enjoint de respecter le ramadan tout proche. Pour tenir sa promesse, son fils consulte l’imam. Contraint de s’astreindre au jeune, à l’abstinence et à la prière, Mourad va alors avoir toutes les peines du monde à mener sa double vie…

Aussi hilarant soit-il, un film peut faire aussi réfléchir! En explorant une composante de la vie quotidienne que le cinéma français n’a jamais très bien su traiter, «L’Italien» se distingue du tout-venant de la comédie tricolore. Et dans la peau inconfortable d’un homme honteux de ses origines, Kad Merad n’a jamais été aussi bon!

Vincent Adatte

mardi, 31 août 2010 16:05

La régate

A quinze ans, Alex (Joffrey Verbruggen) vit seul avec son père, Thierry (Thierry Hancisse), un être aigri, travailleur précaire miné par la solitude et l’alcool. Lorsqu’il est ivre, Thierry frappe son fils.

Mais le jeune homme n’en souffle mot, encaissant les coups, car il comprend la détresse de son père en proie à un désespoir profond qui ne peut que se matérialiser dans la violence. En le dénonçant, Alex sait qu’il peut mettre fin à son épreuve, mais il ne peut s’y résoudre, car cela signifierait la rupture avec cet homme qu’il continue à aimer, malgré toute sa haine.

Ce dilemme, Alex essaye de l’oublier en misant tout sur sa carrière sportive. Classé meilleur espoir de son club d’aviron, il investit dans cette activité toute sa rage. Las, les coups que lui assène régulièrement son père l’empêchent de suivre tous les entraînements, au grand mécontentement de son entraîneur… Une première œuvre magistrale, d’une justesse psychologique imparable!

Adeline Stern

mardi, 31 août 2010 16:03

Inception

C’est le grand succès (mérité) de l’été ! Recherché aux Etats-Unis, où on l’accuse d’avoir tué sa femme, Dom Cobb (Leonardo DiCaprio) doit exercer à l’étranger ses talents très particuliers dans le domaine de l’espionnage industriel.

En mesure de pénétrer dans l’esprit de ses «victimes», Cobb a l’aptitude de créer des rêves que ses proies assoupies prennent pour la réalité. Faisant irruption dans cet univers chimérique, notre manipulateur a alors tout loisir de ravir leurs secrets les plus enfouis. Approché par un magnat japonais, il accepte d’investir le subconscient du futur héritier d’un empire industriel, dans le noir dessein de ruiner son négoce avant qu’il n’en prenne possession…

Le réalisateur de « Memento » (2000), «Prestige» (2006) et «The Dark Knight» (2008) nous précipite dans une mise en abîme vertigineuse. Enfin un «blockbuster» qui ne fait pas injure à l’intelligence du spectateur! Une interprétation des rêves à réveiller Freud, en personne…

Vincent Adatte

mardi, 31 août 2010 16:00

L’arbre

Samedi 11 septembre, le film sera précédé à 17h30 d’une conférence ayant pour thème « Mort, deuil et création » puis à 19h30 d’un repas.

Julie Bertuccelli n’est de loin pas une inconnue. En 2003, cette réalisatrice française formée à l’école du documentaire avait remporté le César du meilleur premier film avec «Depuis qu’Otar est parti» (vu à l’époque au Royal).

Présenté en clôture du dernier Festival de Cannes, son second long-métrage est tiré du roman «L’arbre du père» de Judy Pascoe. En Australie, Dawn (Charlotte Gainsbourg) et Peter (Aden Young) coulent des jours heureux avec leur quatre enfants, habitant à proximité d’un arbre géant. De son métier, déplaceur de maison, Dean succombe à un malaise au volant de son camion, lequel vient doucement heurter l’arbre, accolé littéralement à la maison.

Pour Simone, seule fille de la fratrie, c’est un signe. La petite commence alors à entretenir une relation très particulière avec cet arbre, car elle croit y entendre la voix de son père… Sur les thèmes de la résilience, du travail de deuil, un grand film tout de sensibilité, qui apaise et réconcilie. Forcément, notre coup de cœur!

Adeline Stern

mardi, 31 août 2010 15:56

Le dernier maître de l’air

Admirateur de Steven Spielberg et Georges Lucas, le cinéaste d’origine indienne M. Night Shyamalan a réussi à s’imposer à Hollywood en gardant intacte l’innocence du conteur, avec des films comme «Incassable» (2000) «Le village» (2004),  «La fille de l’eau» (2006), «Phénomènes» (2009), où le paranormal joue souvent un rôle prépondérant.

Son septième long-métrage constitue une adaptation en prises de vue réelles d’une série d’animation américaine intitulée «Avatar, le dernier maître de l’air». Diffusée dès 2005, cette série racontait les aventures du successeur d’une longue lignée d’avatars, livrant une lutte sans merci contre la Nation du Feu, en passe de l’emporter sur celles de l’Eau, de l’Air et de la Terre, menaçant l’équilibre du monde.

Le réalisateur du «Sixième sens» en condense le propos en partant de l’initiation de Aang (Noah Ringer), lequel découvre qu’il est le seul en mesure de maîtriser les quatre éléments… Tai-chi à grand spectacle!

Vincent Adatte

dimanche, 01 août 2010 15:10

La femme aux 5 éléphants

Samedi 4 septembre, le film sera suivi d’un débat autour du thème de la traduction.

Considérée comme la plus grande traductrice de littérature russe en allemand, Swetlana Gaier possède à l’écran une présence extraordinaire, ce que l’on appelait autrefois l’aura. Qu’elle prépare un gâteau ou traduise Dostoïevski, émane de cette vieille dame allant sur ses quatre-vingt-six ans une force à l’origine mystérieuse.

Avec pudeur, le cinéaste l’accompagne dans un retour aux sources. Pour la première fois, sa protagoniste revient en effet en Ukraine, son pays natal. A mesure que le train s’éloigne de l’Allemagne où elle vit, les souvenirs remontent... Oublieuse de la caméra, Swetlana se livre, mais ne dit pas tout, laissant deviner une fêlure intime qui, secrètement, a influé sur son existence.

Bouleversé, le spectateur décèle alors dans le gigantesque labeur mené par Swetlana une lente réconciliation avec elle-même, une manière de rachat caché qui passe par la traduction inlassable des cinq grands romans de Dostoïesvi, désignés par les spécialistes comme les «cinq éléphants».

Vincent Adatte
dimanche, 01 août 2010 15:05

L’illusionniste

Tiré d’un scénario jamais tourné de Jacques Tati, le second long-métrage d’animation de Sylvain Chomet est une vraie merveille, à la mélancolie déchirante! A la fin des années cinquante, un vieil illusionniste sur le déclin s’étiole au fil de tournées toujours plus minables, jusqu’au jour où il rencontre une jeune fille qui croit à sa magie.

Las, cette parenthèse enchantée ne durera qu’un temps... Avec un réalisme sidérant, Chomet a su restituer la silhouette dégingandée et surtout l’incroyable gestuelle du grand Tati qui connut une triste fin de carrière. Il lui emprunte aussi cette manière unique de parsemer l’image d’une myriade de gags. Charge au spectateur de les repérer, quitte à revoir le film.

Très loin de la 3D qui formate aujourd’hui l’animation, ce pur chef-d’œuvre signale discrètement la fin d’un monde, renvoyant à une vie ordinaire tous les baladins de notre enfance, à l’exemple de ces trapézistes recyclés en peintres d’enseignes publicitaires! Beau à pleurer!

Adeline Stern

dimanche, 01 août 2010 15:01

Tetro

Pendant dix ans, Francis Ford Coppola s’est éloigné du cinéma pour s’occuper de ses proches et de ses vignes. En 2007, le réalisateur de la trilogie du «Parrain» a réussi un premier retour avec «L’homme sans âge». Aujourd’hui, il fait encore mieux en nous gratifiant, à septante ans passés, de l’un de ses plus beaux films.

Tetro (Vincent Gallo) a mis ses ambitions littéraires de côté. Après avoir coupé les ponts avec sa famille en proie à des rivalités artistiques destructrices, il s’est installé à Buenos Aires où il vit avec une femme rencontrée à l’asile psychiatrique. Un jour, son jeune frère vient lui rendre visite, entre reproches et non-dits...

N’en disons pas plus, sinon que Coppola, oublié par Hollywood, a réalisé ce mélodrame avec une liberté totale, finançant sa production avec ses revenus viticoles. Tourné en noir et blanc, hormis quelques retours en arrière, ce chef-d’œuvre tardif, inspiré d’éléments autobiographiques, condense les thèmes chers à son auteur: l’héritage, la fuite, l’autodestruction, la création. Sorti de façon extrêmement confidentielle (une seule copie pour la suisse), ce film est, à mon avis, le plus beau de l’année...

Adeline Stern

dimanche, 01 août 2010 14:57

Tournée

A n’en pas douter, Mathieu Amalric est l’un des plus grands acteurs de sa génération. Quand il ne tourne pas pour Resnais, Spielberg ou Desplechin, il réalise des films qui ne laissent personne indifférent, à l’exemple de «Tournée», son quatrième long-métrage, une œuvre
vivante comme on en voit peu dans le cinéma français!

Joachim Zand (M. Amalric), un ex-producteur de télévision grillé à Paris, revient des Etats-Unis avec une troupe de stripteaseuses aux formes généreuses qui pratiquent leur art avec passion et dérision, sous l’appellation «new burlesque». Joachim leur a promis Paris, mais les filles doivent se contenter du Havre, de Nantes et de La Rochelle, en attendant qu’il leur trouve une salle dans la capitale.

Rejeté par le milieu, méprisé par son ex-femme, ses deux fils sous le bras, cet escroc magnifique espère quand même faire son grand retour... On pense au grand Fellini, à la vitalité de John Cassavetes, des références prestigieuses, mais nullement usurpées!

Vincent Adatte

dimanche, 01 août 2010 14:51

Ordinary People

Présenté en 2009 à Cannes, dans le cadre de la Semaine de la Critique, le premier long-métrage du réalisateur serbe Vladimir Perisic a semé l’émoi.

Ambitionnant de montrer la barbarie d’un crime de guerre, ce jeune cinéaste de trente-quatre ans a choisi la manière forte en nous racontant la journée d’une jeune recrue intégrée à un peloton d’exécution.

Le film commence au petit matin dans le dortoir d’une caserne, où l’on éveille des soldats en vue d’une mission encore inconnue. Agé de vingt ans, Dzony suit le mouvement. Après un trajet en car, sous un soleil de plomb, ordre est donné de tirer sur des prisonniers amenés par convois.

Quasiment dépourvue de dialogues, cette œuvre cruelle mais combien nécessaire est filmée en plans fixes, frontaux, d’une durée identique, qu’ils cadrent l’abjection ou le quotidien le plus anodin, histoire de capter l’«effrayante banalité du mal», sans omettre quelques éclairs de conscience morale, hélas parfaitement vains.

Vincent Adatte

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