lundi, 30 novembre -0001 01:00

Rush Hour 3

Le troisième épisode de la saga Rush Hour reconduit la formule gagnante du «buddy movie». Ce produit typiquement américain apparu à la fin des années septante apparie deux héros dissemblables. Le plus souvent, il s’agit de policiers, un Noir et un Blanc. Contraints de collaborer, ils peinent d’abord à s’entendre, puis, dans l’adversité, finissent par s’apprécier.

Dans un pays multiracial comme les Etats-Unis, ce genre de film ne tombe pas de nulle part. Film d’action flirtant avec la comédie, le «buddy movie» scelle en effet l’union rassurante de communautés sommées de surmonter leurs antagonismes pour faire front à l’anarchie menaçant la société. En phase avec l’évolution socio-économique, la série Rush Hour a mondialisé cette problématique jusque-là interne à l’Amérique. Font équipe un Chinois de Hong Kong et un Afro-américain de Los Angeles, respectivement interprétés par Jackie Chan et Chris Tucker.

Dans ce numéro trois endiablé, nos deux compères partent à Paris sur les traces du commanditaire d’un meurtre mouillant les redoutables triades chinoises. Egarés dans la ville lumière, ils affrontent bravement l’exception culturelle française. Le final vertigineux sur la tour Eiffel à lui seul vaut le détour. C’est vulgaire, c’est bête, ça bastonne… mais on sort de la salle la tête vidée de tout problème et le sourire aux lèvres!

Adeline Stern

Avec Jackie CHAN, Chris TUCKER, Noémie LENOIR * Age légal 12 ans / suggéré dès 12 ans
lundi, 30 novembre -0001 01:00

La maladie de la mémoire

Vendredi 23 novembre à 19h, la projection sera suivie d’un débat en présence de Richard Dindo et de Oscar Daher. Evénement organisé en partenariat avec le CSSC.

Le travail de la mémoire est le grand thème qui parcourt toute l’œuvre du cinéaste documentaire suisse Richard Dindo. La maladie d’Alzheimer et son processus de perte inéluctable ne pouvaient donc que toucher l’auteur de Rimbaud, une biographie (1991). Avec une équipe réduite, Dindo filme et, surtout, écoute plusieurs couples dont l’intimité est bouleversée par la terrible maladie.
Ce que le documentariste parvient à saisir avec une acuité respectueuse, c’est la douleur sourde de ce que les spécialistes nomment le «deuil blanc»… Progressant par pallier irrémédiable, la maladie d’Alzheimer contraint les proches à une sorte d’au revoir permanent. Chaque avancée du mal fait disparaître une part d’intimité, efface tout un pan de l’être aimé, alors qu’il continue de vivre là sous nos yeux! Au gré des témoignages, transparaît peu à peu l’idée, si belle mais scientifiquement non fondée, que l’amour peut freiner la progression de la maladie.
Cette idée est à l’origine de l’une des scènes parmi les plus émouvantes du film. Jouant du piano pour un ancien organiste très gravement atteint, l’une de ses amies réveille soudain en lui une émotion indicible… Selon le réalisateur de Che Guevara, le journal de Bolivie (1994), cette scène est l’une des plus belles qu’il ait jamais tournée!

Vincent Adatte

Documentaire
lundi, 30 novembre -0001 01:00

Sicko

Le nouveau documentaire de Michael Moore passe au papier de verre le système de santé américain. Sicko («fêlé») se situe dans la lignée des brûlots du réalisateur de Farenheit 9/11… Manipulateur en diable, efficace, sarcastique, bourré de mauvaise foi, mais combien nécessaire!

Après le commerce des armes et les mensonges présidentiels de l’après-11 septembre, Michael Moore enfourche un nouveau cheval de bataille pour ferrailler contre le système de santé publique américain. Dans une première partie édifiante, le trublion laisse s’exprimer les victimes de ce système furieusement déréglementé. C’est la description sèche d’une faillite monstrueuse qui laisse sur le carreau cinquante millions d’individus sans assurance-maladie.

Après cet état des lieux anxiogène, Moore va voir ailleurs comment cela se passe. Comme dans Bowling For Columbine (2002), l’agitateur passe la frontière pour découvrir les mérites du système de santé canadien et fait de même en Grande-Bretagne et en France. L’épilogue tient du sarcasme grandiose: avec une poignée de sauveteurs du 11 septembre très mal en point, Moore tente d’investir l’infirmerie de Guantanamo, sous prétexte que l’administration Bush a vanté cette dernière comme un hôpital de pointe dont les soins sont gratuits!

Vincent Adatte

Avec Michael MOORE * Age légal 10 ans / suggéré dès 14 ans * VO sous-titrée
lundi, 30 novembre -0001 01:00

La Fille coupée en deux

Cofondateur de la Nouvelle Vague avec Le beau Serge (1959), Claude Chabrol a réalisé depuis lors une soixantaine de films où il gratte le vernis d’urbanité de nos existences policées. Dans ses précis de décomposition, il revient souvent à une femme le courage d’inoculer le poison de la passion.

Plus que septuagénaire, Chabrol n’a rien perdu de sa cruauté badine. Avec La fille coupée en deux, il nous dispense l’un de ses cours magistral d’entomologie «humaine» dont lui seul a le secret. S’inspirant d’un fait-divers qui avait défrayé la chronique au début du siècle dernier à New York et dont Hollywood s’était déjà fait l’écho en 1955 avec La jeune fille sur la balançoire de Richard Fleischer, il en transpose l’argument dans la bonne société lyonnaise d’aujourd’hui.

Avec malice, le réalisateur de La cérémonie (1995) recompose un triangle classique en le tordant de manière singulière. Présentatrice de la météo sur une chaîne locale, Gabrielle Deneige (Ludivine Sagnier) tombe amoureuse de l’écrivain à succès Charles Saint-Denis (François Berléand), un libertin qui lui fait subir tous les affronts. Dans le même temps, elle épouse l’héritier d’un empire pharmaceutique (Benoît Magimel), un jeune psychopathe qui lui a déclaré sa flamme…

Vincent Adatte

Avec Ludivine SAGNIER, François BERLEAND, Benoît MAGIMEL * Age légal 16 ans / suggéré dès 16 ans
lundi, 30 novembre -0001 01:00

Le mariage de Tuya

Très gravement handicapé après une mauvaise chute, un berger mongol craint de ne plus pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Sa jeune épouse prénommée Tuya fait front avec un immense courage, jusqu’à l’épuisement. Lucide, l’homme essaye de la convaincre de divorcer dans l’espoir qu’elle puisse se remarier et assurer ainsi l’avenir de leurs enfants. Contrainte, Tuya accepte à contrecœur ce plan de survie, mais va lui donner une tournure très personnelle.

Les prétendants au remariage commencent à affluer. Ils défilent sous la yourte, épiés en cachette par son ex-mari qui guette le plus offrant. La plupart refusent les conditions drastiques de Tuya, cette dernière exigeant d’eux qu’ils prennent soin de toute sa famille, inclus son premier époux! Un «nouveau riche» typique de la Chine émergente d’aujourd’hui finit par accepter ce contrat singulier qui apparie misère économique et grande vertu.

Né d’une mère mongole, le réalisateur Wang Quan An sait visiblement de quoi il parle! Etude de mœurs picaresque aux images sublimes, son film n’est pas sans dégager une certaine amertume… A la fois drôle et émouvant, ce grand mélo ethno tourné dans les steppes lumineuses de la Mongolie chinoise est aussi un Ours d’or 2007 parfaitement mérité!

Adeline Stern

Avec Yu NAN, BATER * Age légal 10 ans / suggéré dès 14 ans * VO sous-titrée
lundi, 30 novembre -0001 01:00

99 francs

Adapté du best-seller de Frédéric Beigbeder, 99 francs dézingue le milieu de la publicité en retournant à l’envoyeur tous ses tics et travers… Dans le film comme dans le livre, Octave travaille dans la publicité. Il condense sur sa personne tous les traits que l’on prête à ce genre de personnage «créatif»… prétention, arrogance, égoïsme, hypocrisie, cynisme, lâcheté!

Octave traverse une bien mauvaise passe. Largué par sa séduisante maîtresse, le malheureux voit l’un de ses projets être refusé par un directeur de marketing peu sensible à son génie créateur. Quelques prises de cocaïne plus tard, notre homme manigance une vengeance magistrale aux dépens du commanditaire indélicat … Electrisé, Jan Kounen met en scène comme une campagne de pub cette rébellion dont la vanité saute vite aux yeux. Plus que le procès d’un milieu imbécile, le cinéaste instruit celui de Beigbeder «himself».

Ce glissement est rendu possible par l’interprétation absolument remarquable de Jean Dujardin qui incarne corps et âme le dandy parisien: même dégaine, mêmes mimiques, même détachement cultivé! Le film du réalisateur de Blueberry (2004) crée alors un vrai trouble en réglant son compte au romancier, sans nul doute avec son accord!

Vincent Adatte

Avec Jean DUJARDIN, Jocelyn QUIVRIN, Patrick MILLE * Age légal 16 ans / suggéré dès 16 ans
lundi, 30 novembre -0001 01:00

A vif

Produit par le tonitruant Joel Silver, plutôt réputé pour ses films d’action virils, A vif (The Brave One) aborde la problématique de l’autodéfense dans un contexte féminin… Nous sommes donc très loin du «Justicier dans la ville» (1971) où Charles Bronson exterminait la racaille responsable du viol et du meurtre de sa femme!

Journaliste de radio, Erica se désole sur les ondes du climat insipide qui règne désormais dans sa ville de New York. Se promenant nuitamment à Central Park avec son fiancé d’origine indienne, elle est sauvagement agressée par des voyous qui la laisse pour morte. Revenue à la vie après un coma de trois semaines, la jeune femme est amèrement déçue par la police dont l’enquête laisse à désirer. Peu après, elle achète illégalement une arme à feu et ne va pas tarder à s’en servir…

Désir de vengeance, hasard malheureux ou légitime défense? Neil Jordan, réalisateur de Crying Game (1992) et Entretien avec un vampire (1994), laisse au spectateur le soin périlleux de s’interroger sur la véritable légitimité des actes de sa protagoniste. Comme à son habitude, Jodie Foster, actrice surdouée, impressionne dans le rôle d’Erica, un nouvel «ange exterminateur» à la fragilité intense et ambiguë.

Adeline Stern

Avec Jodie FOSTER, Terrence HOWARD, Naveen ANDREWS * Age légal 16 ans / suggéré dès 18 ans
lundi, 30 novembre -0001 01:00

Someone beside you

Certains d’entre nous ont peut-être gardé en mémoire le portrait plein de sensibilité que le cinéaste documentaire suisse Edgar Hagen a consacré en 1996 au marginal Markus Jura Suisse. Dix ans après, son troisième long-métrage s’inscrit dans la même veine… Someone Beside You (Quelqu’un près de vous) est un voyage exploratoire, une manière de «road movie» qui nous fait pénétrer dans l’intériorité troublée de femmes et d’hommes atteints de psychoses.

Comparé à un rêve éveillé, la psychose suscite le rejet des personnes qui en souffrent. Pour des raisons très compréhensibles, le spectacle d’un être cher qui perd la raison nous est difficilement supportable… Depuis longtemps, Hagen souhaitait faire un film qui montre qu’il existe des solutions à la folie. Sillonnant la Suisse, l’Europe et les Etats-Unis, le cinéaste va à la rencontre de plusieurs psychiatres et de leurs patients.

Le plus étonnant de ces praticiens se nomme Edward Podvoll. C’est un moine bouddhiste convaincu qui n’a plus que quelques mois à vivre. Devant la caméra respectueuse du cinéaste, il affirme sa conviction que le courage et l’amitié ont le pouvoir de guérir les psychoses… Ce film impressionnant de vérité lui est dédié!

Dimanche 28 octobre à 20h la projection sera suivie d’un débat en présence du réalisateur et de plusieurs praticiens de notre région.

Adeline Stern

Avec Edward PODVOLL, Jakob LITSCHIG, Eric CHAPIN * VO sous-titrée
lundi, 30 novembre -0001 01:00

Un cœur invaincu

Tiré du livre écrit par la veuve du journaliste Daniel Pearl, Un cœur invaincu est tout sauf un film édifiant. Produit par Brad Pitt, réalisée par le cinéaste anglais Michael Winterbottom, auteur du déjà très réussi Road To Guantanamo (2006), cette adaptation évite les écueils du mélodrame.

Au soir du 23 janvier 2002, le journaliste Daniel Pearl s’enfonce dans les rues de Karachi, se rendant à un rendez-vous sans doute en lien avec l’enquête qu’il est en train de mener sur les milieux fondamentaliste pakistanais. Correspondant du Wall Street Journal, cet Américain juif épris d’objectivité n’en reviendra pas… Journaliste comme son mari, mais de nationalité française, Mariane Pearl (Angelina Jolie) endure alors les affres de l’attente qui durera cinq semaines, avant de connaître le dénouement dramatique que l’on sait…

Enceinte de six mois, la jeune femme garde espoir, naïvement confortée par les investigations que mènent pêle-mêle quelques collègues, des policiers pakistanais et les services spéciaux américains. Délaissant sa protagoniste, le cinéaste révèle alors l’impuissance ambiguë d’individus douteux dont on ne sait s’ils souhaitent vraiment parvenir à leurs fins, soit faire libérer un journaliste gênant!

Vincent Adatte

Avec Angelina JOLIE, Archie PANJABI, Will PATTON * Age légal 12 ans / suggéré dès 14 ans
lundi, 30 novembre -0001 01:00

4 mois, 3 semaines, 2 jours

Pour saisir le sens du second long-métrage du cinéaste roumain Cristian Mungiu, mieux vaut connaître un peu son contexte historique. Afin de conjurer la baisse de natalité d’un peuple malheureux de moins en moins enclin à procréer, le président Nicolae Ceausescu a institué dès 1966 une loi interdisant l’avortement et toute contraception. Pour les femmes de la jeune génération, avorter a dès lors constitué un acte de rébellion, une façon de résister en ne laissant pas le «communisme» disposer de leurs corps.

Deux ans avant la chute de Ceausescu, une étudiante se démène pour aider sa camarade de chambre à avorter clandestinement. Les deux jeunes femmes se retrouvent dans un hôtel sordide, victimes du sinistre Monsieur «Bébé»… A partir de cette situation banale, Mungiu crée une tension presque insoutenable, digne d’Alfred Hitchcock, sauf qu’il s’agit du réel, rien que du réel!

Le cinéaste ne donne aucune avance au spectateur qui est happé dans des péripéties dont la finalité lui échappera longtemps. A travers l’odyssée d’Ottilia, il restitue de façon incroyable tout le marasme des enfants du totalitarisme, mixte poignant de démission et de résistance… L’avortement comme allégorie de la faillite des idéaux!

Adeline Stern

Avec Anamaria MARINCA, Laura VASILIU, Vlad IVANOV * Age légal 14 ans / suggéré dès 16 ans * VO sous-titrée
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