Hollywoo
La pétulante Jeanne (Florence Foresti) est la doubleuse attitrée de Jennifer Marshall (Nikki Deloach), une jeune et séduisante Américaine qui joue les premiers rôles dans une série télévisée à succès. Hélas pour elle, la vedette dont elle est la voix française décide soudain de tout plaquer, bref d’abandonner sa carrière.
Du jour au lendemain, la pauvre Jeanne voit donc son unique source de revenu disparaître. Trop identifiée à Jennifer Marshall, elle s’imagine mal trouver une autre star à doubler. Armée de son fort tempérament, Jeanne se rend alors à Los Angeles, dans l’idée de tenter de convaincre l’actrice déprimée de reprendre le chemin des plateaux de tournage!
Arrivée dans le saint des saints cinématographiques, elle se heurte d’abord aux portes closes de ce milieu très fermé, avant de croiser la route du dénommé Farres (Jamel Debbouze) qui va lui ouvrir du monde merveilleux d’Hollywood! Du moins, c’est ce qu’il prétend…
Vincent Adatte
Happy Feet 2 (3D)
Surfant sur l’engouement pour les manchots suscité par «La marche de l’empereur» (2005), le volet initial de «Happy Feet» a connu un succès planétaire, décrochant au passage l’Oscar du meilleur film d’animation 2007.
Cinq ans plus tard, Mumble, le petit manchot devenu grand du premier épisode, ne comprend pas pourquoi son fiston, prénommé Erik, est allergique à la danse. Pire encore, son rejeton tombe en admiration devant les exploits d’un pingouin hâbleur! Mais le temps n’est plus à la psychothérapie familiale, car d’étranges phénomènes commencent à altérer la précieuse banquise…
La présence derrière l’ordinateur de l’Australien Georges Miller n’est pas étrangère à la réussite de cette suite arctique, le réalisateur de «Mad Max» lui octroyant un supplément de charme indéniable. Ajoutez à cela un propos écologique de bon aloi, le grand aria de la Tosca, des chorégraphies joliment réglées, et vous obtiendrez un film familial qui réchauffe le cœur, sans faire fondre les esquimaux de l’entracte…
Adeline Stern
Les enfants de la balle
Le film, projeté en présence de la réalisatrice, sera précédé à 18h du spectacle «De chaise à bascule» par LeZarti’cirque puis, dès 19h, d’un buffet.
Chaque année, depuis 1975, le «petit» cirque Helvetia sillonne la Suisse romande, villes et campagnes confondues. A l’heure du diktat des loisirs virtuels, le réel qui, chaque soir, se joue sous le chapiteau a peut-être quelque chose d’incongru, mais demeure toujours aussi fascinant…
Tombée sous le charme de cette entreprise familiale, la réalisatrice suisse Barbara Erni a suivi pendant plus d’une année Daniel et Brigitte Maillard, chevilles ouvrières à tout faire de cette utopie saltimbanque. Au gré d’interviews, de numéros, de gestes de la vie ordinaire, se forme peu à peu une parade de personnages qui incarnent le cirque dans sa plus pure essence: acrobates, clowns, jongleurs, magiciens, avec en sus, des artistes en herbe qui laissent espérer une relève…
En résulte un documentaire d’une belle humilité, à l’image de ses protagonistes qui ont sacrifié confort et sécurité pour pleinement réaliser sur la piste leurs rêves étoilés d’«enfants de la balle». Réconfortant!
Vincent Adatte
A Dangerous Method
Le cinéma sidérant de David Cronenberg nous entraîne souvent dans des aventures psychiques et corporelles inédites. Avec «A Dangerous Method», le réalisateur de «Crash» nous invite cette fois à une plongée vertigineuse dans la psyché humaine hantée par le désir.
En 1904, Carl Jung a 29 ans. Marié et père de famille, le praticien zurichois travaille à l’hôpital du Burghölzli. Très rangée, son existence va être bouleversée par l’arrivée à la clinique de Sabina Spielrein, une jeune femme juive d’origine russe qui présente des symptômes d’hystérie. Epris de sa patiente, Jung peine à la soigner, au point qu’il s’en ouvre à son collègue Sigmund Freud, loin de se douter qu’il va être ainsi à l’origine d’un triangle amoureux dévastateur!
Adapté d’une pièce de Christopher Hampton, le premier film historique de Cronenberg malmène notre prétention à l’objectivité scientifique, en montrant Jung et Freud qui rivalisent de conjectures géniales pour conquérir le corps, l’intelligence et le cœur de Sabina…
Vincent Adatte
Sound of Noise
Des percussionnistes en rupture de ban commettent des concerts par effraction dans des lieux qui, a priori, ne sont pas appropriés à de telles performances. Tirant parti de l’environnement, ces activistes d’un genre inédit braquent une banque au rythme des calculatrices et des déchiqueteuses.
Menés par une compositrice qui a été renvoyée du conservatoire, ces virtuoses investissent une salle d’opération, transformant les appareils de monitorage en synthétiseurs des plus spectaculaires, usant de l’abdomen du patient opéré comme d’une caisse claire… L’officier de police Amadeus Warnebring est chargé de déjouer ces «attentats sonores». Seul problème, notre inspecteur est allergique à la musique, au point de le rendre malade!
Mené tambour battant, émaillé de chorégraphies sidérantes, le film des Suédois Johannes Stjärne Nilsson et Ola Simonsson, qui ont remportés de très nombreux prix avec le court-métrage «One apartment and six drummers», est un spectacle réjouissant qui remet en question avec drôlerie notre rapport conventionnel à la mélomanie. Une véritable découverte!
Adeline Stern
La Délicatesse
Après la mort accidentelle de son mari, la malheureuse Nathalie (Audrey Tautou) se plonge dans le travail de manière obsessionnelle, si bien qu’elle ne tarde pas à se transformer en petite cheffe zélée et ignoble avec ses subalternes.
Parmi ces derniers, il y a Markus (François Damiens), un Suédois d’une gentillesse insubmersible, mais que tout le monde s’accorde à trouver laid et empoté, pour ne pas dire plus! Or voilà qu’un jour Nathalie se prend à embrasser à pleine bouche le Scandinave maladroit et très peu canon. A la surprise générale, la revêche en perdition et le grand blond éprouvent alors un amour mutuel qui va résister à tous les sous-entendus fielleux ou moqueurs…
Portant à l’écran avec l’aide de son frère Stéphane son propre «best-seller», David Foenkinos en tire une comédie sentimentale, entre rire et larmes, tragédie ordinaire et romance imprévisible, toute nimbée de la musique rêveuse d’Emilie Simon.
Vincent Adatte
Echange Standard
Ecrit par les auteurs de «Very Bad Trip», le scénario de «Echange Standard» reprend en la masculinisant l’intrigue du film «Dans la peau de ma mère» (2003), dans lequel une mère et sa fille échangeaient pendant quelques jours leur enveloppe corporelle, après avoir mangé un «fortune cookie».
Après une beuverie, alors qu’ils soulagent leur vessie dans une fontaine publique, deux amis d’enfance, qui ne s’étaient plus vus depuis belle lurette, constatent que leurs esprits sont en train de migrer d’un corps à l’autre!
Piètre acteur au chômage, Mitch Planko (Ryan Reynolds) est a priori très heureux de se retrouver dans la peau de Dave Lockwood (Jason Bateman), avocat brillant et fortuné, dévoué à sa jolie femme et à ses enfants. De son côté, Dave, soumis à une vie très bourgeoise, se sent tout excité à l’idée d’endosser la dépouille célibataire de Mitch! Mais, de la théorie à la pratique, il y a parfois un monde…
Vincent Adatte
L’Art d’aimer
«Au moment où l'on devient amoureux, à cet instant précis, il se produit en nous une musique particulière. Elle est pour chacun différente et peut survenir à des moments inattendus», nous prévient le narrateur du septième long-métrage de l’un des cinéastes français parmi les plus talentueux du moment!
Emmanuel Mouret actualise quelques vers de «L’Art d’aimer» du poète latin Ovide. Renouant de façon jubilatoire avec le mode du film à sketches, le réalisateur d’«Un baiser s’il vous plaît» et de «Fais-moi plaisir» enchaîne des «études de cas amoureux», riant sous cape de notre soi-disant émancipation en la matière.
Avec une pléiade d’acteurs et d’actrices qu’il dirige à la perfection, Mouret, véritable expert en lapsus amoureux, enlumine cinq miniatures subtilement déceptives. Comme à son habitude, il les agrémente de dialogues dont la fausse naïveté, absolument exquise, n’induira personne en erreur, sinon ses protagonistes.
Vincent Adatte
The Lady
Luc Besson a un faible pour les héroïnes de caractère. Après Nikita, Jeanne d’Arc, Adèle Blanc-Sec, le réalisateur du «Dernier combat» et du «Grand bleu» s’attaque à la biographie romancée de la militante birmane Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix en 1990.
En Angleterre, Michael Aris (David Thewlis), mari de Aung San Suu Kyi, apprend qu’il est atteint d’un cancer incurable et qu’il n’a plus que quelques mois à vivre. Encore épris de sa femme, il va tenter de la revoir une dernière fois avant de mourir…
Procédant par retours en arrière, Besson parcourt les souvenirs de Michael, depuis le temps où Aung San était mère au foyer à Londres, jusqu’à son retour en Birmanie, où elle est assignée à résidence par une junte militaire apeurée par son activisme pacifique en faveur de la démocratie… C’est la grande actrice chinoise Michelle Yeoh qui prête ses traits à cette femme exemplaire, qui ira jusqu’à sacrifier son couple et sa famille pour sa cause!
Adeline Stern
La source des femmes
Reprenant un fait-divers authentique, le réalisateur de «Va, vis et deviens» (2005) et «Le concert» (2009) livre avec «La source des femmes» un nouveau plaidoyer en faveur de la résistance, au-delà des différences identitaires et religieuses, auquel il donne la forme du conte.
Dans un petit village du Maghreb, situé dans des montagnes arides, les femmes s’épuisent à aller chercher l’eau à une source éloignée. S’inspirant de «Lysistrata», la fameuse comédie d’Aristophane jouée dès 411 avant Jésus-Christ, une «étrangère» mariée à un lettré convainc ses compagnes d’infortune d’entamer une grève du sexe, histoire de contraindre les hommes à partager cette servitude exténuante. Le manque d’eau ne tarde pas à assécher les potagers mais aussi les cœurs…
Sur le mode de la comédie musicale «à l’égyptienne», Mihaileanu entrecoupe cette guerre des sexes de chansons et de danses sensuelles et se fait le héraut rêveur d’un islam pacifié et égalitaire!
Vincent Adatte