Avec Batchuluum URJINDORJ - Age légal 7 ans / suggéré dès 7 ans - VO sous-titrée

Coréalisé avec le cinéaste italien Luigi Falorni, la merveilleuse Histoire du chameau qui pleure (2004) est restée gravée dans nos mémoires. Une année plus tard, Byambasuren Davaa s’en est retournée dans les steppes du nord de sa Mongolie natale pour y réaliser seule une nouvelle fable très documentée, Le chien jaune, qui ravira le public, tout âge confondu.

Agée de six ans, Nansa est l’aînée d’une famille de nomades. Un jour, la petite fille ramène et cache dans la yourte familiale un chien abandonné. Son père finit par le découvrir et refuse de le garder, car il pense que l’animal va leur porter malheur. Mais Ansa s’entête… Adepte convaincue du documentaire narratif dont Robert Flaherty (1884-1951) a été l’inventeur, la cinéaste mongole approfondit encore son regard sur une communauté appelée à disparaître.

Dans des paysages d’une beauté indicible, la réalisatrice répète le geste fondateur de l’auteur de Nanouk l’esquimau (1922) en demandant à ses «non-acteurs» de renouer une dernière fois avec des coutumes tombées en désuétude… Pour vous donner l’envie de découvrir ce film très poétique en famille ou entre amis, nous vous proposons de venir déguster un petit-déjeuner au cinéma, dès 9h le dimanche. Il n’est pas nécessaire de s’inscrire.

Avec Philip SEYMOUR HOFFMAN, Catherine KEENER, Clifton COLLINS JR - Age légal 14 ans / suggéré dès 16 ans - VO sous-titrée

Tiré d’une biographie qui fait autorité, le premier long-métrage du cinéaste américain Bennett Miller raconte comment un enfant prodige des lettres américaines a été piégé par le réel. Nous sommes en 1959, l’écrivain Truman Capote (1924-1984) focalise sur le brutal assassinat de toute une famille par des inconnus. Flairant un bon coup, il propose au journal New Yorker de faire un grand reportage sur ce fait-divers. Accompagné d’une amie d’enfance, Capote se rend alors dans le village du Kansas où s’est déroulée la tuerie.

Mais son projet est contrarié par le zèle de la police qui ne tarde à mettre la main sur les deux coupables, Perry Smith et Richard Hickock. L’écrivain change alors son fusil d’épaule et commence à s’intéresser de très près au destin de ces deux voleurs minables, très révélateurs d’une certaine Amérique. Après un procès expéditif, les deux jeunes meurtriers sont condamnés à mort. Décidé à leur consacrer tout un livre, Capote doit alors gagner du temps. Il engage deux avocats pour faire appel.

De procédure en procédure, le procès tire en longueur et Capote commence à désespérer de mettre un point final à son ouvrage qu’il a intitulé De sang-froid… Le film de Miller constitue une démonstration époustouflante des ambiguïtés d’un certain type de journalisme. Dans le rôle-titre, Philip Seymour Hoffman est hallucinant de justesse. Autant dire qu’il a amplement mérité son Oscar du meilleur acteur!

Avec Jean DUJARDIN, Berenice BEJO, Aure ATIKA - Age légal 10 ans / suggéré dès 14 ans

Une divine surprise! Cette parodie jubilatoire du film d’espionnage «à la française» des années cinquante pétille d’intelligence parodique. Fils de pub, le cinéaste Michel Hazanavicius tire sa matière irrévérencieuse des aventures du dénommé Hubert Bonisseur de la Bath, alias OSS 117, un agent secret créé au milieu des années cinquante par l’écrivain Jean Bruce. Entre 1949 et 1963, Bruce n’écrivit pas moins de 88 romans où son héros fleurait bon le racisme et le machisme de l’époque.
Avec un allant formidable, le cinéaste fait de ce personnage emblématique un crétin professionnel, capable de saillies qui en disent long sur sa sottise d’homme d’action intrépide et… borné! Dans le rôle de Bonisseur, Jean Dujardin n’est vraiment pas en reste: s’appropriant avec brio la diction caractéristique des doubleurs d’autrefois, l’ex-Brice de Nice révèle une classe folle qui le place parmi les grands acteurs du moment. Un régal!

Nous sommes en 1955, OSS 117 a été envoyé au Caire pour enquêter sur le meurtre d’un agent français qui opérait sous la couverture d’un éleveur de poulets. En compagnie de la très attrayante Larmina (Bérénice Bejo), Bonisseur va donner quelques solides leçons de maintien à des autochtones qui n’en réclamaient pas tant…

Avec Tom CRUISE, Ving RHAMES

L’agent secret Ethan Hunt (Tom Cruise) a quitté le service actif pour se consacrer à la formation et à sa ravissante épouse, jusqu’au jour où l’une des plus brillantes recrues de l’IMF (Impossible Mission Force) «tombe» à Berlin… C’est le jeune téléaste J. J. Abraham qui a pris le relais de Brian de Palma et de John Woo, réalisateurs des deux premiers «épisodes». Un challenge très excitant pour le créateur de Lost… Espérons qu’il a été prévenu que ce texte s’autodétruira sitôt votre lecture terminée!

Age légal 7 ans / suggéré dès 7 ans

Héros d’un petit village celte que l’on ne présente plus, Astérix et Obélix sont un brin contrariés. Les deux compères sont priés de faire l’éducation de Goudurix, neveu lutétien et insupportable de leur chef Abraracourcix. Par bonheur, cette corvée est troublée par l’arrivée d’une bande de terribles Vikings qui sont en quête d’un froussard capable de leur apprendre à voler, car «la peur donne des ailes»… C’est (déjà) la onzième fois que les deux Gaulois créés par Goscinny et Uderzo en 1959 boivent leur potion magique sur grand écran.

Avec Dorotheea PETRE, Matthieu ROZE - VO sous-titrée

Elégiaque et déchirant, Ryna est le premier long-métrage d’une jeune Roumaine établie en Suisse. Fille d’intellectuels dissidents en butte à l’absolutisme de Ceausescu, Ruxandra Zenide a quitté sa Roumanie natale à l’âge de quinze ans pour trouver refuge à Genève. Fruit d’une coproduction entre la Suisse et la Roumanie, Ryna constitue donc une sorte de retour aux sources, mais n’en est pas nostalgique pour autant, loin s’en faut!

L’action de ce film sans concession a pour décor le delta du Danube, une région préservée située au bord de la Mer Noire. C’est dans ce lieu isolé et peu propice aux rêves d’émancipation que vit Ryna (Dorotheea Petre), une jeune fille de seize ans aux allures de garçon manqué. En secret, Ryna rêve pourtant d’afficher sa féminité, ce que lui refuse son père, un être frustre qui aurait préféré avoir un garçon pour le seconder dans son travail de mécanicien. Cheveux coupés très courts, perpétuellement en bleu de travail, Ryna réussit parfois à lui échapper et peut alors assouvir sa passion secrète pour la photographie…

On n’en dira pas plus, sinon que le tableau que dresse la réalisatrice de la Roumanie rurale (sur le point d’entrer dans l’Europe) vaut vraiment la peine d’être découvert. Pour preuve, cette œuvre si sensible a remporté de manière très méritée tous les suffrages au dernier Festival Tout Ecran.

Avec Natalie PORTMAN, Hugo WAEVING, Stephen REA - Age légal 14 ans / suggéré dès 16 ans

A partir d’une bande dessinée du génial Alan Moore (From Hell, La ligue des gentlemen extraordinaires), les frères Wachowski ont écrit un scénario étonnant, un thriller certes futuriste, mais dont certains «détails» évoquent furieusement l’actualité la plus récente. Les deux géniteurs de Matrix en ont confié la réalisation à James McTeigue qui a œuvré comme assistant sur le tournage de leur fameuse trilogie.

V pour Vendetta commence en 1605 à Londres pour nous apprendre comment un catholique fanatique (et souriant) du nom de Guy Fawkes a tenté de faire sauter le Parlement anglais. La suite nous transporte en 2020, dans un futur complètement policé. Seul un «terroriste» portant un masque à l’effigie de Fawkes résiste à l’emprise totalitaire du chancelier Sutler (John Hurt). Le justicier masqué a une jeune disciple, Evey Hammond (Nathalie Portman) qu’il a lui-même formée…

Film d’action réalisé avec des moyens impressionnants, V pour Vendetta prouve que les dérives liberticides «post-11 septembre» troublent jusqu’à la grande industrie cinématographique. Les frères Wachowski se refusent en effet à juger leur protagoniste vengeur: terroriste ou libérateur, la question reste complètement ouverte! Pour les profanes, précisons que se cache derrière le rictus de ce héros ambigu le génial Hugo Weaving, alias le fameux agent Smith de Matrix.

Avec David STRATHAIRN, George CLOONEY, Robert DOWNEY JR - Age légal 7 ans / suggéré dès 14 ans - VO sous-titrée

Dans les années 50, le sénateur républicain Joseph McCarthy est en passe de devenir un héros national. En pleine guerre froide, avec des méthodes plus que douteuses, il a contraint Hollywood à purger ses studios de la soi-disant gangrène communiste. Après ce premier succès, il poursuit sa «chasse aux sorcières» dans l’armée. Alarmée, une commission sénatoriale demande à l’auditionner.

C’est là qu’entre en jeu Vic Morrow (David Strathairn). Journaliste de la chaîne CBS et présentateur de l’émission dominicale See It Now, Morrow obtient le droit de diffuser les 188 heures du «show» McCarthy. En son for intérieur, il est persuadé que le passage à l’image sera fatal au sinistre personnage.

Outil alors profondément éthique, la télévision dévoile effectivement toute la vilenie du sénateur. Cet acte civique vaudra à son auteur d’être «placardisé» par sa hiérarchie… Utilisant avec subtilité le «retour en arrière», Clooney (qui joue le rôle du producteur «ami» de Morrow) retrace avec sobriété ce triomphe malaisé de la vérité. La sécheresse de ton, qui prévaut tout au long du film, tranche à dessein sur l’emphase hystérique qui a cours aujourd’hui dans nos médias.

Non sans génie, l’ex-docteur Ross a décidé ne pas attribuer le rôle de l’affreux McCarthy à un acteur, jouant avec virtuosité des images d’archives (d’où l’obligation du noir et blanc) où déblatère son protagoniste. L’effet est saisissant et donne au spectateur une sensation d’inquiétante actualité.

Age légal 12 ans / suggéré dès 14 ans - VO sous-titrée

Primé l’an passé aux Visions du Réel de Nyon, Melodias s’aventure en Colombie, dans la ville de Medellin. Pour son premier long-métrage documentaire, le Vaudois François Bovy n’a pas eu froid aux yeux! Accompagné d’un ingénieur du son local et tenant lui-même la caméra, Bovy s’est attaché aux pas d’un médecin qui passe plus de temps à la morgue qu’à soigner ses patients, d’un chauffeur de taxi traumatisé adepte impitoyable de la loi du talion, d’un jeune policier qui risque sa vie au quotidien ou d’un ex-tueur sur gage devenu évangéliste…

Ces récits exubérants et tragiques, aux limites du bien et du mal, deviendraient rapidement insupportables si le cinéaste ne leur avait pas joint une véritable idée de cinéma qui confère à son film une dimension assez extraordinaire. Entre chaque témoignage, deux vieux chanteurs colombiens entonnent une chanson populaire qui agit comme une sorte de commentaire révélateur.

Leur intrusion a le don de casser le caractère presque hallucinatoire de certaines confidences et propose des clefs pour comprendre le dérèglement qui prévaut à Medellin… «Profite de chaque instant, car, au bout du compte, la vie est un rêve» chantent ainsi les deux «cantadores». Il existe des façons plus ou moins radicales d’appliquer ce précepte, comme le constatera le spectateur de ce film intense et remarquable!

Ce film sera précédé d’une dégustation de spécialités colombiennes et suivi d’une discussion avec la productrice du film et d’autres invités.

Avec Denzel WASHINGTON, Jodie FOSTER, Clive OWEN - Age légal 12 ans / suggéré dès 16 ans

Né en 1957 à Brooklyn, Spike Lee demeure toujours le plus populaire et le plus prolifique des cinéastes afro-américains (dix-huit longs-métrages tournés depuis 1982). Avec L’homme de l’intérieur (Inside Man), l’auteur de La vingt-cinquième heure (2002) a réussi son meilleur film depuis longtemps…

Quatre individus masqués et portant des lunettes noires entrent dans une banque de Manhattan: «Tout le monde à terre, c’est un hold-up»! Mais leur manière de faire se révèle plutôt étrange: prenant tout leur temps, ils font mine de terroriser les otages, les séparent selon leur sexe, les affublent tous d’un uniforme similaire au leur. Résultat, le spectateur, comme la police, ne parvient plus à faire la différence entre les bons et les méchants. Chargé de négocier, l’inspecteur Frazier (Denzel Wasinghton) est donc en proie à la plus grande incertitude. L’apparition d’une avocate très ambiguë (Jodie Foster) dépêchée par le maire de New York en personne rajoute à la confusion et convainc peu à peu Frazier que l’argent n’est peut-être pas le véritable mobile de l’affaire…

Avec une ironie très jouissive, le cinéaste épingle de façon formidable les atteintes du «Patriot Act» du sieur Bush qui fait de chacun un coupable en puissance. En résulte un grand film politique qui entretient plus d’un point commun avec V pour vendetta, même s’il appartient à un tout autre genre.