Nicolas
JEANNE DU BARRY
Maïwenn Le Besco («Polisse», «Mon Roi», «ADN») a ouvert le Festival de Cannes avec «Jeanne du Barry», film à costumes dont elle joue le rôle-titre face à Johnny Depp, poudré et perruqué en roi de France…
Roturière ambitieuse et cultivée, née Bécu, Jeanne du Barry enrichit son amant le comte Dubarry-Cérès (Melville Poupaud) en multipliant les «galanteries». Quand le duc de Richelieu (Pierre Richard) la présente à Louis XV, celui-ci tombe sous son charme et en fait sa courtisane, n’en déplaise à sa cour, scandalisée de le voir ainsi adouber une «fille des rues»…
Avec l’intelligence qui la caractérise, Maïwenn en donne une interprétation moderne fascinante, créant un décalage féministe qui fait férocement écho au présent.
THE QUIET GIRL (VOst) (à découvrir !)
En 1981, une petite fille timide et négligée par ses parents est envoyée le temps d’un été chez des membres éloignés de la famille, un couple sans enfant auprès duquel elle va pour la première fois ressentir douceur et affection, jusqu’à s’épanouir…
Cinéaste documentaire pétri de talent, le cinéaste irlandais Colm Bairéad passe à la fiction en filmant à travers le regard de sa jeune et fragile héroïne un bref moment d’enfance dont elle devra hélas tourner la page…
Tirée d’une nouvelle de sa compatriote Claire Keegan, ce film tout en douceur ô combien suggestive est sans l’ombre d’une hésitation notre coup de cœur (très serré) de ce mois de juin!
MA LANGUE AU CHAT
Dans une belle demeure sise dans le sud de la France, Laure (Zabou Breitman) traverse une crise de la cinquantaine particulièrement aiguë.
Son travail lui fait horreur et son mari Daniel (Pascal Elbé) ne l’enchante plus guère. Le seul être vivant qui trouve encore grâce à ses yeux est Max, son chat adoré. Las, le voilà qui se volatilise.
Cédant à la parano, Laure en vient à soupçonner l’un·e ou l’autre de ses ami·es de toujours – venus fêter l’anniversaire de Daniel – d’avoir fait disparaître son cher félin pour une raison qu’elle ne s’explique pas… Signée Céline Telerman («Les yeux jaunes des crocodiles»), une comédie de mœurs très griffue!
THE HAPPIEST MAN IN THE WORLD (VOst)
Après le déjà très réussi «Dieu existe, son nom est Petrunya» en 2019, Teona Strugar Mitevska récidive ici de façon encore plus impressionnante.
De nos jours, à Sarajevo. Conseillère juridique, Asja porte encore dans sa chair la blessure que lui a infligée un sniper anonyme, alors qu’elle n’était encore qu’une adolescente. Esseulée, elle s’est inscrite à une journée de speed dating, dans l’espoir de rencontrer l’âme sœur.
Asja fait ainsi la connaissance de Zoran qui ne respire pas particulièrement la joie de vivre… Une tragicomédie à nulle autre pareille qui exorcise les démons du passé, laissant espérer un possible pardon.
LE ROYAUME DE NAYA
Jeune fée généreuse et bienveillante, Naya a été désignée pour être la nouvelle gardienne de la forêt. Intronisée sous le saule magique, elle a été dotée de grands pouvoirs.
Comme l’exige la loi, elle a désormais pour mission de protéger les mille et une créatures de la nature contre leur pire ennemi: les êtres humains. Tout se passe à merveille, jusqu’au jour où Naya rencontre un charmant garçon qui s’est égaré dans la forêt…
Produit par Animagrad, studio ukrainien d’animation très actif fondé en 2012 à Kiev, ce conte écologique au message pacifiste est à découvrir en famille (dès 6 ans).
JOURS DE FÊTE
Samedi 3 juin à 18h le film sera suivi d’une discussion avec le réalisateur.
Installé en Russie, le réalisateur Antoine Cattin y a tourné plusieurs documentaires absolument passionnants, dont «La Mère» qu’il est venu présenter au Royal en 2008.
Le réalisateur suisse nous revient maintenant avec une œuvre inouïe et prémonitoire qui suit entre 2016 et 2021 quatre habitants de Saint-Pétersbourg au gré des très nombreux jours fériés qui ponctuent le calendrier russe.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le film résonne comme une annonce prophétique des événements à venir. Sur les quatre protagonistes de «Jours de fête», deux sont partis en Ukraine pour des raisons opposées, devenant des ennemis potentiels…
LOVE LIFE (VOst)
Taeko vit avec son mari Jiro et son petit garçon Keita, issu d’une précédente relation, dans un immeuble situé en face de celui de ses beaux-parents qui n’ont jamais véritablement accepté cette famille recomposée – laquelle constitue encore un tabou au Japon.
A la suite d’un drame, le père biologique de Keita refait surface. Peu auparavant, l’ancienne fiancée de Jiro a fait de même…
Chef de file d’une nouvelle génération de cinéastes japonais aux côtés de Ryūsuke Hamaguchi («Drive My Car»), Kōji Fukada nous entraîne dans les méandres émotionnels d’un travail de deuil aux conséquences imprévisibles… Du cinéma à l’état pur qui, in fine, répare l’âme.
FAST & FURIOUS X
Cela fait déjà plus de deux décennies que Vin Diesel (un nom prédestiné!) pilote à tombeau ouvert des bolides turbocompressés pour le compte de la franchise «Fast & Furious».
D’épisode en épisode, ce parangon du film d’action est devenu une manière de spectacle total dont on se réjouit toujours plus de découvrir la suite – il semble hélas que le sculptural Vin plantera définitivement les freins au n°12.
Raison de plus pour ne pas bouder son plaisir (coupable) avec un dixième opus où le fils vindicatif d’un odieux trafiquant, que Dom Torreto (le héros auquel Vin prête sa musculature) avait expédié ad patres dans le n°5, cherche noise à sa sacrosainte petite famille… Il n’aurait pas dû!
LES BELLES ANNÉES
Ensemble depuis quarante ans, Alice et Peter s’apprêtent à entamer un nouveau chapitre de leur vie et goûter aux «belles années» de la retraite.
En apparence inamovible, ce couple certifié «émeraude» part en croisière en compagnie de Heinz qui vient de perdre sa femme, Magalie, avec laquelle Alice était très liée. Juste avant d’embarquer, celle-ci apprend que sa meilleure amie entretenait une relation extraconjugale avec un homme résidant dans le Sud de la France.
Troublée par cette révélation, Alice profite d’une escale à Marseille pour partir en catimini à la recherche de l’amant de Magalie… Un bijou de comédie douce-amère dont le scénario a été écrit par Petra Volpe («L’Ordre divin»).
PLAN 75 (VOst)
Dans un futur proche, le vieillissement de la population japonaise mène à des tensions sociales sans précédent, au point que la jeune génération éprouve un véritable sentiment de haine à l’égard des personnes âgées, qu’elle considère comme un fardeau.
En réaction, le gouvernement instaure le Plan 75 qui encourage les citoyen·nes à recourir dès leurs 75 ans à l’euthanasie, sans justification médicale ni consultation de leur entourage. Les sénior·es qui acceptent cette offre reçoivent une prime «de départ» de 100.000 yens (environ 660 francs)…
De façon implacable, la cinéaste japonaise Chie Hayakawa mène sa dystopie qui, très paradoxalement, nous entraîne au comble de l’empathie et de l’émotion.