Inside Llewyn Davis
Prix du Jury à Cannes, le seizième long-métrage d’Ethan et Joël Coen constitue une chronique éblouissante et pince-sans-rire de l’échec. S’inspirant de la biographie maussade d’un chanteur de folk peu chanceux, les deux Coen imaginent quelques jours de sa piètre existence, pendant l’hiver 1961.
Après avoir chanté dans un club, Llewyn Davis (Oscar Isaac) se fait tabasser par un inconnu. Au matin, on le retrouve sur le sofa d’un vieux couple qui l’héberge provisoirement, très admiratif de son disque dont les invendus s’accumulent. Fuyant leur gentillesse confite, Llewyn part squatter un autre canapé. En sortant, il laisse échapper le chat de ses hôtes. Nommé à juste titre Ulysse, le matou va devenir le leitmotiv de sa consternante odyssée…
A leur manière inégalable, les deux frangins flèchent ce naufrage existentiel qui finit par tourner en boucle… En très grands cinéastes qu’ils sont, les Coen auront réussi l’exploit de nous rendre leur lamentable personnage terriblement attachant!
Vincent Adatte
Et au milieu coule le Doubs
Dimanche 1er décembre, à 10h, pour ceux qui voudraient prolonger la discussion, le film sera suivi d’un succulent brunch proposé par «Café 12».
Journaliste à la Radio Télévision Suisse, Claude Schauli a collaboré à près de deux cent cinquante documentaires, dont le mémorable «Muhammad Ali, Un Autre Combat» en 1976. Producteur de l’émission «Passe-moi les Jumelles» et cofondateur de Manisanda Productions, il est notamment le réalisateur de «Aung San Suu Kyi, La Prisonnière de Rangoun» (2003).
Passionné par le Jura et ses habitants si divers, ce cinéaste très observateur a longé le Doubs à la rencontre de ses horlogers, agriculteurs, artisans, peintres, conteurs, promeneurs, cochers ou pilotes de bateaux...
De la source de la rivière près de Mouthe à son affluence dans la Saône, le réalisateur nous livre ainsi au fil de l’eau les témoignages captivants, et souvent très émouvants, de tous les amoureux du Doubs – Jurassiens, Neuchâtelois ou Français – donnant matière à un film documentaire intimiste et généreux, dont les splendides paysages secrètent une poésie mystérieuse.
Adeline Stern
Tableau noir
Samedi 30 novembre, le film sera précédé de la projection de «Les Petites fugues» puis d’une conférence d’Eric Walther sur le thème de l’enseignement et d’un buffet. «Tableau Noir» sera suivi d’une discussion avec le réalisateur.
Sur plus d’une année, Yves Yersin a filmé au gré des saisons «une école à la montagne» hélas menacée de fermeture. Avec un regard d’une sensibilité et d’une acuité sans pareil, le réalisateur des «Petites Fugues» montre au quotidien les élèves d’une classe à niveaux, entourés par un enseignant voué corps et âme à sa vocation, un enseignant comme on n’en fait peut-être plus…
Pendant plus de quarante ans, Gilbert Hirschi a dispensé son savoir en toute intelligence aux enfants de l’école intercommunale de «Derrière-Pertuis», alternant avec une sérénité souveraine le jeu libérateur et l’apprentissage exigeant. Avec une justesse et une grâce souvent miraculeuses, Yersin saisit toute la palette des émotions dont se parent ces petits êtres en demande et en devenir…
Une chronique merveilleusement patiente de la transmission, entre rires et larmes, où les enfants ont le dernier mot par le biais d’un générique de fin doux-amer, qu’il ne faut rater sous aucun prétexte!
Vincent Adatte
Les petites fugues
Samedi 30 novembre à 16h, le film sera suivi d’une conférence sur le thème de l’enseignement, d’un buffet, puis du film « Tableau noir » en présence de Yves Yersin.
Depuis de longues années, dans le Gros-de-Vaud, Pipe (Michel Robin) s’active à la ferme des Duperrey. Touchant sa première rente AVS, il s’offre un vélomoteur qu’il apprend à conduire tant bien que mal. Une fois maîtrisé, son nouveau «bolide» lui semble bien plus attractif que ses travaux de paysannerie. De petites fugues en petites fugues, Pipe part alors à la découverte des grands espaces qui l’entourent.
Premier long-métrage de fiction du réalisateur du futur «Tableau noir», cette ode sublime à la liberté a assis la réputation internationale de son auteur. Hors de nos frontières, le cinéma suisse romand se résumait jusque-là à Alain Tanner, Claude Goretta ou Michel Soutter…
Avec cette fable douce-amère remontant à 1975, Yersin n’a pas cherché à dépeindre, à l’instar du «Heimatfilm», le pittoresque d’une réalité sociale typiquement suisse, mais à exprimer avec une poésie et un humour merveilleux le «mythe de nos rêves d’évasion».
Vincent Adatte
Thor : Le Monde des Ténèbres (3D)
A l’origine, Thor est un personnage de bandes dessinées créé en 1962 par les bédéistes américains Stan Lee et Jack Kirby pour le compte des mythiques éditions Marvel. En 2011, le réalisateur anglais Kevin Branagh a porté à l’écran les tribulations de ce super héros d’essence divine, relégué par son père Odin sur notre bonne vieille Terre, histoire d’apprendre l’humilité.
Après cet excellent premier épisode, le cinéaste américain Alan Taylor, à qui l’on doit le «pilote» de la série «Mad Men» (2007) a pris avec fougue le relais… L’on retrouve donc le justicier blond au marteau de pierre qui lutte à nouveau d’arrache-pied pour sauver la Terre et les Neuf Mondes d’un sombre et mystérieux ennemi dépourvu de toute pitié!
Après avoir récupéré la belle Jane, Thor sera contraint de faire alliance avec l’impassible et tortueux Loki, afin de restaurer l’ordre dans le cosmos… Leurs empoignades homériques le disputent à des effets spéciaux particulièrement bluffants!
Adeline Stern
Attila Marcel
Bédéiste génial passé avec succès au cinéma d’animation, le réalisateur de «L’Illusionniste» s’essaye à la fiction long-métrage en prises de vue réelles avec ce très attachant «Attila Marcel». Certes, Sylvain Chomet s’était déjà confronté à la chose, mais sur le mode court, réalisant en 2006 le segment «Tour Eiffel» du film à sketches «Paris, je t’aime».
Dans la trentaine, Paul (Guillaume Gouix) vit à Paris avec ses deux vieilles tantes (Hélène Vincent et la regrettée Bernadette Laffont) dans un appartement entièrement dédié au piano. Traumatisé par le décès de ses parents, alors qu’il n’avait alors que deux ans, ce jeune homme timide vit depuis lors une existence mutique, se vouant à rendre service à ses deux tantes.
Mais son existence va basculer, le jour où il rencontre Madame Proust (Anne Le Ny) qui va lui raviver la mémoire de façon assez particulière… Quand l’univers poétique et décalé de l’auteur de «Triplettes de Belleville» envahit la vraie vie, un régal!
Adeline Stern
Left Foot Right Foot
Jeudi 21 novembre, le film sera suivi d’une discussion avec Germinal Roaux puis suivi du verre de l’amitié.
Jeune réalisateur et photographe né à Lausanne, Germinal Roaux a publié nombre de reportages-photos sur les laissés-pour-compte. Sur son blog, il tient depuis 2007 un véritable journal intime et visuel de la jeunesse, toujours en noir et blanc.
Après un documentaire sur l’intégration des handicapés en 2004, Roaux a été primé à Locarno pour son premier court-métrage, «Icebergs» (2007). Sensible aux thèmes de l’adolescence, le cinéaste nous livre aujourd’hui un premier long-métrage de fiction où il se sert de son sens affuté du noir et blanc…
Malgré leur situation précaire, Marie et Vincent forment un couple qui dure. Hôtesse dans une boîte de nuit, attirée par l’argent «facile», Marie glisse vers la prostitution, tandis que Vincent s’efforce de veiller sur Mika, son frère autiste… Avec des acteurs troublants de justesse, le cinéaste nous conte la fin des illusions sur un mode à la fois âpre et poétique, très peu usité sous nos latitudes. A découvrir!
Vincent Adatte
Metallica Through Never (3D)
Pour qui ne le saurait pas encore, pionnier du «trash metal», Metallica est un groupe de hard rock qui est en activité depuis plus de trente ans… Entre documentaire et fiction, le film qui leur rend hommage mêle des extraits de l’un de leurs concerts devenus mythiques (avec leurs fameux cercueils volants) à une histoire pour le moins apocalyptique!
Grand admirateur de Metallica, Trip a réalisé le rêve de sa vie en devenant l’un de leur «roadie». Alors que le concert commence, le jeune homme est chargé de ramener un sac en cuir mystérieux qu’il doit remettre en personne au groupe!
Pour accomplir cette mission énigmatique, Trip doit traverser en camionnette une ville en feu et à sang où des casseurs s’opposent violemment à des policiers anti-émeute qui frappent sur leurs boucliers à l’unisson du batteur du groupe. En possession du sac, il est alors la cible d’un étrange chevalier masqué qui, manifestement, convoite son bien…
Vincent Adatte
L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet (3D)
S’emparant du roman de formation de Reif Larsen, le cinéaste français Jean-Pierre Jeunet est allé tourner au Canada l’histoire d’un enfant surdoué qui vit dans un ranch isolé au cœur du Montana, flanqué d’une mère entomologiste toute à ses insectes, d’un père à la dégaine de cow-boy solitaire et d’une grande sœur rêvant de devenir Miss America…
Laissé à lui-même, T. S. Spivet crée des inventions géniales sur le thème du mouvement perpétuel qui l’obsède. L’une d’entre elles reçoit le prestigieux Prix Baird décerné par le Musée Smithsonian de Washington. Se faisant passer pour un adulte, le gamin quitte alors en catimini la maison familiale et s’efforce de rallier la capitale étasunienne…
Pour mettre en scène ce voyage aventureux, doublé d’un travail de deuil émouvant, Jean-Pierre Jeunet renoue avec la verve fantaisiste qui faisait tout le charme et la poésie du «Fabuleux destin d’Amélie Poulain» (2001), avec la 3D en sus!
Vincent Adatte
Turbo (3D)
Turbo est un drôle d’hurluberlu baveux qui ne rêve que de vitesse: se traîner à six mètres à l’heure, ce n’est pas du tout son truc! En vérité, notre héros est un escargot comme les autres, autrement dit très lent, jusqu’au jour où il est victime d’une étrange mutation qui rend subitement sa coquille supersonique!
Le voilà maintenant capable de se déplacer aussi vite qu’une voiture de formule 1. Avec l’aide d’une équipe d’escargots de choc, Turbo se met alors en tête de courir contre Guy La Gagne, le plus grand champion de course automobile, qui le prend d’abord de haut…
Destinée à toute la famille, la nouvelle production des studios Dreamworks fait la part belle aux sans-grades. Regorgeant de trouvailles visuelles, cette fable vrombissante s’adonne aussi à un éloge bienvenu de la solidarité, sans oublier d’égratigner le grand cirque médiatique, le gastéropode faisant l’objet d’un «buzz» planétaire, avant même qu’il n’ait disputé une seule course!
Vincent Adatte