World Trade Center
Le cinéaste alterne ces scènes d’attente avec d’autres montrant l’agitation vaine de leurs proches qui s’affolent dans la banlieue du New Jersey. Tout se dénoue au moment où Stone fait entrer en action un ancien «marine» qui remet son uniforme en catimini pour aller patrouiller du côté de Ground Zero. Cet homme providentiel réussit à entrer en contact avec McLoughlin et Jimeno. Grâce à ses informations, des secouristes vont sauver les deux «Lazare» en risquant leur propre vie…
Libéral de gauche, Stone s’est fait une réputation en fouillant quelques plaies historiques mal refermées de l’Histoire récente des Etats-Unis (JFK, Platoon, Né un 4 juillet). Avec un tel profil, le voir se coltiner l’un des films commémoratifs du 11 septembre laisse augurer quelque chose d’intrigant, tout au moins…
Avec Nicolas CAGE, Michael PENA, Mario BELLO * Age légal 12 ans / suggéré dès 14 ans
La tourneuse de pages
Dix ans plus tard, Mélanie fait un stage à Paris, dans l’étude de Monsieur Fouchécourt (Pascal Greggory) qui n’est autre que le mari de la femme qui a certainement bouleversé le cours de sa vie. Très vite remarquée pour son dévouement, Mélanie est engagée pour veiller sur le fils de son employeur. C’est ainsi que Mélanie recroise le chemin de Madame Fouchécourt (Catherine Frot) qui ne la reconnaît pas. La jeune femme s’ingénie alors à devenir sa tourneuse de pages…
Très remarquée à Cannes cette année, cette œuvre remarquablement interprétée est emplie d’une rage froide qui fait penser au meilleur Chabrol. Avec une science très sûre de ses effets, le réalisateur Denis Dercourt mène cette confrontation mystérieuse avec un calme qui ne laisse pas d’inquiéter… Implacable!
Avec Déborah FRANCOIS, Catherine FROT, Pascal GREGGORY * Age légal 12 ans / suggéré dès 14 ans
Water
Appartenant à la très petite minorité des «réalistes», la réalisatrice Deepa Mehta a dû trouver à l’étranger le financement nécessaire pour mener à bien sa trilogie des «éléments» dont Water constitue le troisième volet. L’action en est située en 1938, dans une Inde qui lutte pour arracher son indépendance aux Anglais.
En cette même année, une fillette mariée de force se retrouve déjà veuve. Comme le veut la tradition, la petite Chuyia est abandonnée par son père dans un ashram. Elle y rencontre Kalyani, une très belle jeune femme, veuve elle aussi, comme l’indique le sari blanc qu’elle est contrainte de porter… Bouleversant, Water dénonce une ségrégation silencieuse qui a encore cours aujourd’hui en Inde. Comme «une larme sur la joue du temps», pour citer le grand écrivain indien Tagore!
Avec Lisa RAY, Seema BISWAS, John ABRAHAM * Age légal 10 ans / suggéré dès 16 ans * VO sous-titrée
Les Lumières du Faubourg
A l'instar des personnages de vagabonds qu'affectionnait Chaplin, Koistinen arpente le pavé à la recherche d'une petite place au soleil, mais l'indifférence générale et la mécanique sans visage de la société se liguent pour briser ses modestes espoirs les uns après les autres. Un groupe de bandits exploite sa soif d'amour et son poste de veilleur de nuit avec l'aide de la femme la plus calculatrice de l'Histoire du cinéma…
Heureusement pour lui, l’auteur du film a la réputation d’être un vieil homme au coeur tendre, on peut donc espérer qu’une étincelle d’espoir illuminera la scène finale.
Après Au loin s’en vont les nuages (1996) et L’homme sans passé (2002) Les lumières du faubourg est le dernier volet de la «trilogie des perdants» du cinéaste finlandais Aki Kaurismäki, auquel le Festival de Locarno vient de rendre hommage avec une rétrospective de son œuvre à nulle autre pareille… Un nouveau chef-d’œuvre de concision désespéré dont le burlesque triste va droit au cœur!
L’homme de sa Vie
Cinq ans après Se souvenir des belles choses, la cinéaste et actrice Zabou Breitman nous offre un nouveau film d’une sensibilité bouleversante.
A priori, Frédéric (Bernard Campan) et sa femme Frédérique (Léa Drucker) forment un couple heureux. Comme chaque année, ils vont passer les vacances dans leur grande maison perdue dans la Drôme. Famille et amis ne tardent pas à les rejoindre. Un soir, ils invitent à dîner Hugo (Charles Berling), leur nouveau voisin, qui affiche avec amusement son homosexualité. Restés seuls à discuter de l’amour jusqu'à l'aube, Hugo et Frédéric vont nouer une relation qui va jeter le trouble dans leur cœur et leur entourage...
Ce film romantique mais réaliste, où les personnages sont en quête de leur identité, suscite une profonde réflexion. Il nous interpelle sur notre propre rapport à l’amour, aux sentiments. A la fois drôle et sérieux (comme la vie), L’Homme de sa vie nous incite à ne plus «glisser la poussière sous le tapis, en se disant que ça ira mieux demain»…
Das Leben der Anderen
Grâce à des jeunes cinéastes bourrés de talent, le cinéma allemand est en pleine renaissance. Florian Henckel von Donnersmarck nous en administre la preuve avec Das Leben der Anderen, un thriller politique d’une mécanique implacable et d’une rare intelligence.
Nous sommes en 1984, à Berlin-Est. La police politique (la Stasi) surveille tout individu susceptible de déviance. Le capitaine Gerd Wiesler espère faire avancer sa carrière, lorsqu’il est chargé de surveiller un célèbre dramaturge et sa compagne, une actrice très en vue. L’«espion» découvre alors un monde et des vertus jusque-là insoupçonnées. Ébranlé dans ses certitudes, il va s’impliquer beaucoup plus qu’il ne le devrait dans cette affaire…
Ovationné cet été à Locarno par les spectateurs de la Piazza Grande, Das Leben der Anderen s’est vu attribué le Prix du Public. Gageons que celui du Royal n’y trouvera rien à redire!
Azur et Asmar
avec les voix de Cyril Mourali, Karim M’Riba, Patrick Timsit, etc...
Le créateur de Kirikou signe un nouveau dessin animé d’une beauté indicible, un chef-d’œuvre d’humanité et d’intelligence qui enchantera les petits comme les grands… Il y a bien longtemps, deux enfants étaient bercés par la même femme. L’un s’appelait Azur, blond aux yeux bleus et fils du châtelain. L’autre, Asmar, brun aux yeux noirs, fils de la nourrice. Elevés comme deux frères, les voilà un jour brutalement séparés…
Après les contes africains, Ocelot s’est décidé à restituer les beautés de la culture arabo-andalouse, l’une des plus tolérantes qui n’ait jamais existé. Pétrie d’humanisme, sa fable possède des accents très contemporains dans sa confrontation entre deux cultures. Alternant le français et l’arabe dans le dialogue, sans que cela ne nuise jamais à la compréhension du film, Ocelot démontre de façon merveilleuse que la langue ne saurait constituer un obstacle pour qui veut vraiment apprendre à connaître l’autre.
Le Diable s’habille en Prada
Le diable s’habille en Prada est tiré du roman à succès de l’Américaine Lauren Weisberger qui dit s’être inspiré de sa propre expérience. Weisberger a en effet elle-même travaillé comme assistante personnelle de la rédactrice en chef du mythique «Vogue». Fidèle au livre dont il restitue toute la dimension satirique, David Frankel nous en propose une adaptation très enlevée et habillée par Chanel qui, pour l’occasion, a prêté à la production sa collection 2006!
Jeune et brillante diplômée en littérature anglaise, Andy Sachs (Anne Hataway) décroche un emploi dont elle n’avait pas vraiment le profil. Elle est bombardée assistante de Miranda Priestly (jouée par une Meryl Streep magnifiquement infernale), rédactrice en chef redoutable et redoutée de Runway, le plus «hype» des magazines «fashion» new-yorkais! La pauvre Andy va très vite découvrir que l’univers si distingué de la mode est en fait un véritable enfer sur terre…
DAS FRAULEIN
Premier long-métrage de fiction de la réalisatrice Andrea Staka, Das Fräulein (La demoiselle) vient de remporter le Léopard d’Or du 59e Festival de Locarno. Coproduit avec l’Allemagne, ce film suisse, plein de pudeur et d’émotion contenue, tisse les destins de trois femmes immigrées de l’ex-Yougoslavie qui se rencontrent à Zurich. Né à Lucerne en 1973, de mère bosniaque et de père croate, Staka a mis beaucoup d’elle dans ce récit à trois voix qui dit sobrement les aléas de l’intégration.
Ruza (Mirjana Karanovic), la cinquantaine, gère d’une main de fer la cantine dont elle est propriétaire. Originaire d’ex-Yougoslavie, arrivée en Suisse il y a plus de trente ans, elle vit une existence réglée comme du papier à musique, travaillant très dur. Alors que Ruza ne regarde jamais vers le passé et ne cultive aucun sentiment de nostalgie, Mila (Ljubica Jovic), son employée sexagénaire, ne partage pas cette attitude. Venue elle aussi quelques dizaines d’années plus tôt avec son mari, elle ne rêve que de bâtir une maison en Croatie, son pays d’origine, pour retourner y vivre. Le quotidien sans histoire de Ruza et de Mila va être bouleversé par l’arrivée d’Ana (Marija Skaricic), une belle jeune fille de 22 ans, arrivée de Sarajevo, fuyant la guerre et ses blessures…
Ce film, projeté au Royal en grande avant-première, sera suivi d’une discussion ayant pour thème l’intégration. Un sujet d’actualité en regard des votations du 24 septembre prochain.
BROTHERS
Lars Von Trier, Anders Thomas Jensen (dont on verra tout prochainement au Royal le très savoureux Adam’s Apple), Thomas Vinterberg… C’est indéniable, le cinéma danois vit actuellement une période très faste! Avec déjà neuf longs-métrages à son actif, la cinéaste Susanne Bier participe pleinement à ce renouveau. La réalisatrice de Open Hearts (2002) nous propose avec Brothers (Brødre) un nouveau film remarquable de justesse.
Alors que l’irréprochable Michael (Ulrich Thomsen) part en mission en Afghanistan pour le compte de l’ONU, son frère cadet Jannik (Nicolaj Lie Kas), un voyou irresponsable, sort de prison… Peu après, les Talibans abattent l’hélicoptère de Michael qui est porté disparu. Au Danemark, Jannik prend ses responsabilités de manière inattendue, prodiguant aide et réconfort aux filles et à la (belle) femme de son frère aîné. Très troublée, Sarah (Connie Nielsen) ne sait comment réagir à ce soutien sans faille. Un beau jour, elle apprend que son mari a survécu au crash et qu’il va être libéré sous peu de sa geôle afghane…
Servie par des acteurs éblouissants, cette étude psychologique co-écrite avec Anders Thomas Jensen évite avec un grand art l’écueil mélodramatique. Jusqu’à ses dernières extrémités, la cinéaste décrit cette rivalité fraternelle avec une acuité toute féminine.