LA CONSULTATION
[b]En collaboration avec le Centre de soins et de santé communautaire du Balcon du Jura vaudois.[/b]
Diplômée en sexologie et en santé publique, Hélène de Crécy écrit et tourne des documentaires en parallèle à son travail hospitalier. Avec La consultation, elle a réussi une manière de petit miracle. Très proche de la démarche toute d’humilité d’un Nicolas Philibert (Etre et avoir), la réalisatrice a posé sa caméra dans le cabinet exigu d’un médecin généraliste de la région lyonnaise, filmant au plus près les clients qui s’y succèdent.
Les patients défilent, exposant à leur bon docteur les maux qui les accablent. Certains nous bouleversent, d’autres nous amusent ou nous indignent. Quoi qu’il en soit, le généraliste reste toujours à leur écoute. La cinéaste filme ces mises à nu répétées avec une belle pudeur, mais elle n’en oublie pas pour autant de dévoiler le rapport de force qui apparaît comme un des fondements de toute consultation. Parfois le praticien gagne la partie et réussit à imposer son point de vue, mais ce n’est de loin pas toujours le cas!
Entre les visites, le Dr. Perino nous fait part de ses observations, donnant un éclairage passionnant sur le diagnostique qui vient d’être délivré. La consultation pose alors une question générale plutôt troublante : Est-ce seulement le patient ou la société toute entière qui est malade? Cette question ne manquera pas de nourrir le débat qui suivra la projection.
Adeline Stern
LE PRIX A PAYER
Avec une franchise assez décoiffante, la cinéaste française Alexandra Leclère poursuit la description grinçante de nos mœurs contemporaines qu’elle avait initiée en 2004 avec Les sœurs fâchées. Son second long-métrage est de la même eau, tonique et vachard!
Lassé de voir son épouse Odile (Nathalie Baye) lui refuser sans cesse le «devoir conjugal», Jean-Pierre Ménard (Christian Clavier) la soumet à une nouvelle réglementation: pas de cul, pas de fric! Passant à l’acte, l’homme d’affaires lui coupe net les vivres, en subtilisant sa carte de crédit. Richard (Gérard Lanvin), son chauffeur, est tenté de faire de même avec sa compagne Caroline (Géraldine Pailhas) qui le bat froid, mais ne participe pas au loyer! Au cours d’un repas homérique, femmes et hommes vont s’affronter sans merci… Elles se révèlent froides et vénales. Ils sont cyniques et mesquins!
De nos jours, la place de l’argent dans le couple est un thème plutôt tabou et encore très peu traité par le cinéma. Alexandra Leclère tente le coup avec cette comédie parfois très teigneuse. Le casting est de haut vol avec une mention particulière pour Christian Clavier qui se révèle époustouflant de justesse dans le rôle d’un bourgeois très limité!
Vincent Adatte
LES VACANCES DE MR. BEAN
Parfois comparé à Louis de Funès, le comique britannique Rowan Atkinson ranime enfin le personnage loufoque qui lui avait permis d’accéder à la notoriété dans les années nonante. Dans la lignée de Benny Hill, cet ancien ingénieur en électricité s’est d’abord fait un nom via la télévision qui diffuse en série les gags de Mr. Bean. En 1997, Atkinson remporte un immense succès avec les premières aventures cinématographiques de son alter ego gaffeur.
Avisé, son créateur le laisse alors volontairement de côté, préférant endosser la défroque du parodique Johnny English, plutôt que d’épuiser trop vite le potentiel comique de sa créature fétiche… Atkinson aura donc attendu dix ans avant de renouer avec Mr. Bean qu’il embarque à bord de l’Eurostar avec pour destination La Côte d’Azur où notre héros maladroit songe à passer tranquillement ses vacances.
Bien sûr, il n’en sera rien! A peine dans le train, l’Anglais déclenche une série de catastrophes hilarantes qui iront en crescendo. Cinéphile, Atkinson rend hommage à plusieurs reprises à Jacques Tati dont il reprend l’un des gags les plus célèbres: juché sur son vélo, Mr. Bean dépasse sans effort tout un peloton de coureurs cyclistes professionnels ahanants!
Adeline Stern
DARATT
Primé au dernier Festival de Venise, le troisième long-métrage du seul cinéaste tchadien en exercice démontre combien l’idée de réconciliation peine à faire son chemin dans un pays dévasté par trente ans de guerre civile. Avec un art de la présence extraordinaire, Mahamat-Saleh Haroun raconte la valse-hésitation d’un jeune garçon qui doit venger son père. Alors que la radio annonce l’amnistie pour tous les criminels de guerre dans un souci de réconciliation, son grand-père aveugle lui confie un revolver et une mission à laquelle il ne peut se dérober.
Engagé comme apprenti par l’assassin de son paternel, un ex-soldat devenu boulanger, Atim apprend patiemment à faire le pain, le doigt sur la détente de son revolver. Pour des raisons qu’il ne s’explique pas, il diffère pourtant sans cesse le geste fatal. L’orphelin sent monter la colère en lui, mais il repousse à chaque fois le moment de vérité, pressentant que cette colère, comme la pâte qu’il pétrit jour après jour, pourrait peut-être se transformer en autre chose.
Conjuguant éthique et forme cinématographique de façon captivante, le cinéaste confère aux thèmes pourtant rebattus du pardon et de la transmission une ampleur inédite… Un grand «Film du Sud» à découvrir!
Vincent Adatte
AFTER THE WEDDING
L’entrée à ce film est offerte aux Amis du Royal sur présentation de leur carte de membre!
Jacob Petersen (Mads Mikkelsen) s’est voué corps et âme à l’ouverture d’un orphelinat en Inde. Manquant de fonds, notre travailleur humanitaire doit se résigner à voir l’œuvre de sa vie disparaître. Mais Jacob reprend courage le jour où un donateur manifeste son intention de le soutenir et lui propose de rentrer au Danemark pour effectuer la transaction financière. Arrogant, le richissime Jorgen (Rolf Lassgard) prend à peine le temps de le recevoir, se bornant à l’inviter au mariage de sa fille qui a lieu le lendemain.
A contrecœur, Jacob se rend à la noce et a alors la surprise de reconnaître en la maîtresse des lieux l’une de ses anciennes compagnes (Sidse Babett Knudsen), qui est devenu entre-temps l’épouse du tout-puissant Jorgen. Au cours du banquet ponctué d’abondantes libations, les révélations vont trop bon train et laissent pressentir une machination dont nous ne révélerons pas la teneur par respect du spectateur…
Coécrit avec le réalisateur de Adam’s Apples, le dixième long-métrage de la cinéaste danoise Susanne Bier atteint à une rare intensité! Succédant à la rivalité fraternelle de Brothers (2004), la charité étrangement ordonnée de After The Wedding procède en effet du même effet de déplacement, le «véritable» sujet n’étant jamais là où on l’attend…
Adeline Stern
SPIDER-MAN 3
De toutes les sagas consacrées aux surhommes «made in USA», celle de l’homme araignée est sans conteste la plus intéressante. Aussi super soit-il, son héros constitue en effet une métaphore très humaine du passage à l’âge adulte. Après voir joui de l’ivresse de ses pouvoirs de façon très juvénile dans les deux premiers volets, Spider-man va changer du tout au tout au cours du troisième…
En accord avec les responsabilités que lui incombe sa double vie, Peter Parker (Tobey McGuire) passe de temps en temps sa tenue d’apparat pour mettre au pas une personne mal intentionnée. Dans le même temps, il roucoule avec Mary Jane (Kirsten Dunt) qu’il songe sérieusement à épouser.
Mais un corps parasite tombé du ciel contrarie ce destin tout tracé. Sous son influence, Spider-man s’assombrit à vue d’œil, à l’image de sa tenue qui vire au noir. Alors qu’il supportait très mal son don, le voilà qui en tire une jouissance étrange, exploitant ses facultés surhumaines pour s’adonner à des exploits destructeurs. Animé par un mystérieux ressentiment, le super héros va singulièrement écorner son image… Tout en remplissant les exigences du «blockbuster», le cinéaste Sam Raimi est parvenu à sauvegarder la subtilité psychologique qui, déjà, faisait tout le prix des deux premiers épisodes.
Vincent Adatte
Sept ans au Tibet
Adeline Stern
Avec Brad PITT, David THEWLIS, B. D. WONG * Age légal ans / suggéré dès ans
Vitus
Le second mouvement a des accents moins idylliques. A douze ans, Vitus paye cher ses aptitudes, victime d’adultes très bien intentionnés qui projettent sur sa géniale personne tous les désirs qu’ils n’ont pas su eux-mêmes réaliser. Bref, il n’est déjà plus lui-même. Seule la compagnie de son grand-père (Bruno Ganz) lui fait renouer avec son enfance et son vrai rêve de gosse: voler!
Dans le troisième mouvement, Vitus tente de trouver le moyen de s’échapper de sa cage dorée, pour redevenir un enfant comme les autres… On n’en dira pas plus, sinon que cette fable contemporaine emplie de lucidité touche au cœur! Pour Fredi M. Murer, s’il y a un message à son film, «c’est qu’un enfant doit s’appartenir à lui-même et non à ses parents». Le réalisateur de L’âme sœur dit encore avoir voulu faire «une œuvre subversive et poétique sur le désir d’un enfant de vivre sa propre vie»… C’est réussi!
Adeline Stern
Avec Teo GHEORHIU, Julika JENKINS, Bruno GANZ * Age légal 7 ans / suggéré dès 10 ans * Prix du cinéma Suisse 2007 : MEILLEUR FILM DE FICTION
Ensemble c’est tout
Adeline Stern
Avec Audrey TAUTOU, Guillaume CANET, Laurent STOCKER * Age légal 12 ans / suggéré dès 14 ans
300
Les preux défenseurs hellènes périrent jusqu’au dernier… Avis aux personnes sensibles et aux férus d’Antiquité, ce film de guerre entièrement composé d’effets numériques est particulièrement violent et prend de grandes libertés par rapport à l’Histoire. A prendre au trente-sixième degré!
Vincent Adatte
Avec Gerard BUTLER, Lena HEADEY, Rodrigo SANTORO * Age légal 16 ans / suggéré dès 16 ans