A quinze ans, la jolie blonde Alma s’ennuie à mourir dans son bled paumé entre deux fjords norvégiens. Elle passe son temps à se masturber, en proie à une véritable addiction sexuelle, allant jusqu’à dépenser une fortune en «téléphone rose». Pourtant, son plus grand rêve est de partager tendresse amoureuse avec Arthur qui joue de la guitare dans la chorale de l’école.

Un jour, cette rencontre a lieu mais de façon très différente de celle dont elle rêvait. La jeune fille fait alors l’erreur de se confier à ses copines fêtardes et devient ainsi le principal sujet des ragots du collège, entraînant sa mise au ban de la communauté. Tenant tête à sa mère, qui la considère comme une anormale, Alma endure cet ostracisme stupide qui décuple son désir d’émancipation, sa liberté d’esprit.

S’attachant aux pas parfois quasi burlesques de cette ado incomprise, la jeune réalisatrice Jannicke Systad Jacobsen nous offre une comédie rafraîchissante et féministe sur les premiers émois, marquée par un humour vif et une sensualité toute juvénile. Un énorme succès en Norvège !

Adeline Stern

Ovationné à Cannes, le cinquième long-métrage de Noémie Lvovsky a pour personnage principal Camille (jouée par elle-même), une actrice alcoolique et mal dans sa peau, qui vient de se faire larguer par l’homme de sa vie. Fêtant le Nouvel An chez des amis, Camille est la proie d’un étrange phénomène tandis que sonnent les douze coups de minuit.

Après s’être évanouie, la voilà qui se réveille à l’hôpital avec une gueule de bois carabinée, entourée de ses parents qui la réprimandent, des parents qui, normalement, ne devraient plus être de ce monde! Rentrée à la maison, Camille comprend qu’elle est remontée dans le temps. Alors qu’elle a conservé son corps et son vécu d’adulte, papa, maman et ses copines la traitent en effet comme si elle avait seize ans…

Sous des dehors irrésistibles de comédie, «Camille redouble» est un conte existentiel qui sonde avec une tendre acuité notre rapport au destin et à l’acceptation de soi, entre loufoquerie merveilleuse et gravité la plus déchirante.

Adeline Stern

Le vingt-quatrième film de fiction de l’imprévisible Steven Soderbergh constitue un nouvel échantillon d’une étrange collection où il donne le beau rôle à des acteurs qui viennent d’un horizon plus trivial que le «prestigieux» cinéma.

Après une ex-vedette du porno avec «The Girlfriend Expérience» (2009) et une adepte du sport du combat dans «Piégée» (2012), Soderbergh s’entiche du jeune et beau Channing Tatum, un comédien certes, mais qui a commencé par faire du strip-tease. S’inspirant du vécu de Tatum, le réalisateur de «Ocean’s Eleven» nous entraîne à Tampa, en Floride…

Couvreur de son métier, Mike Martingano y mène une double vie, ainsi que va le découvrir son nouvel aide Adam. Le soir venu, l’ouvrier du bâtiment devient en effet Magic Mike, un strip-teaseur dont l’effeuillage fait se pâmer un parterre de femmes hystériques… Très loin de sublimer ce milieu de paillettes, Soderbergh lui confère une dimension désenchantée qui rend son film très attachant.

Vincent Adatte

Après le sublime pneu destructeur de «Rubber» (2011) qui explosait tous les codes cinématographiques, le cinéaste et musicien français Quentin Dupieux est de retour avec «Wrong», une nouvelle fantaisie paranormale à la folie contagieuse, oscillant constamment entre la comédie déjantée et le film noir!

Dolph Springer (Jack Poltnick) a perdu son chien. Au bord des larmes, ce parfait représentant de la classe moyenne étasunienne se pose mille questions sur l’origine de ce drame épouvantable. Anéanti, il s’entête à retrouver son toutou dont la seule absence menace gravement l’équilibre psychique de son maître.

Cadrages insolites, événements insensés, panneaux d’affichage absurdes… Après une scène d’ouverture d’un délire absolu, «Wrong» nous offre une sublime contamination du réel par l’étrange, à l’exemple du réveil indiquant 7h60 ou de l’agence de voyage qui se fait subitement inonder par une pluie battante!

Vincent Adatte

Premier long-métrage d’un jeune réalisateur autrichien d’origine kurde, «Une seconde femme» («Kuma») est une fiction en huis clos très documentée qui traite d’une manière surprenante de la complexité des liens familiaux.

Fatma vit à Vienne avec son mari, Mustafa, et leurs six enfants, en s’efforçant de préserver les traditions et le prestige social de leur famille d’immigrés turcs. Dans un village en Turquie, elle a choisi une jeune fille de dix-neuf ans, prénommée Ayse, pour officiellement épouser leur fils et rejoindre leur famille. De fait, la réalité est tout autre: Ayse est promise comme seconde épouse au mari de Fatma…

Les deux femmes développent alors entre elles une relation de confiance et de complicité très éloignée des clichés que nous proposent de nombreux films sur les problématiques du mariage forcé et de la polygamie. Portrait de femmes subtil et troublant, «Kuma» nous entraîne à réviser quelques certitudes bien occidentales…

Adeline Stern

Coréalisé par Sam Fell, un transfuge des Studios Aardman, et Chris Butler, l’auteur du scénarimage de «Coraline» (2009), ce film d’animation frissonnant, mais franchement parodique, est un bel hommage au genre horrifique, que n’aurait pas désavoué un Tim Burton.

Norman passe pour un «geek» aux yeux de ses copains, autrement dit un gamin un peu bizarre qui voit des fantômes partout et parle aux morts. Bref, dans la petite ville de Blithe Hollow, le pauvre môme fait l’objet de toutes les moqueries, jusqu’au jour où son oncle, un vieil original, lui révèle qu’une terrible malédiction est sur le point de s’accomplir!

Tirant enfin parti de ses facultés paranormales, le petit marginal va dès lors s’employer à tenter d’annihiler cette menace qui va prendre la forme d’une armada de zombies… Alliant la 3D à une technique d’animation à l’ancienne (façon «Wallace & Gromit»), cette fable sur les méfaits de l’intolérance ravira préados et ados, sans oublier leurs parents complices.

Vincent Adatte

L’étonnante saga adaptée des livres de l’écrivain américain Robert Ludlum connaît un nouveau rebondissement. En se rebiffant de la manière que l’on sait contre son destin de tueur programmé, Jason Bourne a laissé derrière lui un héritage plutôt explosif!

Responsable du projet «Outcome», le sinistre colonel Byer (Edward Norton) a en effet décidé de liquider les six agents issus de son programme, que les révélations de Bourne ont gravement compromis.  Aaron Cross (Jeremy Renner) est justement l’un d’entre eux. Objet d’une chasse à l’homme sans merci, il va avoir fort à faire pour sauver sa peau.

Faisant alliance avec Marta Shearing (Rachel Weisz), une biochimiste œuvrant sur «Outcome», qui est aussi menacée de mort, Cross va mettre à jour une conspiration aussi monstrueuse que ténébreuse, dont les ramifications plongent au cœur de l’Etat… Un thriller spectaculaire, qui ne laisse aucun répit au spectateur!

Adeline Stern

Le dimanche 16 septembre à 20h30, le film sera projeté en présence du réalisateur et suivi du verre de l’amitié.

Un jour, le metteur en scène de théâtre et cinéaste documentaire vaudois Gianni Notaro apprend que Jean-Pierre Althaus a décidé de retourner sur les planches, quitte à abandonner son poste de directeur du Théâtre de l’Octogone à Pully, qu’il a fondé trois décennies auparavant.

Voulant rendre hommage à cette personnalité hors du commun, véritable âme d’un théâtre à nul autre pareil, le réalisateur a alors collecté pendant deux ans les témoignages des comédiens et comédiennes qui ont été amenées à fouler la scène de l’Octogone durant son «règne».

En résulte un puzzle cinématographique fascinant, dont les pièces sont constituées par les confidences de «monstres sacrés» comme Jean-Louis Trintignant, Claude Rich, Richard Berry, Jacques Weber, Guy Bedos ou encore Francis Huster. Chacun évoque avec émotion sa rencontre avec Jean-Pierre Althaus, profitant de l’occasion pour exprimer toute sa passion pour le théâtre…

Vincent Adatte

Cinéaste apprécié de la critique dans les années septante pour ses descriptions de la jeune génération d’alors («Pleure pas la bouche pleine», «Les zozos», «Le chaud lapin»), Pascal Thomas connaît depuis quelque temps une nouvelle jeunesse en adaptant de manière toujours très savoureuse des romans policiers d’Agatha Christie.

Après «Mon petit doigt m’a dit» (2005) et «Le Crime est notre affaire» (2008), il nous livre un nouveau polar à l’ancienne avec une troisième enquête de Bélisaire et Prudence Beresford (André Dussolier et Catherine Frot), un couple excentrique et jouisseur, qui joue aux détectives pour mettre du piment dans son existence.

Cette fois, Bélisaire et Prudence ont affaire à une bande d’experts en chirurgie esthétique prêts à tout pour mettre la main sur un élixir de jeunesse éternelle susceptible de satisfaire la clientèle ridée de leur clinique. Visiblement, le cinéaste s’amuse beaucoup des déductions de ses protagonistes, et nous avec!

Vincent Adatte

Voilà plus de vingt ans, le cinéaste hollandais Paul Verhoeven exilé à Hollywood adaptait de façon passionnante la nouvelle de l’écrivain de science-fiction paranoïaque Philipp K. Dick, «Souvenirs à vendre», publiée en 1966, avec dans les rôles principaux Arnold Schwarzenegger et Sharon Stone.

Spécialiste du film d’action, Len Wiseman en propose aujourd’hui un «remake» très attendu, même s’il prend, à son tour, bien des libertés avec l’original… Dans un futur assez proche. Douglas Quaid (Colin Farrell), marié à la douce Lori (Kate Beckinsale) est ouvrier dans une usine où l’on fabrique des «synthés», une sorte de robots policiers. Mais des cauchemars récurrents, où il tente d’échapper à ces flics automatisés en compagnie d’une mystérieuse inconnue, menacent son équilibre psychique!

Déprimé, Quaid décide de se refaire une santé en s’offrant une séance chez Rekall, une société qui implante dans les cerveaux de ses clients des souvenirs aussi agréables que factices. Commence alors un étrange processus mental où Quaid n’arrive plus à distinguer le vrai du faux…

Adeline Stern