Alors qu’il semblait avoir tout réussi sa vie, Antoine (Lambert Wilson) est victime d’un bel infarctus à cinquante ans, alors qu’il a mené une vie très saine de cavaleur non-fumeur… Condamné au repos complet et à une intense médication, il ne renonce toutefois pas à inviter ses meilleurs amis dans sa magnifique maison sise dans le Sud, ainsi qu’il le fait chaque été.

D’humeur maussade, Antoine va avoir un peu de peine à supporter les vannes habituelles de son cercle de copains, une sacrée galerie de Français arrivés mais très moyens, du brave Jean-Michel qui concocte une sangria exceptionnelle à base de Château Petrus, au très psychorigide Yves, roi autoproclamé du barbecue!

De vous à moi, le réalisateur sarcastique de «Protéger et servir» (2010) et de «Bienvenue à bord» (2012) a bénéficié d’un casting de haut vol, mettant notamment sur son grill Franck Dubosc et Florence Foresti, absolument irrésistibles en couple divorcé!

Adeline Stern

D’origine iranienne, Hossein Amini s’est fait connaître en écrivant le scénario de «Drive» (2011) dont le cinéaste Winding Refn a tiré le thriller inéluctable que l’on sait. Aujourd’hui, il passe à la réalisation en transposant à l’écran un roman de Patricia Highsmith, dont l’univers vénéneux lui convient à merveille!

L’action fascinante d’ambiguïté des «Deux visages de Janvier» se déroule en 1962. Effectuant un grand tour d’Europe, un couple de riches touristes américains débarque à Athènes. Visitant l’Acropole, le charismatique Chester MacFarland (Viggo Mortensen) et sa juvénile épouse Colette (Kirsten Dunst) y font la connaissance de Rydal (Oscar Isaac), un jeune guide américain parlant grec et sachant arnaquer les visiteurs à l’occasion…

A la manière du grand Hitchcock, le cinéaste multiplie dès lors les faux-semblants pour faire «trianguler» ce trio énigmatique de façon vertigineuse, sous l’empire destructeur de la rivalité amoureuse… Envoûtant!

Adeline Stern

Dimanche 29 juin à 11h, le film sera suivi d’une discussion avec le réalisateur puis, pour ceux qui le désirent, d’un brunch.

Cinéaste suisse à la filmographie passionnante (dont notamment, «Le Grand soir», «Derborence» et «Seuls», Léopard d’or à Locarno), Francis Reusser a suivi les cinquante-cinq élèves du chœur du Collège Saint-Michel de Fribourg, qui sont partis donner une série de concerts en Palestine.

Sous la direction tout à la fois avisée et passionnée de leur chef Philippe Savoy, les jeunes gens sillonnent la soi-disant Terre Promise, en chantant des œuvres qui lient les mélodies montagnardes de l’Abbé Bovet aux vers révoltés du poète Mahmoud Darwich…

Avec une belle sensibilité, Reusser capte les réactions des choristes confrontés à une situation pétrie d’humiliations et d’attentes déçues. Pour le réalisateur, c’est aussi un retour aux sources: en 1970, il était déjà allé filmer sur le plateau du Golan et en Jordanie le peuple palestinien, dans le dessein de révéler une problématique dramatique encore ignorée à l’époque («Biladi, une révolution»).

Vincent Adatte

Quand il ne joue pas, Mathieu Amalric prend le temps de réaliser des films qui se révèlent toujours passionnants. Quatre ans après «Tournée», cet acteur-réalisateur remarquable s’attaque aujourd’hui à l’adaptation d’un roman noir «sentimental» de Georges Simenon, qui aurait aussi suscité l’envie des Chabrol, Pialat et autre Téchiné. Il en situe l’action de nos jours, dans le cadre d’une province immuable…

Marié à une femme effacée (Léa Drucker) qui lui a donné une adorable petite fille, Julien Gahyde (Mathieu Amalric), un brin tourmenté et opaque à lui-même, entretient une liaison secrète avec la pharmacienne Esther Despierre (Stéphanie Cléau) qui risque bien de lui être fatale…

Alternant des scènes d’interrogatoire menées par un juge d’instruction, qui dissimule autant que possible sa fascination, et des retours en arrière des plus charnels dans «La chambre bleue», ce faux polar ô combien troublant donne à voir l’abîme vertigineux d’une passion amoureuse littéralement indicible.

Vincent Adatte

Le réalisateur français Marc Fitoussi excelle dans le registre de la comédie aigre-douce et un tantinet grinçante, comme il nous l’a déjà démontré avec «La vie d’artiste» (2007), «Copacabana» (2010) et «Pauline détective» (2012) hélas dédaigné par nos distributeurs.

Avec «La Ritournelle», il persiste et signe! Eleveurs de bœufs charolais en Normandie, Brigitte (Isabelle Huppert) et Xavier (Jean-Pierre Darroussin) vivent dans une routine qui pèse de plus en plus sur leur couple. Souffrant d’un eczéma révélateur, Brigitte décide de soi-disant consulter un énième dermatologue à Paris…

En réalité, elle a rallié la capitale pour y retrouver un jeune dragueur qu’elle a rencontré lors d’une fête donnée dans la ferme voisine. Après des retrouvailles décevantes (mais très drôles), Brigitte se console dans les bras d’un dentiste danois, alors que son mari part à sa recherche… Campant une manière de Madame Bovary contemporaine, Huppert est juste renversante, tant elle semble taillée pour la comédie!

Adeline Stern

C’est normalement Christopher Nolan qui aurait dû réaliser ce film d’anticipation qui ébranle avec une efficacité redoutable notre confiance envers les nouveaux moyens de communication. Accaparé par d’autres projets, le réalisateur de «Inception» a toutefois préféré passer le relais à Wallis Pfister, son chef-opérateur attitré.

Dans un avenir proche, un groupe de scientifiques s’efforce de mettre au point le premier ordinateur doué d’une conscience et donc capable de réfléchir de manière autonome. Au fur et à mesure de leurs avancées, ils doivent parer aux attaques d’activistes anti-technologie qui considèrent ce projet comme une menace pour l’espèce humaine!

Responsable des travaux, l’inquiétant Will Caster (Johnny Depp) est retrouvé assassiné. Sa femme (Rebecca Hall) décide alors de «transcender» son cerveau dans l’ordinateur intelligent dont il œuvrait à la conception. Désormais en mesure de contrôler tous les réseaux liés à Internet, le «défunt» Will acquiert un pouvoir qui ne laisse pas d’inquiéter…

Adeline Stern

Démonstratrice dans une grande surface, Claudia, vingt-deux ans, fait goûter des saucisses et vend de la cire à épiler, menant par ailleurs une existence morne et solitaire. A la suite d’une crise d’appendicite, elle fait la connaissance à l’hôpital de Martha, une mère de famille qui l’invite chez elle. Mais, à mesure que Claudia noue des liens d’amitié, la santé de Martha se dégrade…

D’inspiration autobiographique, «Les Drôles de poissons-chats» résulte d’une rencontre bouleversante que Claudia Sainte-Luce a elle-même faite dans sa jeunesse avec une femme condamnée par la maladie. De cette expérience marquante, la cinéaste a tiré une véritable ode à la vie, à la fois douce et tragique, tout en portant par la bande un regard incisif sur le Mexique d’aujourd’hui.

Un film touchant et d’une rare pudeur, porté par une troupe d’actrices mexicaines stupéfiantes de justesse et la photographie magistrale signée Agnès Godard.

Vincent Adatte

Adapté du roman de Hiroshi Sakurazaka, qui donna déjà matière à un fameux manga de Ryousuke Takeuchi, le trépidant «Edge of Tomorrow» situe son action jusqu’auboutiste dans un futur apocalyptique proche…

Extrêmement bien organisées, des hordes d’extraterrestres appelées les Mimics ont réduit notre pauvre planète en cendres, causant la mort de millions d’êtres humains. En vérité, aucune armée au monde n’est en mesure de rivaliser avec la rapidité, la violence et les capacités cognitives exceptionnelles des Mimics surarmés et dont les chefs sont dotés de super pouvoirs télépathiques…

Faisant alliance, les armées du monde libre sont sur le point de livrer une ultime bataille  plutôt désespérée contre ces envahisseurs réputés invincibles… Joué par le bondissant Tom Cruise et la séduisante Emily Blunt, un blockbuster de science fiction réalisé par Doug Liman, auteur de la déjà fort réussie trilogie «Jason Bourne»!

Adeline Stern

Avec le formidable «Trois enterrement», l’interprète de «Men In Black» avait déjà su parfaitement réussir son passage derrière la caméra (Prix du scénario et d’interprétation masculine du Festival de Cannes 2005).

Adapté d’un roman de Glendon Swart, «The Homesman» évoque sur un ton mélancolique un aspect parfaitement méconnu de la Conquête de l’Ouest…

Dans un village perdu du Nebraska, Mary Bee Cuddy (Hilary Swank), une jeune femme solitaire et malaimée, accepte de conduire trois épouses de pionniers rendues folles par des conditions de vie inhumaines jusqu’à une église refuge située dans l’Iowa.

En route, Mary sauve George Briggs (Tommy Lee Jones) de la potence. Elle persuade alors ce «vaurien» de l’escorter dans son périple qui s’annonce comme très risqué. Commence une chevauchée de plusieurs semaines à travers des terres fort peu hospitalières… Apre, mais terriblement humain, un western atypique et terriblement attachant!

Vincent Adatte