CASINO ROYALE
A la poursuite du «Chiffre» (Mads Mikkelsen), un banquier asthmatique, grand amateur de poker, qui finance le terrorisme, ce Bond d’un nouveau genre est aussi une manière de retour aux sources. On y apprendra notamment comment l’agent secret a gagné son matricule de double zéro qui l’autorise à tuer en toute circonstance…
Vincent Adatte
Avec Daniel CRAIG, Eva GREEN, Mads MIKKELSEN * Age légal 14 ans / suggéré dès 16 ans
THE QUEEN
La Reine Elizabeth II ne fait pas exception. Préférant l’humour et l’ironie à la grosse parodie, le cinéaste réussit à mettre en évidence de façon émouvante l’état de profonde solitude d’un être qui s’éloigne de plus en plus de la réalité… Prix d’interprétation au dernier Festival de Venise, l’actrice Helen Mirren accomplit une performance royale!
The Queen chronique méticuleusement la semaine qui va du dimanche 31 août au samedi 6 septembre 1997, de la mort de Lady Diana Spencer à Paris, à son enterrement dans la basilique de Westminster. A ceux et celles qui, lors des obsèques de la princesse de Galles, ont été exaspérés ou désorientés par le déchaînement d'images et de sentiments, le film de Frears offre une lecture pénétrante et inespérée de l'événement, tout en proposant une comédie de moeurs d'une virtuosité irrésistible.
Vincent Adatte
Avec Helen MIRREN, Michael SHEEN, James CROMWELL * Age légal 7 ans / suggéré dès 14 ans * VO sous-titrée
SAINT-RALPH
Avec la foi naïve de ses quatorze ans, le garçon s’engage alors à accomplir un exploit extraordinaire dans l’espoir de faire revenir sa mère à la vie.
Animé par la rage de vaincre, Ralph s’inscrit au marathon de Boston, pas moins! Dans la lignée de Billy Elliott, le joli film de Michael McGowan est un véritable mélodrame, doublé d’une belle réflexion sur des vertus comme la confiance et le courage. Réflexion à partager en famille de préférence!
Adeline Stern
Avec Adam Butcher, Campbell Scott, Gordon Pinsent * Age légal 10 ans / suggéré dès 12 ans
MON FRERE SE MARIE
La première fiction de l’auteur de Mais im Bundeshuus (Prix du cinéma Suisse 2004, meilleur documentaire) est une comédie douce-amère sur l’art difficile de sauver les apparences… Adopté vingt ans plus tôt par une famille suisse, Vinh (Quoc Dung Nguyen) est à la veille de se marier.
Restée au Vietnam, sa mère biologique annonce son arrivée imminente. Elle veut assister au mariage et surtout faire la connaissance des êtres généreux qui ont tant contribué au bonheur de son fils.
En réalité, la situation est loin d’être aussi idyllique. Les Depierraz incarnent en effet la famille éclatée par excellence! Claire (Aurore Clément) et Michel (Jean-Luc Bideau) vivent séparés depuis des années et n’ont plus aucun contact entre eux. Avec le temps, leurs enfants ont fini par s’en accommoder.
Non sans avoir hésité, les uns et les autres acceptent de donner le change pendant quelques jours, histoire de faire croire à la véritable mère de Vinh que son fils vit toujours dans un foyer modèle. A rejouer ainsi la fragile comédie du bonheur, chacun y trouvera matière à apaisement, en dépit de quelques ratés. Même s’il a lui-même un frère adoptif «boat people» et des parents divorcés, Bron dit avoir inventé une histoire «imaginaire» pleine d’empathie!
Vincent Adatte
LE PARFUM
Produit par Bernd Eichinger (La chute), avec un soutien financier de la mécène du FC Bâle Gigi Oeri, Le parfum est une vraie gageure. Best-seller réputé inadaptable, le roman de Patrick Süskind (paru en 1985) a séduit près de quinze millions de lecteurs. Des géants du cinéma comme Stanley Kubrick, Tim Burton ou Martin Scorsese ont tenté en vain d’en acquérir les droits… C’est dire si cette entreprise était risquée!
Pour retracer le destin pour le moins singulier de Jean-Baptiste Grenouille (Ben Whishaw), le cinéaste allemand Tom Tykwer a recours à un long flash-back qui nous entraîne dans le Paris bourbeux de 1744. A peine né, Grenouille est abandonné par sa mère. Apprenti tanneur, l’enfant grandit dans la puanteur des bas-fonds parisiens, mais découvre qu’il est doté d’un sens de l’odorat prodigieux, qui le promet à un brillant avenir.
Après avoir fait son apprentissage chez le vieux parfumeur Baldini (Dustin Hoffman), ce fin nez se rend à Grasse, capitale de la lavande, où il va perfectionner son art d’une manière pour le moins inquiétante… Le réalisateur de Cours, Lola, cours (1998) a relevé un sacré défi: nous faire humer par le seul pouvoir des images toutes les odeurs et fragrances débusquées par son étrange protagoniste!
Adeline Stern
LES REBELLES DE LA FORET
Entièrement conçu par ordinateur, Les rebelles de la Forêt constitue la deuxième incursion de la toute-puissante Sony dans le domaine désormais très fréquenté de l’animation numérique… Apprivoisé depuis sa plus tendre enfance, le brave ours Boog n’a jamais goûté aux joies de la vie sauvage. Sa rencontre fortuite avec Elliot, un cerf grincheux et bavard, va bouleverser sa tranquille existence.
Accusé d’avoir semé la pagaille dans la petite ville dont il est la mascotte, le gentil grizzly est relâché illico presto dans la forêt. S’adapter du jour au lendemain à un nouveau milieu lui pose bien des problèmes. Par chance, quelques bestioles à plume et à poil vont l’aider à retrouver sa véritable nature. Mais l’ouverture de la chasse complique la donne, car le bon Boog manque encore singulièrement d’instinct et constitue une proie facile pour les fanatiques de la gâchette.
L’union faisant la force, tous les animaux de la forêt vont faire cause commune pour essayer de bouter hors du bois les chasseurs indésirables… Menée tambour battant, cette fable très animalière se distingue par ses dialogues crépitants et son propos ouvertement écologique.
Vincent Adatte
INDIGENES
Avant tout chose, Indigènes est un film qui entend réparer une injustice. En 1943, près de 130'000 tirailleurs maghrébins et africains se sont portés volontaires pour libérer la mère patrie du joug nazi. Les autorités militaires coloniales les appelèrent les «indigènes» pour bien faire la différence avec les soldats français. Envoyés en première ligne, ils payèrent de leur vie leur patriotisme, mais leur courage ne fut pas reconnu.
Si l’on consulte le site Internet du Ministère français de la Défense qui liste les noms des «indigènes» tombés au champ d’honneur, on retrouve des noms familiers comme Debbouze, Bouajila, Zem ou Naceri! Il n’est donc pas étonnant que les Jamel, Sami, Roschdy et Samy aient tout fait pour que le film existe!
En suivant l’ordre chronologique, le cinéaste français d’origine algérienne Rachid Bouchareb raconte l’épopée anonyme de quatre de ces sacrifiés dont l’Etat français gèle les pensions d’anciens combattants depuis 1959! Miracle, le jour même de la sortie du film, Jacques Chirac faisait annoncer par son Premier ministre la remise à niveau des rentes des «ex-colonisés». La rumeur veut que le Président de la République ait été très ému par la vision d’Indigènes…
Adeline Stern
THANK YOU FOR SMOKING
Adapté du best-seller de l’Américain Christopher Buckley (paru en 1996), cette comédie effrontée et jubilatoire est à consommer sans aucune modération. Porte-parole volubile de la multinationale Big Tobacco, le sémillant et séduisant Nick Naylor (Aaron Eckhart) est ce que l’on appelle un lobbyiste de choc. Pour son employeur, il est capable d’asséner yeux dans les yeux la plus criante des contrevérités.
Ainsi, à l’entendre, fumer n’est pas vraiment un danger, contrairement à ce que se tue à écrire le Ministère de la santé, noyauté il est vrai par des sociétés d’assurances liberticides. Devant les caméras de la télévision, Nick peut sans sourciller retourner en sa faveur un pauvre gosse en pleine chimiothérapie! Ou acheter à prix d’or le silence du «Marlboro Man» à l’agonie, qui crache ses poumons plus vite que son ombre…
A force de défendre l’indéfendable, notre homme s’est forgé une carapace de cynisme apparemment inexpugnable. Divorcé, Nick a cependant son talon d’Achille, son jeune fils que sa mère hésite à lui confier, tant elle a honte du «sale» métier pratiqué par son ex-mari. Confronté à son fiston, Nick perd soudain sa belle contenance à l’idée que l’enfant puisse mal le juger…
Vincent Adatte
QUAND J ETAIS CHANTEUR
Chanteur de variétés très local, Alain Moreau (Gérard Depardieu) a comme manager son ex-femme. Un soir de gala, il fait la connaissance de Marion (Cécile de France), une jeune femme qui est venue soigner en province ses peines de cœur. Agent immobilier, Marion fait visiter des maisons à longueur de journée. Dans le but de la revoir, Alain feint de vouloir déménager… Sur ce canevas, dont l’insignifiance pourrait faire frémir, le cinéaste Xavier Giannoli va broder une très singulière entreprise cinématographique.
A la manière d’un François Truffaut, le réalisateur des Corps impatients (2003) va s’ingénier à faire échec à la banalité de son scénario. Par petites touches, il réussit à faire sortir chaque scène de son cours prévisible. Ce n’est pas spectaculaire, plutôt subtil, car Giannoli s’entête à repartir à chaque fois à zéro, mais cette volonté de sans cesse «décaler» finit par devenir fascinante.
Que Gérard Depardieu se prête à ce jeu risqué ajoute encore à l’intérêt du spectateur. Grand acteur à la carrière chaotique, capable du pire comme du meilleur, Depardieu donne à son interprétation un enjeu considérable, comme s’il voulait prouver dans tous les plans du film sa capacité à se renouveler…
Adeline Stern
LA PETITE DAME DU CAPITOLE
En présence de la réalisatrice et de Lucienne Schnegg
Lucienne Schnegg est une petite femme débordante d'énergie. A quatre-vingts ans, elle est toujours aux commandes du cinéma «Capitole». Engagée comme secrétaire dès 1949, elle en est devenue l'héritière et l'âme. Tout à la fois caissière, femme de ménage et directrice, Lucienne nous raconte son cinéma, le plus ancien de Lausanne.
Et nous voilà embarqués dans une autre époque! A travers la magnificence de sa salle et mille anecdotes, la petite dame nous fait respirer encore un peu du parfum magique des grandes stars, Audrey Hepburn, Roger Moore ou la Reine d'Espagne! Las, aujourd'hui, le Capitole n'est plus rentable. Les distributeurs lui préfèrent les multiplexes pour la sortie des grands films…
Adeline Stern