Sils Maria
C’est en découvrant le «serpent de Maloja», un phénomène nuageux fascinant, qu’Olivier Assayas a eu l’idée du film «Sils Maria». Sollicitée pour jouer dans «Maloja Snake», une pièce de théâtre où elle triompha vingt ans plus tôt, Maria Enders (Juliette Binoche) doit faire le deuil du personnage qu’elle interprétait à dix-huit ans, pour se familiariser avec celui d’Helena, une femme d’âge mûr…
Dans l’un des plus beaux paysages de Suisse, Olivier Assayas explore les frontières, souvent poreuses, entre imaginaire et réalité, tout en observant les blessures incicatrisables du temps. Avec, à la clef, une réflexion passionnante autour de l’acteur et de ses mutations, née de la confrontation de trois comédiennes emblématiques de l’évolution du métier.
De Maria à Jo-Ann (Chloë Grace Moretz), symbole du star-système actuel, en passant par Valentine (Kristen Stewart), l’assistante personnelle de la comédienne vieillissante, le réalisateur de «Carlos» confronte le cinéma d’auteur à sa dérive 2.0.
Vincent Adatte
Les Gardiens de la Galaxie (3D)
Enorme succès aux Etats-Unis, «Les Gardiens de la galaxie» est un «space opera» aussi drolatique que décalé, décalque merveilleux d’autodérision des films de super héros dont on nous abreuve depuis trop longtemps!
En 1988, dans un hôpital, un petit garçon nommé Peter Quill essaie de faire abstraction de l’agonie de sa mère en poussant à fond le volume de son baladeur. Pour tenter d’échapper à l’insupportable, il s’enfuit dans le parc voisin où il est alors littéralement aspiré par un vaisseau spatial non identifié.
Vingt-six ans plus tard, sur la planète Morag, Quill, alias Star-Lord, déniche un mystérieux orbe qu’il essaye de revendre au plus offrant. C’est alors qu’il se fait agresser par une drôle de bande, formée d’une sorte d’un titan rouge, d’un raton-laveur, d’une extraterrestre verte mais aucunement bio et d’un «Ent», curieux arbre anthropomorphe atteint de psittacisme… Un délire absolu et tarantinesque à savourer sans modération!
Vincent Adatte
Milky Way
Dimanche 31 août à 20h30, le film sera suivi d’une discussion avec les réalisateurs et une partie de l’équipe du film.
Premier long-métrage étonnant des jeunes cinéastes suisses Cyril Bron et Joseph Incardona, «Milky Way» situe son action à La Chaux-de-Fonds, ville très cinégénique. Trois handicapés des émotions y partagent un appartement, conjuguant leurs solitudes.
Empêché de voir sa petite fille qu’il adore, Fredo (Antonio Buil) rumine une séparation douloureuse. Ouvrier de précision dans une entreprise horlogère, Paul (Mathieu Ziegler) endure tant bien que mal un morne quotidien. Restée farouche en dépit de ses fêlures, Nadia (Stéphanie Schneider) arrondit ses fins de mois en se prostituant à la sauvette.
Rêvant de repartir à zéro, ce trio de perdants magnifiques finit par se mouiller dans une histoire de pari absurde où il s’agit de miser sur des escargots de course et qui fleure bon l’arnaque ! A ce surplace existentiel se substituera un road movie salutaire, qui révélera chacun à lui-même… Une découverte!
Vincent Adatte
Echo
Contraints de déménager à cause d’une autoroute censée passer dans leur quartier, trois ados qui «étaient amis pour la vie» vont devoir se séparer. Quelques jours avant leur départ, ils découvrent une série d’étranges messages cryptés sur leur smartphone… Une manière de «remake» en miniature de «E.T. l’Extraterrestre», mais qui se métamorphose peu à peu en un film d’apprentissage à la fois drôle et émouvant, dont les multiples péripéties devraient séduire toute la famille!
Adeline Stern
Party Girl
Angélique, la soixantaine assumée, est une reine de la nuit. Entraîneuse dans un cabaret de Moselle, elle passe des nuits blanches en compagnie de ses amies strip-teaseuses, jusqu’au jour où Michel, son client régulier, lui propose de l’épouser…
Réalisé par un formidable trio de jeunes cinéastes, «Party Girl» est interprété par la véritable Angélique et tourné avec sa propre famille et son fils, Samuel Theis, l’un des trois auteurs. En parfait équilibre entre fiction et documentaire, le film fait d’eux des personnages attachants, sans jamais les trahir ni les traiter avec complaisance.
Evoluant dans le milieu de la prostitution et la réalité sociale des familles pauvres à la frontière franco-allemande, Angélique devra choisir entre la normalité d’une femme au foyer et la liberté du papillon de nuit… Lauréat de la Caméra d’or à Cannes cette année, qui récompense le meilleur long-métrage toutes sections confondues, «Party Girl» constitue une vraie révélation!
Vincent Adatte
La Planète des singes : L’affrontement (3D)
Après une première préquelle déjà très réussie du film mythique réalisé en 1968 par Franklin J. Schaffner, le cinéaste Matt Reeves poursuit le récit des événements tragiques qui ont conduit à la domination des grands singes sur Terre.
Dix ans après une pandémie qui a ravagé l’espèce humaine, César et les siens tombent sur une colonie de rescapés. Que faire ? Pactiser ou éradiquer ce reste d’humanité ? Jadis élevé par un humain bienveillant, César milite plutôt pour une approche pacifique. Il se heurte alors à Koba qui a subi les pires sévices dans un laboratoire de recherches et voue une haine inextinguible à ses anciens bourreaux.
Remarquablement écrit, au bénéfice d’une 3D au rendu impressionnant, «L’Affrontement», quoique très spectaculaire, ne sombre pas dans la violence gratuite. Au contraire, sans grimacer, il pose des questions profondes sur la gestion d’un conflit, décrivant parfaitement l’engrenage complexe à l’origine de toute guerre.
Adeline Stern
L’intrepido
Cet été, des soirées thématiques sont proposées tous les dimanches. Le 24 août : Soirée Cinéma à l’italienne. Ce film sera précédé d’un repas puis de «Palerme».
Très applaudi au Festival de Venise, le dixième long-métrage du cinéaste italien Gianni Amelio restitue sur un mode quasi surréaliste l’état de déréliction qui frappe l’Italie en faillite morale et économique, anémiée par les désastreuses décennies «Berlusconi».
L’intrépide, c’est Antonio Pane (interprété par l’extraordinaire Antonio Albanese) qui, comme son nom le suggère, est «bon comme le pain». Dans la vie, il exerce le métier de remplaçant. Pour une très courte période, il remplace contre une modeste rémunération les salariés qui peuvent ainsi brièvement s’absenter de leur poste de travail, sans risquer le licenciement, du conducteur de tram, au maçon, en passant par l’aide-soignant ou le poseur d’affiches.
Pour ses proches, Pane s’efforce aussi de faire le bien, sublimant ainsi sa vie de perdant perpétuel. Sans crier gare, la comédie va toutefois prendre des accents grinçants, voire dramatiques, jusqu’au point où le brave Antonio devient le remplaçant de son propre fils…
Forfait pour la soirée (deux films et repas) 30.- réservation au repas très vivement conseillée!
Vincent Adatte
Palerme
Cet été, des soirées thématiques sont proposées tous les dimanches. Le 24 août : Soirée Cinéma à l’italienne. Ce film sera suivi d’un repas puis de «L’intrepido».
Figure incontournable du théâtre italien contemporain, Emma Dante réalise avec «Via Castellana Bandiera» (sorti en France sous le titre «Palerme») un premier long-métrage passionnant, qui pousse jusqu’à ses dernières extrémités une situation absurde.
Dans une rue étroite de Palerme, deux voitures se retrouvent nez à nez. Leurs conductrices respectives refusent de reculer. La première est une «mama» du quartier, devenue aphasique après la mort de sa fille, et flanquée d’une famille hystérique trop nombreuse. La seconde est une trentenaire en bisbille avec sa petite amie, plus jeune, qui l’accompagne.
Bien évidemment, ni l’une ni l’autre ne veulent céder le passage. Leur «duel» prend alors des proportions tragicomiques. Les voisins commencent à faire des paris, alors que la nuit tombe… Empruntant autant à la faconde plébéienne de Pasolini qu’à la plus pure comédie à l’italienne façon Ettore Scola, Dino Risi et consort, la réalisatrice a réussi un véritable coup de maître!
Forfait pour la soirée (deux films et repas) 30.- réservation au repas très vivement conseillée!
Vincent Adatte
Lucy
Thriller d’anticipation opérant la synthèse ébouriffante de «Nikita» (1990) et du «Cinquième élément» (1997), le quinzième long-métrage de Luc Besson fait ingérer à Lucy (Scarlett Johansson) une substance mystérieuse qui va décupler ses facultés intellectuelles et en faire une mutante. A ce que l’on raconte, le commun des mortels se sert de dix pour cent des capacités de son cerveau, Lucy va faire augmenter ce pourcentage de manière très spectaculaire et… inquiétante!
Adeline Stern
Jimmy’s Hall
L’Anglais Ken Loach est un sujet frondeur de sa Majesté. Formé à la télévision, Loach a fait ses débuts à la fin des années 60, alors que s’éteint le feu libertaire. L’arrivée de Miss Thatcher au pouvoir dès 1979 l’a rangé définitivement dans le camp des réalistes de gauche.
Fidèle à ses idéaux, le réalisateur de «Kes» (1969) a enregistré film après film la faillite consentie d’un système dont les victimes n’ont même plus droit à la compassion. Animé d’un souci permanent du réel, Loach délaisse parfois le temps présent pour œuvrer dans la reconstitution historique, histoire de comprendre «ce qui n’a pas marché»…
En 1932, près de dix ans après la fin de la guerre civile, Jimmy Gralton revient dans son Irlande natale. Aspirant désormais à une vie paisible dans la ferme familiale, l’activiste républicain se laisse pourtant convaincre par les jeunes du village de rouvrir le «Pearse-Connolly Hall», un dancing de campagne qui fut autrefois un véritable espace de culture, de liberté et de contestation…
Adeline Stern