Après avoir inconsidérément ranimé une ancienne querelle, Thor (Chris Hemsworth) est réprimandé par son père Odin (Anthony Hopkins) et doit quitter le royaume d’Asgard pour aller apprendre l’humilité sur notre bonne vieille Terre.

Désormais contraint de vivre parmi les hommes, le guerrier d’essence divine doit alors se coltiner des militaires très prosaïques qui se chamaillent avec la confrérie scientifique emmenée par la charmante Jane Foster (Natalie Portman). Mais le jour où les forces du mal, tapies à Asgard, viennent guerroyer sur notre sol, Thor va retrouver sa fougue toute scandinave pour vaincre ses ennemis …

S’emparant de l’un des super héros fétiches des mythiques éditions Marvel, l’acteur et réalisateur britannique Kenneth Branagh s’essaye pour la première fois à la superproduction. Friand de Shakespeare, il lui accorde tout le bruit et la fureur nécessaires, tout en faisant preuve d’un humour parodique bienvenu!

Adeline Stern

Oscar du meilleur film étranger, le onzième long-métrage de la cinéaste danoise Susanne Bier vient compléter une œuvre déjà remarquable («Open Hearts», «Brother», «After The Wedding»…), qui épingle avec une saine cruauté l’ambiguïté de nos relations interhumaines.

Séparé de sa femme de laquelle il songe à divorcer, Anton (Mikael Persbrandt), médecin de son état, partage son existence entre un camp de réfugiés en Afrique et le Danemark où il vit avec son fils. Prénommé Elias (Markus Rygaard), ce dernier est brutalisé à l’école. Christian (William Jonk Nielsen), un garçon plus âgé, lui offre alors sa protection.

Les deux gosses se lient d’amitié, deviennent rapidement inséparables, jusqu’au jour où son protecteur l’entraîne dans une entreprise de vengeance singulière, mettant en jeu des vies humaines. Forcé de réagir, le père d’Elias hésite pourtant à écorner sa belle noblesse d’âme forgée par son expérience dans l’humanitaire…

Adeline Stern

Coscénariste des deux récents et savoureux «OSS 117» interprétés par Jean Dujardin, le malicieux Jean-François Halin a soumis au même traitement parodique le bon vieux film de cape et d’épée, un genre cinématographique aujourd’hui tombé en désuétude.

Fils aîné d’un cultivateur d’artichauts, Philibert (Jérémie Renier) est un jeune homme candide et idéaliste, désireux de préserver son pucelage, tant qu’il n’aura pas rencontré l’âme sœur que Dieu lui réserve. Juste avant de trépasser, le planteur d’astéracées révèle à l’ingénu qu’il n’est pas son vrai père. De fait, son véritable géniteur est un gentilhomme lâchement assassiné par un Bourguignon, reconnaissable à une tache de vin en forme de rose dans le cou…

Sans hésiter, le preux Philibert se met en selle et galope vers l’infâme Bourgogne pour se faire justice. Brettant à tout va, il donne matière à un pastiche drolatique qui pourfend tous les clichés du genre… En garde, admiratrices et admirateurs de Fanfan La Tulipe!

Vincent Adatte

Passant derrière la caméra, le brillant scénariste de «La vengeance dans la peau» et «Ocean’s Twelve») s’est décidé à porter à l’écran une nouvelle de l’écrivain d’anticipation Philip K. Dick, parue en 1954. Avec intelligence, il en a gardé l’argument de base, soit l’idée plutôt anxiogène que notre réalité est sans cesse réajustée par un organe de contrôle, mais sans que nous en prenions conscience…

Promis à un brillant avenir politique, le frais émoulu David Morris (Matt Damon) croit dur comme fer à son destin: il sera Président des Etats-Unis! Un beau matin, la rencontre avec une belle danseuse (Emily Blunt) va pourtant le faire dévier de la trajectoire prévue.

Tombé amoureux de la jeune femme, David découvre alors que quelqu’un décide pour lui du cours à donner à son existence. Surgissant de nulle part, des hommes portant chapeau et gabardine grises vont en effet utiliser la manière forte pour lui faire reprendre sa ligne… Un suspense existentiel très bien mené!

Vincent Adatte

Directeur d’une usine de papier, située «quelque part vers l’Oural», Miron perd sa femme. Avec l’aide d’un ami photographe, il décide d’offrir à son aimée des funérailles selon les anciens rites païens des Meria, un mystérieux peuple finno-ougrien, oublié ou presque…

C’est ainsi que commence «Silent Souls», film inclassable, magique, qui envoûte lentement mais sûrement son spectateur. Auteur en 2005 d’un «documenteur» magistral («First On The Moon») qui laissait parfaitement croire qu’un astronaute soviétique avait foulé le sol lunaire dès 1938, le cinéaste russe Alekseï Fedorchenko prête à ses «âmes silencieuses» le même pouvoir troublant.

Construit en flash-back, «Silent Souls» non seulement rend hommage à une culture oubliée, dont on ne sait si elle a vraiment existé, mais constitue aussi un poème élégiaque sur l’amour à la beauté mystérieuse… «Un conte érotique» pour adultes, ainsi que l’a défini lui-même son auteur!

Vincent Adatte

Jean-Louis Joubert (Fabrice Lucchini) mène une existence très réglée dans son appartement sis dans un immeuble des beaux quartiers parisiens. Agent de change fort pointilleux qui a repris l’agence de papa, le voilà obligé de renvoyer une domestique trop curieuse.

Après avoir fait l’expérience cuisante d’une vie sans domesticité, cet homme qui croit à sa supériorité de classe embauche au grand soulagement de sa femme (Sandrine Kiberlain) une nouvelle bonne à tout faire. Attiré par la forte personnalité de Maria (Natalia Verbeke), Joubert va dès lors prendre plus que de raison le chemin des escaliers qui mènent aux chambres hautes, là où vit sans confort une joyeuse communauté de bonnes espagnoles…

Servie par une distribution étincelante, emmené par Lucchini formidablement dépassé par les événements, cette comédie de mœurs ancrée dans les années soixante exhale un doux parfum d’utopie, à humer sans modération!

Adeline Stern

Colter Stevens se réveille en sursaut dans un train à destination de Chicago. Amnésique, il n’a aucun souvenir d’être monté dedans. Pire encore, les passagers du train se comportent avec lui avec familiarité alors qu’il ne les a jamais vus. Désorienté, il cherche à comprendre ce qui se passe mais une bombe explose tuant tout le monde à bord.

Colter se réveille alors dans un caisson étrange et découvre qu’il participe à un procédé expérimental permettant de se projeter dans le corps d’une personne et de revivre les 8 dernières minutes de sa vie. Sa mission : revivre sans cesse les quelques minutes précédant l’explosion afin d’identifier et d’arrêter les auteurs de l’attentat. A chaque échec, les chances de pouvoir revenir dans le passé s’amenuisent.

Alors qu’il essaie d’empêcher l’explosion, ses supérieurs lui apprennent qu’un deuxième attentat est en préparation en plein cœur de Chicago et qu’il ne s’agit plus de protéger les quelques passagers du train mais la ville toute entière. La course contre la montre commence…

Samedi 21 mai à 20h30, «Rencontre d’un Cinéaste» : Juan José Lozano. La projection sera suivie d’une discussion en présence du cinéaste.

Le second film documentaire réalisé par le tandem formé de Juan Jose Lozano et de Hollman Morris est une œuvre indispensable et courageuse, qui forme avec «Témoin indésirable» un précieux diptyque sur la situation qui prévaut aujourd’hui en Colombie.

Armée régulière, guérilleros des FARC et forces paramilitaires d’extrême-droite se sont livrés à une guerre sans merci pendant dix ans, causant la mort de milliers de civils innocents. Suite à l’adoption en 2005 d’une loi dite «Justice et Paix», les paramilitaires ont accepté de déposer les armes. Cette loi leur garantissait de légères peines de prison, pour peu qu’ils aient expié leurs crimes devant une commission judiciaire…

Au cours d’un tournage très risqué (menaces et manœuvres d’intimidation n’ont pas manqué), Lozano et Morris ont restitué ce repentir organisé, démontrant que celui-ci procédait plutôt d’une opération de marketing commanditée par un gouvernement et des classes dirigeantes soucieuses de préserver leur propre impunité!

Vincent Adatte

Samedi 21 mai dès 18h, «Rencontre d’un Cinéaste» : Juan José Lozano. La projection aura lieu en présence du cinéaste et sera suivie d’une discussion puis d’un repas.

Primé aux Visions du Réel de Nyon, «Témoin indésirable» s’attache aux pas démultipliés du journaliste de télévision Hollman Morris qui mène un combat solitaire, à des années-lumière des flashes qui ont crépité pour la libération très médiatisée de la malheureuse Ingrid Betancourt.

Pris en tenaille entre les guérilleros, les narcotrafiquants et les paramilitaires plus ou moins adoubés par l’Etat, les paysans colombiens payent un lourd tribut à la guerre civile qui ensanglante le pays depuis des décennies. Inlassable, Hollman Morris prend tous les risques pour extirper ces victimes innocentes de la fatalité du silence.

Hebdomadaire, diffusée de manière très aléatoire, souvent tard la nuit, son émission, intitulée à juste titre «Contravia» («A contre-courant»), dénonce tous les maux qui gangrènent la Colombie: populations déplacées, violences sur les journalistes, clientélisme douteux, corruption politique, etc… Une vocation admirable, mais lourde de conséquence!

Vincent Adatte

En plein hiver, dans une baraque perdue au fond des bois des monts Ozark, au sud du Missouri, Ree (extraordinaire Jennifer Lawrence) doit veiller sur son petit frère et sa petite sœur, suppléant à une mère atteinte de troubles psychologiques graves.

Déjà problématique, sa situation devient encore plus aléatoire le jour où un shérif  vient lui annoncer que son père a mis en gage la maison pour obtenir sa liberté sous caution, dans l’attente de son procès. Accusé de trafic de drogue, ce paternel peu fréquentable semble avoir pris la tangente, ce qui risque d’entraîner la confiscation d’un bien vital pour Ree!

Courageusement, l’adolescente va se mettre à sa recherche. Collé à ses basques, le spectateur découvrira avec elle un voisinage singulier où les liens du sang n’empêchent pas la tromperie et encore moins la violence… Nommé quatre fois aux Oscars, le second long-métrage de la cinéaste américaine Debra Granik est de l’ordre de la révélation sidérante. A voir absolument!

Vincent Adatte