Synopsis
Cinéaste hanté par le thème de la disparition, l’indispensable Hirokazu Kore-eda s’interroge dans la plupart de ses films sur «la capacité des individus de vivre en dépit de ce qu’ils ont perdu». Chaque année, au cœur de l’été, la famille Yokohama accomplit un rituel célébrant la mémoire du fils aîné, décédé quinze ans plus tôt, en tentant de sauver un enfant de la noyade.
Médecin, le père ne s’est jamais remis de la mort de celui qui devait reprendre le cabinet médical. Prétérité par cette absence qui pèse, le fils cadet se sent mal aimé et procède à des choix de vie peu appréciés par ses parents. De son côté, la fille, marié à un homme sans caractère, semble plus sensible à son confort qu’aux sentiments, rêvant de récupérer la maison familiale.
Dans la lignée des grands maîtres comme Naruse et Ozu, le réalisateur de «Maboroshi» (1995), «After Life» (1998) ou «Nobody Knows» (2004) orchestre ce cérémonial tissé de non-dits avec une tendresse et un humour paradoxaux. Comme son titre l’indique, la promenade (il y en a plusieurs dans le film) reste le moyen le plus adéquat de refermer la blessure, à l’exemple du fils qui ralentit l’allure pour s’accorder à la démarche hésitante du père… Un chef-d’œuvre discret mais imparable!
Vincent Adatte