Synopsis
AvecMartin Scorsese, le cinéaste américain Michael Mann est l’un des tout derniers grands auteurs hollywoodiens, de l’espèce de ces «contrebandiers» géniaux passant en douce dans leurs films apparemment conformes une critique acérée du système de production auquel ils font mine d’adhérer.
Après le formidable et crépusculaire «Miami Vice» (2006), où il se permettait de démystifier sa propre série télé, le réalisateur s’attaque au film de gangsters de la grande époque, prenant prétexte d’une biographie de John Toland Dillinger (1903-1934), qui fut sans doute le premier délinquant pris au piège de la médiatisation ourdie par l’Etat avec la complicité très active d’Hollywood.
Mann a concentré son scénario sur la dernière année de la brève existence de son protagoniste. Tournant dans le format numérique HD (haute définition), Mann feint le grand reportage, comme si vous y étiez. Mais ne vous laissez pas tromper, les dés sont pipés. Pris dans la nasse médiatique, l’«ennemi public n°1» ne s’appartient plus. Au fur et mesure du film, ce jeu de miroirs prend une dimension vertigineuse et très ironique, le gangster joué à la perfection par Johnny Depp s’identifiant peu à peu à son modèle hollywoodien, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Fascinant!
Vincent Adatte