Synopsis
Le cinéaste suisse d’origine espagnole Fernand Melgar a passé deux mois au Centre d’enregistrement et de procédure de Vallorbe. Sans commentaire ni interviews, le réalisateur capte des instants de l’existence des demandeurs d’asile dont le séjour ne dépasse pas soixante jours, le temps d’une procédure qui leur permettra peut-être d’obtenir un statut de réfugié. D’une grande profondeur, son documentaire a l’immense mérite de restituer cette problématique dans toute sa complexité, sans angélisme, ni parti pris.
Léopard d’Or à Locarno, La forteresse fait apparaître à la deuxième vision tout le bien-fondé de la démarche d’un réalisateur qui, enfant, avait rallié la Suisse de façon clandestine, avec ses parents travailleurs saisonniers. Avec une caméra toujours à hauteur des hommes et des femmes qu’il filme, Melgar construit son document comme une fiction nuancée, n’opposant jamais les requérants et les «fonctionnaires» chargés de déterminer leur destin.
Certaines séquences, absolument authentiques, resteront longtemps gravées dans la mémoire, à l’exemple de la visite du Père Noël ou celle, cruelle, du fauteuil roulant qu’il faut bien reprendre, donnant matière à un final dont le symbole ne laissera personne indemne!
Vincent Adatte